ALLER A LA TABLE DES MATIERES DE FLAVIUS JOSEPHE
texte num�ris� et mis en page par Fran�ois-Dominique FOURNIER Contre Apion
Flavius Jos�phe
livre II Traduction de Ren� Harmand
LIVRE 2IPlan de la r�futation d'Apion. 1 Dans le cours du premier livre, tr�s honor� �paphrodite, j'ai fait voir la v�rit� sur l'antiquit� de notre race, m'appuyant sur les �crits des Ph�niciens, des Chald�ens et des �gyptiens, et citant comme t�moins de nombreux historiens grecs ; j'ai, en outre, soutenu la controverse contre Man�th�s, Ch�r�mon et quelques autres. 2 Je vais commencer maintenant � r�futer le reste des auteurs qui ont �crit contre nous. Pourtant je me suis pr�s � douter s'il valait la peine de combattre le grammairien Apion[1] ; 3 car dans ses �crits, tant�t il r�p�te les m�mes all�gations que ses pr�d�cesseurs, tant�t il ajoute de tr�s froides inventions ; le plus souvent ses propos sont purement bouffons et, � dire vrai, t�moignent d'une profonde ignorance, comme �manant d'un homme au caract�re bas et qui toute sa vie fut un bateleur. 4 Mais puisque la plupart des hommes sont assez insens�s pour se laisser prendre par de tels discours plut�t que par les �crits s�rieux, entendent les injures avec plaisir et les louanges avec impatience, j'ai cru n�cessaire de ne point laisser sans examen m�me cet auteur, qui a �crit contre nous un r�quisitoire formel comme dans un proc�s. 5 D'ailleurs, la plupart des hommes, je le vois, ont aussi l'habitude de se r�jouir fort quand celui qui a commenc� par calomnier autrui se voit lui-m�me convaincu de son ignominie. 6 Il n'est pas facile d'exposer son argumentation ni de savoir clairement ce qu'il veut dire. Mais on distingue � peu pr�s, dans le grand d�sordre et la confusion de ses mensonges, que les uns rentrent dans le m�me ordre d'id�es que les r�cits examin�s plus haut sur la fa�on dont nos anc�tres sortirent d'�gypte, que les autres constituent une accusation contre les Juifs r�sidant � Alexandrie ; 7 en troisi�me lieu, il m�le � ces assertions des calomnies contre les c�r�monies de notre temple et le reste de nos lois. IISes absurdit�s sur Mo�se et sur les maladies des Juifs qui s'enfuirent d'�gypte. 8. Que nos p�res n'�taient point de race �gyptienne, qu'ils ne furent chass�s d'�gypte ni en raison de maladies contagieuses, ni pour d'autres infirmit�s de ce genre, je crois en avoir donn� plus haut des preuves, non seulement suffisantes, mais encore surabondantes. Je vais mentionner bri�vement les all�gations ajout�es par Apion. 10 Il s'exprime ainsi dans le troisi�me livre de son Histoire d'�gypte: � Mo�se, comme je l'ai entendu dire aux vieillards parmi les �gyptiens, �tait d'H�liopolis[2] ; assujetti aux coutumes de sa patrie, il installa des lieux de pri�res en plein air, dans des enceintes telles qu'en avait la ville et les orienta tous vers l'est[3] ; car telle est aussi l'orientation d'H�liopolis. Au lieu d'ob�lisques, il dressa des colonnes sous lesquelles �tait sculpt�e une barque; l'ombre projet�e par une statue sur la barque y d�crivait un cercle correspondant � celui du soleil dans l'espace.[4] � 12 Telle est l'�tonnante assertion de ce grammairien. Ce mensonge n'a pas besoin de commentaire.; les faits le mettent en pleine �vidence. En effet, ni Mo�se lui-m�me, quand il �leva � Dieu le premier tabernacle, n'y a plac� aucune sculpture de ce genre ou n�a recommand� � ses successeurs de le faire ; ni Salomon, qui dans la suite construisit le temple de J�rusalem, ne s'est permis aucune oeuvre superflue comme celle qu'a imagin�e Apion. 13 D'autre part, il dit avoir appris � des vieillards � que Mo�se �tait H�liopolitain : c'est sans doute qu'�tant plus jeune lui-m�me, il a cru des hommes qui, en raison de leur age, avaient d� conna�tre Mo�se et vivre de son temps. 14 Du po�te Hom�re, lui grammairien, il ne peut nommer la patrie avec certitude, ni celle de Pythagore, qui a v�cu, peu s'en faut, hier et avant-hier[5]. Mais sur Mo�se, qui les pr�c�de de tant d'ann�es, il se montre si cr�dule aux r�cits des vieillards que son mensonge en devient manifeste. 15 Sur l'�poque o�, selon lui, Mo�se emmena les l�preux, les aveugles et les boiteux, l'accord est parfait, j'imagine, entre les �crivains ant�rieurs et cet exact grammairien. 16 En effet, selon Man�th�s, c'est sous le r�gne de Tethm�sis que les Juifs furent chass�s d��gypte, 393 ans avant la fuite de Danaos � Argos ; selon Lysimaque, c'est sous le roi Bocchoris, c'est-�-dire il y a 1.700 ans ; Molon et d'autres donnent la date � leur fantaisie. 17 Mais Apion, le plus s�r de tous, a fix� la sortie d��gypte exactement � la VIIe olympiade et � la premi�re ann�e de cette olympiade, ann�e, dit-il, o� les Ph�niciens fond�rent Carthage[6]. Il a ajout� de toutes pi�ces cette mention de Carthage dans la pens�e qu'elle �tait un t�moignage �clatant de sa v�racit�. Mais il n'a pas compris que par l� il s'attire un d�menti. 18 En effet, s'il faut, sur cette colonie, croire les annales ph�niciennes, il y est �crit que le roi Hir�m v�cut cent cinquante-cinq ans avant la fondation de Carthage[7] ; 19 j'en ai fourni les preuves plus haut d'apr�s les annales ph�niciennes, montrant que Hir�m �tait l'ami de Salomon qui �leva le temple de J�rusalem, et qu'il contribua pour une grande part � la construction de cet �difice[8]. Or, Salomon lui-m�me b�tit le temple six cent douze ans apr�s que les Juifs furent sortis d'�gypte[9]. 20 Apr�s avoir donn� � la l�g�re, pour le nombre des expuls�s, la m�me �valuation que Lysimaque[10] - il pr�tend qu'ils �taient cent dix mille - Apion indique une cause extraordinaire et bien vraisemblable qui explique, d'apr�s lui, le nom du sabbat. 21 � Ayant march�, dit-il, pendant six jours, ils eurent des tumeurs � l'aine et, pour cette raison, ils institu�rent de se reposer le septi�me jour, une fois arriv�s sains et saufs dans le pays nomm� aujourd'hui Jud�e, et ils appel�rent ce jour sabbat, conservant le terme �gyptien. Car le mal d'aine se dit en �gypte sabb�. � 22 Comment ne pas rire de cette niaiserie, ou, au contraire, comment ne pas s'indigner de l'impudence qui fait �crire de pareilles choses ? Apparemment tous ces cent dix mille hommes avaient des tumeurs � l'aine ? 23 Mais s'ils �taient aveugles, boiteux et atteints de toutes les maladies, comme le pr�tend Apion, ils n'auraient pas pu fournir m�me une marche d'un seul jour. Et s'ils ont �t� capables de traverser un vaste d�sert, et de vaincre, en combattant tous, les ennemis qui se dressaient devant eux, ils n'auraient pas �t� en masse atteints de tumeurs � l'aine apr�s le sixi�me jour. 24 Car cette maladie n'atteint point naturellement ceux qui marchent par force: des myriades d'hommes, dans les arm�es, font pendant de longs jours de suite les �tapes convenables ; et, d'autre part, comment croire que cette maladie leur soit venue toute seule ? ce serait l'hypoth�se la plus absurde de toutes. 25 L'�tonnant Apion, apr�s avoir commenc� par dite qu'ils mirent Six jours � parvenir en Jud�e[11], raconte ensuite que Mo�se gravit la monta8ne nomm�e Sina�, situ�e entre l'�gypte et l'Arabie, y resta cach� quarante jours et en descendit pour donner les lois aux Juifs. Cependant, comment se peut-il que les m�mes hommes restent quarante jours dans le d�sert sans eau, et aient travers� tout l'espace (entre les deux pays) en six jours ? 26 Quant au nom du Sabbat, le changement grammatical qu'il op�re d�note beaucoup d'impudence ou une profonde ignorance ; car sabb� et sabbaton sont tr�s diff�rents. 27 En effet, sabbaton, dans la langue des Juifs, d�signe la cessation de tout travail, et sabb� signifie chez les �gyptiens, comme il le dit, le mal d'aine. IIIIl voudrait faire croire que les Juifs sont de race �gyptienne. 28 Voil� sur Mo�se et les Juifs chass�s d'�gypte les nouveaut�s imagin�es par l'�gyptien Apion, en contradiction avec les autres auteurs. Faut-il d'ailleurs s'�tonner qu'il mente sur nos a�eux et dise qu'ils �taient �gyptiens de race ? 29 Car lui-m�me a fait sur son propre compte le mensonge inverse: n� dans l'oasis d'�gypte, et plus �gyptien qu'aucun autre[12], pourrait-on dire, il a reni� sa vraie patrie et sa race, et, quand il se donne faussement comme Alexandrin, il avoue l'ignominie de sa race. 30 Il est donc naturel qu'il appelle Egyptiens les gens qu'il d�teste et veut insulter. En effet, s'il n'avait pas eu le plus grand m�pris pour les �gyptiens, il ne se serait pas �vad� lui-m�me de cette race: les hommes fiers de leur patrie se flattent d'en �tre appel�s citoyens et attaquent ceux qui s'arrogent sans droit ce titre. 31 A notre �gard les �gyptiens ont l'un de ces deux sentiments : ou ils imaginent une parent� avec nous pour en tirer gloire, ou ils nous attirent � eux pour nous raire partager leur mauvaise r�putation. 32 Quant au noble Apion, il semble vouloir par ses calomnies contre nous payer aux Alexandrins le droit de cit� qu'il a re�u d'eux, et, connaissant leur haine pour les Juifs qui habitent Alexandrie avec eux, il s'est propos� d'injurier ceux-l�, et d'envelopper dans ses invectives tous les autres Juifs, mentant avec impudence sur les uns et les autres[13]. IVAccusations injustes contre les Juifs d'Alexandrie. 33 Voyons donc quelles sont les graves et terribles accusations qu'il a dirig�es contre les Juifs habitant Alexandrie. � Venus de Syrie, dit-il, ils s'�tablirent aupr�s d'une mer sans ports, dans le voisinage des �paves rejet�es par les flots �. 34 Or, Si le lieu m�rite une injure, elle retombe je ne dis pas sur la patrie, mais sur la pr�tendue patrie d'Apion, Alexandrie. Car le quartier maritime fait �galement partie de cette ville et, de l'aveu g�n�ral, c'est le plus beau pour une r�sidence. 35 Et je ne sais ce qu'aurait dit Apion si les Juifs avaient habit� pr�s de la n�cropole au lieu de s'�tablir pr�s du palais[14]. 36 Si les Juifs ont occup� ce quartier de force, sans jamais en avoir �t� chass�s dans la suite, c'est une preuve de leur vaillance. Mais, en r�alit�, ils le re�urent d'Alexandre comme r�sidence[15] ; chez les Mac�doniens, ils obtinrent la m�me consid�ration qu'eux-m�mes, et, jusqu'� nos jours, leur tribu[16] � port� le nom de Mac�doniens. 37 S'il a lu les lettres du roi Alexandre et de Ptol�m�e, fils de Lagos, si les ordonnances des rois d'�gypte suivants lui sont tomb�es sous les yeux, ainsi que la st�le qui s'�l�ve � Alexandrie, contenant les droits accord�s aux Juifs par C�sar le Grand, si, dis-je, connaissant ces documents il a os� �crire le contraire, il fut un malhonn�te homme ; s'il ne les connaissait pas, un ignorant[17]. 38 Et quand il s'�tonne qu'�tant Juifs ils aient �t� appel�s Alexandrins[18], il fait preuve de la m�me ignorance. En effet, tous les hommes appel�s dans une colonie, si diverses que soient leurs races, re�oivent leur nom du fondateur. 39 A quoi bon citer les autres peuples ? Les hommes de notre propre race qui habitent Antioche s'appellent Antiochiens ; car le droit de cit� leur fut donn� par son fondateur S�leucus[19]. De m�me les Juifs d'Eph�se et au reste de l'Ionie ont le m�me nom que les citoyens indig�nes, droit qu'ils ont re�u des successeurs d'Alexandre[20]. 40 Les Romains, dans leur g�n�rosit�, n'ont-ils pas partag� leur nom avec tous les hommes, ou peu s�en faut, non seulement avec des individus, mais avec de grands peuples tout entiers ? Par exemple les Ib�res d'autrefois, les Etrusques, les Sabins sont appel�s Romains[21]. 41 Mais si Apion supprime ce genre de droit de cit�, qu'il cesse de se dire Alexandrin. Car n�, ainsi que je l'ai d�j� dit, au plus profond de l'�gypte, comment serait-il Alexandrin si l'on supprimait le don du droit de cit�, comme lui-m�me le demande pour nous ? Pourtant les �gyptiens seuls se voient refuser par les Romains, ma�tres aujourd'hui de l'univers, le droit d'�tre re�us dans aucune cit�[22]. 42 Mais Apion a le coeur si noble que, voulant prendre sa part d'un bien dont il �tait �cart�, il a entrepris de calomnier ceux qui l'ont re�u � bon droit. Car ce n'est pas faute d'habitants pour peupler la ville fond�e par lui avec tant de z�le qu'Alexandre y a r�uni quelques-uns des n�tres ; mais, soumettant � une �preuve attentive la vertu et la fid�lit� de tous les peuples, il accorda aux n�tres ce privil�ge. 43 Car il estimait notre nation au point m�me que, suivant H�cat�e, en reconnaissance des bons sentiments et de la fid�lit� que lui t�moign�rent les Juifs, il ajouta � leurs possessions la province de Samarie exempte de tribut[23]. 44 Ptol�m�e, fils de Lagos, partageait les sentiments d'Alexandre � l'�gard des Juifs qui habitaient Alexandrie. En effet, il mit entre leurs mains les places fortes de l'Egypte dans la pens�e qu'ils les garderaient fid�lement et bravement[24] ; et comme il d�sirait affermir sa domination sur Cyr�ne et les autres villes de Libye, il envoya une partie des Juifs s'y �tablir[25]. 45 Son successeur, Ptol�m�e, surnomme Philadelphe, non seulement rendit tous les prisonniers de notre race qu'il pouvait avoir, mais il donna maintes fois aux Juifs des sommes d'argent, et, ce qui est le plus important, il d�sira conna�tre nos lois et lire nos livres sacr�s. 46 Il est constant qu'il fit demander aux Juifs de lui envoyer des hommes pour lui traduire la loi, et il ne confia pas aux premiers venus le soin de bien faire r�diger la traduction, mais c'est D�m�trios de Phal�re, Andr�as et Arist�e, l'un, le plus savant homme de son temps, 47 les autres, ses gardes du corps, qui furent charg�s par lui de surveiller l'ex�cution de ce travail; or il n'aurait pas d�sir� approfondir nos lois et la sagesse de nos anc�tres s'il avait m�pris� les hommes qui en usaient, au lieu de les admirer beaucoup[26]. VEstime des rois d'Egypte et des empereurs romains pour les Juifs d'Alexandrie. 48 Apion a aussi ignor� que successivement presque tous les rois de ses a�eux t�moign�rent � notre �gard les plus bienveillantes dispositions. En effet, Ptol�m�e III, surnomm� Everg�te apr�s avoir conquis toute la Syrie, ne sacrifia pas aux dieux �gyptiens en reconnaissance de sa victoire, mais il vint � J�rusalem, y fit suivant notre rite de nombreux sacrifices � Dieu, et lui consacra des offrandes dignes de sa victoire[27]. 49 Ptol�m�e Philom�tor et sa femme Cl�op�tre[28] confi�rent � des Juifs tout leur royaume et mirent � la t�te de leur arm�e enti�re Onias et Dosith�os[29], deux Juifs, dont Apion raille les noms, quand il devrait admirer leurs actions et, loin de les injurier, leur �tre reconnaissant d'avoir sauv� Alexandrie dont il se pr�tend citoyen. 50 En effet, alors que les Alexandrins faisaient la guerre � la reine Cl�op�tre[30] et couraient le danger d'�tre an�antis mis�rablement, ce sont ces hommes qui n�goci�rent un accommodement et conjur�rent les troubles civils. � Mais ensuite, dit-il, Onias mena contre la ville une forte arm�e, alors que Thermus, l'ambassadeur romain �tait l� et pr�sent[31]. � 51 Je pr�tends qu'il eut raison et agit en toute justice. Car Ptol�m�e surnomm� Physcon, apr�s la mort de son fr�re Ptol�m�e Philom�tor, vint de Cyr�ne dans l'intention de renverser du tr�ne Cl�op�tre et les enfants[32] du roi pour s'attribuer injustement la couronne. 52 C'est pour cela qu'Onias lui fit la guerre afin de d�fendre Cl�op�tre, et n'abandonna pas dans le p�ril la fid�lit� qu'il avait vou�e � ses rois. 53 Dieu t�moigna clairement de la justice de sa conduite; en effet, comme Ptol�m�e Physcon n'osait pas combattre l'arm�e d'Onias, mais prenant tous les Juifs citoyens de la ville avec leurs femmes et leurs enfants, les livra nus et ligot�s aux �l�phants pour qu'ils mourussent �cras�s par ces b�tes, enivr�es pour la circonstance, l'�v�nement tourna contrairement � ses pr�visions. 54 Les �l�phants, sans toucher aux Juifs plac�s devant eux, se pr�cipit�rent sur les amis de Physcon, dont ils tu�rent un grand nombre. Apr�s cela, Ptol�m�e vit un fant�me terrible qui lui d�fendait de maltraiter ces hommes. 55 Et comme sa concubine favorite, nomm�e Ithaque par les uns, Ir�ne par les autres, le suppliait de ne pas consommer une telle impi�t�, il c�da � son d�sir, et fit p�nitence pour ce qu'il avait d�j� fait et pour ce qu'il avait failli faire. C'est l'origine de la f�te qu'avec raison c�l�brent, comme on sait, � l'anniversaire de ce jour, les Juifs �tablis � Alexandrie, parce qu'ils ont manifestement m�rit� de Dieu leur salut[33]. 56 Mais Apion, dont la calomnie ne respecte rien, n'a pas craint de faire un crime aux Juifs de la guerre contre Physcon, alors qu'il aurait d� les en louer. Il parle aussi de la derni�re Cl�op�tre, reine d'Alexandrie, pour nous reprocher l'hostilit� qu'elle nous a t�moign�e au lieu de consacrer son z�le � l'accusation de cette femme ; 57 qui ne s'abstint d'aucune injustice et d'aucun crime, soit contre ses parents, soit contre ses maris, ou ses amants, soit contre tous les Romains en g�n�ral et leurs chefs, ses bienfaiteurs; qui alla jusqu'� tuer dans le temple sa soeur Arsino� innocente � son �gard ; 58 qui assassina tra�treusement son fr�re aussi, pilla les dieux nationaux et les tombeaux de ses anc�tres; qui, tenant son royaume du premier C�sar, ne craignit pas de se r�volter contre le fils et successeur de celui-ci[34] ; et, corrompant Antoine par les plaisirs de l'amour, en fit un ennemi de sa patrie, un tra�tre envers ses amis, d�pouillant ceux-ci de leur rang royal, et poussant les autres jusqu'au crime. 59 Mais � quoi bon en dire davantage ? Ne l'abandonna-t-elle pas lui-m�me au milieu du combat naval, lui, son mari, le p�re de leurs enfants, et ne l'obligea-t-elle pas � livrer son arm�e et son empire pour la suivre ? 60 En dernier lieu, apr�s la prise d'Alexandrie[35] par C�sar, elle ne vit plus d'espoir pour elle que dans le suicide, tant elle s'�tait montr�e cruelle et d�loyale envers tous. Pensez-vous donc que nous ne devions pas nous glorifier de ce que, dans une disette, comme ledit Apion, elle ait refus� de distribuer du bl� aux Juifs ? 61 Mais cette reine re�ut le ch�timent qu'elle m�ritait ; et nous, nous avons C�sar pour grand t�moin de l'aide fid�le que nous lui avons apport�e contre les Egyptiens[36] ; nous avons aussi le S�nat et ses d�crets, ainsi que les lettres de C�sar Auguste qui prouvent nos services. 62 Apion aurait d� examiner ces lettres et peser, chacun en son genre, les t�moignages r�dig�s sous Alexandre et sous tous les Ptol�m�es, comme ceux qui �manent du S�nat et des plus grands g�n�raux romains. 63 Que si Germanicus ne put distribuer du bl� � tous les habitants d'Alexandrie[37], c'est la preuve d'une mauvaise r�colte et de la disette de bl�, non un grief contre les Juifs. Car la sage opinion de tous les empereurs sur les Juifs r�sidant � Alexandrie est notoire. 64 Sans doute, l'administration du bl� leur a �t� retir�e, comme aux autres Alexandrins; mais ils ont conserv� la tr�s grande preuve de confiance que leur avaient jadis accord�e les rois, je veux dire la garde du fleuve et de toute la (fronti�re ?)[38] dont les empereurs ne les ont pas jug�s indignes. VIIls peuvent �tre citoyens d'Alexandrie sans adorer les dieux �gyptiens. 65 Mais il insiste. � Pourquoi donc, dit-il, s'ils sont citoyens, n'adorent-ils pas les m�me dieux que les Alexandrins? � A quoi je r�ponds: � Pourquoi aussi, bien que vous soyez tous �gyptiens, vous livrez-vous les uns aux autres une guerre acharn�e et sans tr�ve au sujet de la religion[39] ? 66 Est-ce que pour cela nous ne vous donnons pas � tous le nom d'�gyptiens, et vous refusons-nous plus qu'� tous les autres celui d'hommes, parce que vous adorez des animaux hostiles � notre nature, et que vous les nourrissez avec un grand soin, alors que toute la race humaine semble une et identique[40] ? 67 Mais s'il y a entre vous �gyptiens de telles diff�rences d'opinions, pourquoi t'�tonnes-tu que des hommes, venus d'un autre pays � Alexandrie, aient conserv� sur cette mati�re leurs lois primitivement �tablies ? 68 - Il nous accuse encore de fomenter des s�ditions. En admettant que le grief f�t fond� contre les Juifs �tablis � Alexandrie, pourquoi fait-il � ceux d'entre nous qui sont �tablis partout ailleurs un crime de leur concorde bien connue ? 69 Et puis, il est facile de reconna�tre que, en r�alit�, les fauteurs de s�ditions ont �t� des citoyens d'Alexandrie du genre d'Apion. En effet, tant que les Grecs et les Mac�doniens furent ma�tres de cette cit�, ils ne soulev�rent aucune s�dition contre nous, et ils tol�raient nos antiques solennit�s. Mais quand le nombre des �gyptiens se fut accru parmi eux par le d�sordre des temps, les s�ditions se multipli�rent sans cesse. Notre race, au contraire, demeura pure. 70 C'est donc eux qu'on trouve � l'origine de ces violences, car le peuple �tait loin d�sormais d'avoir la fermet� des Mac�doniens et la sagesse des Grecs; tous s'abandonnaient aux mauvaises moeurs des Egyptiens et exer�aient contre nous leurs vieilles rancunes. 71 C'est, en effet, du c�t� oppos� qu'a �t� commis ce qu'ils osent nous reprocher. La plupart d'entre eux jouissent mal � propos du droit de cit� alexandrin, et ils appellent �trangers ceux qui sont connus pour avoir obtenu des ma�tres ce privil�ge ! 72 Car les �gyptiens, � ce qu'il semble, n'ont re�u le droit de cit� d'aucun roi, ni, � notre �poque, d'aucun empereur[41]. Nous, au contraire, Alexandre nous a introduits dans la cit�, les rois ont augment� nos privil�ges et les Romains ont jug� bon de nous les conserver � jamais. 73 Aussi, Apion s'est-il efforc� de nous d�crier aupr�s d'eux sous pr�texte que nous ne dressons pas de statues aux empereurs. Comme s'ils ignoraient ce fait ou avaient besoin d'�tre d�fendus par Apion[42] ! il aurait mieux fait d'admirer la grandeur d'�me et la mod�ration des Romains, qui n'obligent pas leurs sujets � transgresser leurs lois h�r�ditaires, et se contentent de recevoir les honneurs qu'on leur offre sans manquer � la religion ni � la loi. Car il n'y a point de charme dans les honneurs rendus par n�cessit� et par force. 74 Ainsi les Grecs et quelques autres peuples croient qu'il est bon d'�lever des statues; ils prennent plaisir � faire peindre le portrait de leurs p�res, de leurs femmes et de leurs enfants; quelques-uns vont jusqu'� acqu�rir les portraits de gens qui ne les touchent en rien; d'autres font de m�me pour des esclaves favoris. Est-il donc �tonnant qu'on les voie rendre aussi cet honneur � leurs empereurs et � leurs ma�tres ? 75 D'autre part, notre l�gislateur [a d�sapprouv� cette pratique], non pour d�fendre, comme par une proph�tie, d'honorer la puissance romaine, mais par m�pris pour une chose qu'il regardait comme inutile � Dieu et aux hommes, et parce qu'il a interdit de fabriquer l'image inanim�e de tout �tre vivant et � plus forte raison de la divinit�, comme nous le montrerons plus bas. 76 Mais il n'a pas d�fendu d'honorer, par d'autres hommages, apr�s Dieu, les hommes de bien ; et ces honneurs, nous les d�cernons aux empereurs et au peuple romain. 77 Nous faisons sans cesse des sacrifices pour eux et non seulement chaque jour, aux frais communs de tous les Juifs[43], nous c�l�brons de telles c�r�monies, mais encore, alors que nous n'offrons jamais d'autres victimes en commun�, nous accordons aux seuls empereurs cet honneur supr�me que nous refusons � tous les autres hommes. 78 Voil� une r�ponse g�n�rale � ce qu'a dit Apion au sujet d'Alexandrie. VIIL�gende ridicule de la t�te d'�ne ador�e dans le temple. 79 J'admire aussi les �crivains qui lui ont fourni une telle mati�re, je parle de Posidonios et d'Apollonios Molon, qui nous font un crime de n'adorer pas les m�mes dieux que les autres peuples. D'autre part, quand ils mentent �galement et inventent des calomnies absurdes contre notre temple, ils ne se croient pas impies, alors que rien n'est plus honteux pour des hommes libres que de mentir de quelque fa�on que ce soit, et surtout au sujet d'un temple c�l�bre dans l'univers entier et puissant par une si grande saintet�. 80 Ce sanctuaire, Apion a os� dire que les Juifs y avaient plac� une t�te d'�ne, qu'ils l'adoraient et la jugeaient digne d'un si grand culte; il affirme que le fait fut d�voil� lors du pillage du temple par Antiochos �piphane et qu'on d�couvrit cette t�te d'�ne faite d'or, et d'un prix consid�rable. - 81 A cela donc je r�ponds d'abord qu'en sa qualit� d'�gyptien, m�me si chose pareille avait exist� chez nous, Apion n'e�t point d� nous le reprocher, car l'�ne n'est pas plus vil que les furets (?), les boucs et les autres animaux qui ont chez eux rang de dieux. 82 Ensuite comment n'a-t-il pas compris que les faits le convainquent d'un incroyable mensonge ? En effet, nous avons toujours les m�mes lois, auxquelles nous sommes �ternellement fid�les. Et, quand des malheurs divers ont fondu sur notre cit� comme sur d'autres, quand [Antiochos] le Pieux[44], Pomp�e le Grand, Licinius Crassus et, en dernier lieu, Titus C�sar triomphant de nous ont occup� le temple, ils n'y trouv�rent rien de semblable, mais un culte tr�s pur au sujet duquel nous n'avons rien � cacher � des �trangers. 83 Mais qu'Antiochos (�piphane) mit � sac le temple contre toute justice, qu'il y vint par besoin d'argent sans �tre ennemi d�clar�, qu'il nous attaqua, nous ses alli�s et ses amis, et qu'il ne trouva dans le temple rien de ridicule, 84 voil� ce que beaucoup d'historiens dignes de foi attestent �galement, Polybe de M�galopolis, Strabon de Cappadoce, Nicolas de Damas, Timag�ne, les chronographes Castor et Apollodore ; tous disent que, � court de ressources, Antiochos viola les trait�s et pilla le temple des Juifs plein d'or et d'argent. 85 Voil� les t�moignages qu'aurait d� consid�rer Apion s'il n'avait eu plut�t lui-m�me le coeur de l'�ne et l'impudence du chien, qu'on a coutume d'adorer chez eux. Car son mensonge n'a pas m�me pu s'appuyer sur quelque raisonnement d'analogie (?). 86 En effet, les �nes, chez nous, n'obtiennent ni honneur ni puissance, comme chez les �gyptiens les crocodiles et les vip�res, puisque ceux qui sont mordus par des vip�res ou d�vor�s par des crocodiles passent � leurs yeux pour bienheureux et dignes de la divinit�[45]. 87 Mais les �nes sont chez nous, comme chez les autres gens sens�s, employ�s � porter les fardeaux dont on les charge, et s'ils approchent des aires pour manger[46] ou s'ils ne remplissent pas leur t�che, ils re�oivent force coups ; car ils servent aux travaux et � l'agriculture. 88 Ou bien donc Apion fut le plus maladroit des hommes � imaginer ses mensonges, ou, parti d'un fait, il n'a pas su en conclure justement (?), car aucune calomnie � notre adresse ne peut r�ussir. VIIIAutre l�gende calomnieuse : le meurtre rituel. 89 Il raconte encore, d'apr�s les Grecs, une autre fable pleine de malice � notre adresse. L�-dessus, il suffira de dire que, quand on ose parler de pi�t�, on ne doit pas ignorer qu'il y a moins d'impuret� � violer l'enceinte d'un temple qu'� en calomnier les pr�tres. 90 Mais ces auteurs se sont appliqu�s plut�t � d�fendre un roi sacril�ge qu'� raconter des faits exacts et v�ridiques sur nous et sur le temple. Dans le d�sir de d�fendre Antiochus et de couvrir la d�loyaut� et le sacril�ge qu'il a commis envers notre race par besoin d'argent, ils ont encore invent� sur notre compte la calomnie qu'on va lire. 91 Apion s'est fait le porte-parole des autres[47] : il pr�tend qu'Antiochus trouva dans le temple un lit sur lequel un homme �tait couch�, et devant lui une table charg�e de mets, poissons, animaux terrestres, volatiles. L'homme restait frapp� de stupeur. 92 Bient�t il salua avec un geste d'adoration l'entr�e du roi comme si elle lui apportait le salut ; tombant � ses genoux, il �tendit la main droite et demanda la libert�. Le roi lui dit de se rassurer, de lui raconter qui il �tait, pourquoi il habitait ce lieu, ce que signifiait cette nourriture. L'homme, alors, avec des g�missements et des larmes, lui raconta d'un ton lamentable son malheur. 93 Il dit, continue Apion, qu'il �tait Grec, et que, tandis qu'il parcourait la province pour gagner sa vie, il avait �t� tout � coup saisi par des hommes de race �trang�re et conduit dans le temple ; l� on l'enferma, on ne le laissait voir de personne, mais on pr�parait toutes sortes de mets pour l'engraisser. 94 D'abord ce traitement qui lui apportait un bienfait inesp�r� lui fit plaisir ; puis vint le soup�on, ensuite la terreur ; enfin, en consultant les serviteurs qui l'approchaient, il apprit la loi ineffable des Juifs qui commandait de le nourrir ainsi ; qu'ils pratiquaient cette coutume tous les ans � une �poque d�termin�e ; 95 qu'ils s'emparaient d'un voyageur grec, l'engraissaient pendant une ann�e, puis conduisaient cet homme dans une certaine for�t, o� ils le tuaient ; qu'ils sacrifiaient son corps suivant leurs rites, go�taient ses entrailles et juraient, en immolant le Grec, de rester les ennemis des Grecs ; alors ils jetaient dans un foss� les restes de leur victime. 96 Enfin, rapporte Apion, il dit que peu de jours seulement lui restaient � vivre, et supplia le roi, par pudeur pour les dieux de la Gr�ce et pour d�jouer les emb�ches des Juifs contre sa race, de le d�livrer des maux qui le mena�aient. 97 Une telle fable non seulement est pleine de tous les proc�d�s dramatiques, mais encore elle d�borde d'une cruelle impudence. Cependant elle n'absout pas Antiochus du sacril�ge, comme l'ont imagin� ceux qui l'ont racont�e en sa faveur. 98 En effet, ce n'est pas parce qu'il pr�voyait cette horreur qu'il est venu au temple, mais, selon leur propre r�cit, il l'a rencontr�e sans s'y attendre. Il fut donc en tout cas volontairement injuste et impie et ath�e, quel que soit l'exc�s du mensonge que les faits eux-m~mes montrent facilement. 99 En effet, les Grecs ne sont pas seuls, comme on sait, � avoir des lois en d�saccord avec les n�tres; mais il y a surtout les �gyptiens et beaucoup d'autres peuples. Or, quel est celui de ces peuples dont les citoyens n'aient jamais eu � voyager chez nous ? Et pourquoi d�s lors, par un complot sans cesse renouvel�, aurions-nous besoin, pour les Grecs seuls, de verser le sang ? 100 Et puis comment se peut-il que tous les Juifs se soient r�unis pour partager cette victime annuelle et que les entrailles d'un seul aient suffi � tant de milliers d'hommes, comme le dit Apion[48] ? Et pourquoi, apr�s avoir d�couvert cet homme quel qu'il f�t, Apion n'a-t-il pu enregistrer son nom[49] ? 101 ou comment le roi ne l'a-t-il pas ramen� dans sa patrie en grande pompe, alors qu'il pouvait par ce proc�d� se donner � lui-m�me une grande r�putation de pi�t� et de rare philhell�nisme, tout en s'assurant de tous, contre la haine des Juifs, de puissants secours ? 102 Mais passons: il faut r�futer les insens�s non par des raisons, mais par des faits. Tous ceux qui ont vu la construction de notre temple savent ce qu'il �tait, connaissent les barri�res infranchissables qui d�fendaient sa puret�[50]. 103 Il comprenait quatre portiques concentriques dont chacun avait une garde particuli�re suivant la loi. C'est ainsi que, dans le portique ext�rieur tout le monde avait droit d'entrer, m�me les �trangers ; seules les femmes pendant leur impuret� mensuelle s'en voyaient interdire le passage. 104 Dans le second entraient tous les Juifs et leurs femmes, quand elles �taient pures de toutes souillures; dans le troisi�me les Juifs m�les, sans tache et purifi�s ; dans le quatri�me les pr�tres rev�tus de leurs robes sacerdotales. Quant au saint des saints, les chefs des pr�tres y p�n�traient seuls, drap�s dans le v�tement qui leur est propre. 105 Le culte a �t� r�gl� d'avance si soigneusement dans tous ses d�tails qu'on a fix� certaines heures pour l'entr�e des pr�tres. En effet, le matin d�s l'ouverture du temple, il leur fallait entrer pour faire les sacrifices traditionnels, puis de nouveau � midi jusqu'� la fermeture du temple. 106 Enfin il est d�fendu de porter dans le temple[51] m�me un vase ; on n'avait plac� � l'int�rieur qu'un autel[52], une table, un encensoir, un cand�labre, tous objets mentionn�s m�me dans la loi. 107 Il n'y a rien de plus ; il ne s'y passe point de myst�res qu'on ne doive pas r�v�ler, et � l'int�rieur on ne sert aucun repas. Les d�tails que je viens de signaler sont attest�s par le t�moignage de tout le peuple et apparaissent dans les faits. 108 Car, bien qu'il y ait quatre tribus de pr�tres[53], et que chacune de ces tribus comprenne plus de cinq mille personnes, cependant ils officient par fractions � des jours d�termin�s; une lois ces jours pass�s, d'autres pr�tres, leur succ�dant, viennent aux sacrifices, et, r�unis dans le temple au milieu du jour, en re�oivent les clefs de leurs pr�d�cesseurs, ainsi que le compte exact de tous les vases, sans apporter � l'int�rieur rien qui serve � la nourriture ou � la boisson. 109 Car il est interdit d'offrir m�me sur l'autel des objets de ce genre, sauf ceux qu'on pr�pare pour le sacrifice. En cons�quence que dire d'Apion sinon que, sans examiner ces faits, il a d�bit� des propos incroyables ? Et cela est honteux, car lui, grammairien, ne s'est-il pas engag� � apporter des notions exactes sur l'histoire ? 110 Connaissant la pi�t� observ�e dans notre temple, il n'en a pas tenu compte, et il a invent� cette fable d'un Grec captif secr�tement nourri des mets les plus co�teux et les plus r�put�s, des esclaves entrant dans l'endroit dont L'acc�s est interdit m�me aux plus nobles des Juifs s'ils ne sont pas pr�tres. 111 C'est donc une tr�s coupable impi�t� et un mensonge volontaire destin� � s�duire ceux qui n'ont pas voulu examiner la v�rit�, s'il est vrai qu'en d�bitant ces crimes et ces myst�res, ils ont tent� de nous porter pr�judice. IXFable ridicule d'apr�s laquelle un Idum�en, d�guis� en Apollon, alla d�rober dans le temple la t�te d'�ne. 112 Apr�s cela Apion raille les Juifs, comme tr�s superstitieux, en ajoutant � sa fable le t�moignage de Mnas�as[54]. Cet auteur raconte, � l'en croire, qu'il y a tr�s longtemps, les Juifs et les Idum�ens �tant en guerre, d'une certaine ville idum�enne nomm�e Dora[55], un des hommes qui �taient attach�s au culte d'Apollon[56] vint trouver les Juifs. Il se nommait, dit-il, Zabidos. Il leur promit de leur livrer Apollon, le dieu de Dora, qui se rendrait � notre temple si tout le monde s'�loignait. 113 Et toute la multitude des Juifs le crut. Zabidos cependant fabriqua un appareil de bois dont il s'entoura et o� il pla�a trois rangs de lumi�res. Ainsi �quip� il se promena, de sorte qu'il avait de loin l'apparence d'une constellation[57] en voyage sur la terre. 114 Les Juifs, frapp�s de stupeur par ce spectacle inattendu, rest�rent � distance et se tinrent cois. Zabidos tout tranquillement arriva jusqu'au temple, arracha la t�te d'or du baudet - c'est ainsi qu'il s'exprime pour faire le plaisant - et revint en h�te � Dora. 115 Ne pourrions-nous pas dire � notre tour qu'Apion surcharge le baudet, c'est-�-dire lui-m�me, et l'accable sous le poids de sa sottise et de ses mensonges ? En effet, il d�crit des lieux qui n'existent pas et, sans le savoir, change les villes de place. 116 L'Idum�e est limitrophe de notre pays, voisine de Gaza, et elle n'a aucune ville du nom de Dora. Mais en Ph�nicie, pr�s du mont Carmel, il y a une ville appel�e Dora, qui n'a rien de commun avec les niaiseries d'Apion ; car elle est � quatre journ�es de marche de l'Idum�e. 117 Et pourquoi nous accuse-t-il encore de n�avoir point les m�mes dieux que les autres, si nos p�res se sont laiss� persuader si facilement qu'Apollon viendrait chez eux et s'ils ont cru le voir se promener avec les astres sur la terre ? 118 Sans doute ils n'avaient jamais vu une lampe auparavant, ces hommes qui allument tant et de si belles lampes dans leurs f�tes ! Et personne, parmi tant de milliers d'habitants, n'est all� � sa rencontre quand il s'avan�ait � travers le pays ; il a trouv� aussi les murailles vides de sentinelles, en pleine guerre ! 119 Je passe le reste ; mais les portes du temple �taient hautes de soixante coud�es, larges de vingt[58], toutes dor�es et presque d'or massif ; elles �taient ferm�es tous les jours par deux cents hommes[59] au moins, et il �tait d�fendu de les laisser ouvertes. 120 Il a donc �t� facile � ce porteur de lampes, je pense, de les ouvrir � lui tout seul, et de partir avec la t�te du baudet ? Mais est-elle rentr�e toute seule chez nous ou celui qui l'a prise l'a-t-il rapport�e dans le temple afin qu'Antiochos la trouv�t pour fournir � Apion une seconde fable ? XMensonge du serment de haine contre les Grecs. 121 [60]Il forge aussi un serment par lequel, pr�tend-il, en invoquant le dieu qui a fait le ciel, la terre et la mer[61], nous jurons de ne montrer de bienveillance envers aucun �tranger, mais surtout envers les Grecs. 122 Une fois qu'il se mettait � mentir il aurait d� dire au moins: envers aucun �tranger, mais surtout envers les �gyptiens. De cette fa�on sa fable du serment aurait concord� avec ses mensonges du d�but, Si vraiment nos anc�tres ont �t� chass�s par les �gyptiens, qui leur �taient apparent�s, non pour aucun crime mais � cause de leurs malheurs. 123 Quant aux Grecs, nous en sommes trop �loign�s par les lieux comme par les coutumes pour qu'il puisse exister entre eux et nous aucune haine ou aucune jalousie. Loin de l�, il est arriv� que beaucoup d'entre eux ont adopt� nos lois; quelques-uns y ont pers�v�r�, d'autres n'ont pas eu l'endurance n�cessaire et s'en sont d�tach�s. 124 Mais de ceux-l�, nul n'a jamais racont� qu'il e�t entendu prononcer chez nous le serment en question ; seul Apion, semble-t-il, l'a entendu, et pour la bonne raison qu'il en �tait l'inventeur. XIPr�tendue preuve de l'injustice des lois juives, tir�e des malheurs des Juifs. 125 Il faut encore grandement admirer la vive intelligence d'Apion pour ce que je vais dire. La preuve, � l'en croire, que nos lois ne sont pas justes, et que nous n'adorons pas Dieu comme il faut, c'est que nous ne sommes pas les ma�tres, mais bien plut�t les esclaves tant�t d'un peuple, tant�t d'un autre, et que notre cit� �prouva des infortunes[62], - comme si ses propres citoyens �taient habitu�s depuis une haute antiquit� � �tre les ma�tres dans la cit� la plus propre � commander au lieu d'�tre asservis aux Romains. 126 Cependant qui supporterait de leur part une telle jactance ? Parmi le reste des hommes il n'est personne pour nier que ce discours d'Apion ne s'adresse assez bien � lui. 127 Peu de peuples ont eu la fortune de dominer f�t-ce par occasion, et ceux-l� m�me ont vu des revers les soumettre � leur tour � un joug �tranger ; les autres peuples, pour la plupart, sont plusieurs fois tomb�s en servitude. 128 Ainsi donc les seuls �gyptiens, parce que les dieux, � les en croire, se sont r�fugi�s dans leur pays et ont assur� leur salut en prenant la forme d'animaux[63], ont obtenu le privil�ge exceptionnel de n'�tre soumis � aucun des conqu�rants de l'Asie ou de l'Europe, eux qui n'ont pas ou un seul jour de libert� en aucun temps, pas m�me de leurs ma�tres nationaux ! 129 Du traitement que leur inflig�rent les Perses, qui, non pas une fois, mais � plusieurs reprises, saccag�rent leurs villes, renvers�rent leurs temples, �gorg�rent ce qu'ils prennent pour des dieux, je ne leur fais pas un grief. 130 Car il ne convient pas d'imiter l'ignorance d'Apion, qui n'a song� ni aux malheurs des Ath�niens, ni � ceux des Lac�d�moniens, dont les uns furent les plus braves, les autres les plus pieux des Grecs, du consentement unanime. 131 Je laisse de c�t� les malheurs qui accabl�rent les rois renomm�s partout pour leur pi�t�, comme Cr�sus. Je passe sous silence l'incendie de l'Acropole d'Ath�nes, du temple d'�ph�se, de celui de Delphes, et de mille autres. Personne n'a reproch� ces catastrophes aux victimes, mais � leurs auteurs[64]. 132 Mais Apion s'est trouv� pour produire contre nous cette accusation d'un nouveau genre, oubliant les propres maux de son pays, l'�gypte. Sans doute S�sostris, le roi d'�gypte l�gendaire, l'a aveugl�[65]. Mais nous, ne pourrions-nous pas citer nos rois David et Salomon, qui ont soumis bien des nations ? 133 Cependant n'en parlons pas. Mais il est un fait universellement connu, quoique ignor� d'Apion : c'est que les Perses et les Mac�doniens, ma�tres apr�s eux de l'Asie, asservirent les Egyptiens, qui leur ob�irent comme des esclaves, alors que nous, libres, nous r�gnions m�me sur les cit�s d'alentour pendant cent vingt ans environ[66], jusqu'au temps de Pomp�e le Grand. 134 Et alors que tous les rois de la terre avaient �t� subjugu�s par les Romains, seuls nos rois, pour leur fid�lit�, furent conserv�s par eux comme alli�s et amis. XIIApion pr�tend que la race juive n'a pas produit de grands hommes. 135 � Mais nous n'avons pas produit d'hommes dignes d'admiration, qui, par exemple, aient innov� dans les arts ou excell� dans la sagesse �. Et il �num�re Socrate, Z�non, Cl�anthe et d'autres du m�me genre; puis, ce qui est le plus admirable de tous ses propos, il s'ajoute lui-m�me � la liste et f�licite Alexandrie de poss�der un tel citoyen. 136 Assur�ment il avait besoin de t�moigner pour lui-m�me ; car aux yeux de tous les autres il passait pour un m�chant ameuteur de badauds, dont la vie fut aussi corrompue que la parole, de sorte qu'on aurait sujet de plaindre Alexandrie si elle tirait vanit� de lui. Quant aux grands hommes n�s chez nous qui m�rit�rent des �loges autant qu'aucun autre, ils sont connus de ceux qui lisent mon Histoire ancienne. XIIIAutres griefs injustifi�s : les Juifs sacrifient des animaux, ne mangent pas de porc et pratiquent la circoncision. 137 Le reste de son r�quisitoire m�riterait peut-�tre d'�tre laiss� sans r�ponse pour que lui-m�me soit son propre accusateur et celui des autres �gyptiens. En effet, il nous reproche de sacrifier des animaux domestiques, de ne point manger de porc, et il raille la circoncision. 138 Pour ce qui est d'immoler des animaux domestiques, c'est une pratique qui nous est commune avec tous les autres hommes, et Apion, par sa critique de cet usage, s'est d�nonc� comme �gyptien. S'il avait �t� Grec ou Mac�donien, il ne s'en serait pas �mu. Ces peuples, en effet, se font gloire d'offrir aux dieux des h�catombes; ils mangent les victimes dans les festins, et cette pratique n a pas vid� l'univers de troupeaux, comme l'a craint Apion. 139 Si, au contraire, tout le monde suivait les coutumes �gyptiennes, c'est d'hommes que l'univers serait d�peupl� pour �tre rempli des b�tes les plus sauvages, qu ils prennent pour des dieux et nourrissent avec soin. 140 En outre, si on lui avait demand� lesquels de tous les Egyptiens il consid�rait comme les plus sages et les plus pieux, il e�t convenu assur�ment que c'�taient les pr�tres. 141 Car d�s l'origine ils furent, dit-on, charg�s de deux fonctions: le culte des dieux et la pratique de la sagesse. Or, tous les pr�tres �gyptiens sont circoncis et s'abstiennent de manger du porc[67]. Et m�me parmi les autres Egyptiens, il n'en est pas un seul qui ose sacrifier un porc aux dieux. 142 Apion n'avait-il pas l'esprit aveugl� lorsque, se proposant de nous injurier pour faire valoir les Egyptiens, il les accusait au contraire eux qui, non seulement pratiquent ces coutumes bl�m�es par lui, mais encore ont enseign� aux autres peuples la circoncision, comme le dit H�rodote[68]. 143 Aussi est-ce justement, � mon avis, qu'apr�s avoir m�dit des lois de sa patrie, Apion a subi le ch�timent qui convenait. Car il fut circoncis par n�cessit�, � la suite d'un ulc�re des parties sexuelles; d'ailleurs la circoncision ne lui profita point, sa chair tomba en gangr�ne et il mourut dans d'atroces douleurs. 144 Il faut, pour �tre sage, observer exactement les lois de son pays relatives � la religion et ne point attaquer celles des autres. Mais Apion s'est �cart� des premi�res et a menti sur les n�tres. Ainsi finit Apion; que ce soit aussi la fin de mes observations � son sujet. XIVR�futation des erreurs d'Apollonios Molon et de Lysimaque sur les lois juives. 145 Mais puisque Apollonios Molon, Lysimaque et quelques autres, tant�t par ignorance, le plus souvent par malveillance, ont tenu, sur notre l�gislateur Mo�se et sur ses lois, des propos injustes et inexacts, accusant l'un de sorcellerie et d'imposture, et pr�tendant que les autres nous enseignent le vice � l'exclusion de toute vertu, je veux parler bri�vement et de l'ensemble de notre constitution et de ses d�tails, comme je le pourrai[69]. 146 Il appara�tra clairement, je pense, qu�en vue de la pi�t�, des rapports sociaux, de l'humanit� en g�n�ral, et aussi de la justice, de l'endurance au travail et du m�pris de la mort, nos lois sont fort bien �tablies. 147 J'invite ceux qui tomberont sur cet �crit � le lire sans jalousie. Ce n'est point un pan�gyrique de nous-m�mes que j'ai entrepris d'�crire, mais apr�s les accusations nombreuses et fausses dirig�es contre nous, la plus juste apologie, � mon avis est celle qui se tire des lois que nous continuons � observer. 148 D'autant plus qu'Apollonios n'a pas r�uni ses griefs en un faisceau comme Apion ; mais les a sem�s �� et l�, tant�t nous injuriant comme ath�es et misanthropes, tant�t nous reprochant la l�chet�, et, au contraire, � d'autres endroits, nous accusant d'�tre t�m�raires et forcen�s. Il dit aussi que nous sommes les plus mal dou�s des barbares et que pour cette raison nous sommes les seuls � n'avoir apport� pour notre part aucune invention utile � la civilisation. 149 Toutes ces accusations seront, je pense, clairement r�fut�es s'il appara�t que c'est le contraire que nous prescrivent nos lois et que nous observons rigoureusement. 150 Si donc j'ai �t� oblig� de mentionner les lois contraires, en vigueur chez d'autres peuples, il est juste que la faute en retombe sur ceux qui veulent montrer par comparaison l'inf�riorit� des n�tres. Ces �claircissements leur interdiront je pense, de pr�tendre ou que nous n'avons pas ces lois dont je vais citer les principales, ou que nous ne sommes pas, parmi tous les peuples, le plus attach� � ses lois. XVMo�se est le plus ancien des l�gislateurs connus. 151 Reprenant donc d'un peu plus haut, je dirai d'abord que, compar�s aux hommes dont la vie est affranchie de lois et de r�gles, ceux qui, soucieux de l'ordre et d'une loi commune en ont donn� le premier exemple, m�riteraient justement ce t�moignage qu'ils l'ont emport� par la douceur et la vertu naturelle. 152 La preuve en est que chaque peuple essaie de faire remonter ses lois le plus haut possible pour para�tre ne point imiter les autres hommes et leur avoir, au contraire, lui-m�me ouvert la voie de la vie l�gale. 153 Les choses �tant ainsi, la vertu du l�gislateur consiste � embrasser du regard ce qui est le meilleur et � faire admettre, par ceux qui doivent en user, les lois institu�es par lui ; celle de la multitude est de rester fid�le aux lois adopt�es et de n�en rien changer sous l'influence de la prosp�rit� ni des �preuves. 154 Eh bien, je pr�tends que notre l�gislateur est le plus ancien des l�gislateurs connus du monde entier. Les Lycurgue, les Solon, les Zaleucos de Locres et tous ceux qu'on admire chez les Grecs paraissent n�s d'hier ou d'avant-hier compar�s � lui, puisque le nom m�me de loi dans l'antiquit� �tait inconnu en Gr�ce. 155 T�moin Hom�re qui nulle part dans ses po�mes ne s'en est servi[70]. En effet la loi n'existait m�me pas de son temps; les peuples �taient gouvern�s suivant des maximes non d�finies et par les ordres des rois. Longtemps encore ils continu�rent � suivre des coutumes non �crites, dont beaucoup, au fur, et � mesure des circonstances, �taient modifi�es. 156 Mais notre l�gislateur, qui v�cut dans la plus haute antiquit� - et cela, je suppose, de l'aveu m�me des gens qui dirigent contre nous toutes les attaques - se montra excellent guide et conseiller du peuple ; et apr�s avoir embrass� dans sa loi toute l'organisation de la vie des hommes, il leur persuada de l'accepter et fit en sorte qu'elle f�t conserv�e in�branlable pour l'�ternit�. XVIL'oeuvre de Mo�se. 157 Voyons la premi�re grande oeuvre qu'il accomplit. C'est lui qui, lorsque nos anc�tres eurent d�cid�, apr�s avoir quitt� l'Egypte, de retourner dans le pays de leurs a�eux, se chargea de toutes ces myriades d'hommes, les tira de mille difficult�s et assura leur salut; car il leur fallait traverser le d�sert sans eau et de grandes �tendues de sable, vaincre leurs ennemis et sauver, en combattant, leurs femmes, leurs enfants, et en m�me temps leur butin[71]. 158 Dans toutes ces conjonctures il fut le meilleur des chefs, le plus avis� des conseillers et il administra toutes choses avec la plus grande conscience. Il disposa le peuple entier � d�pendre de lui, et, le trouvant docile en toute chose, il ne profita point de cette situation pour son ambition personnelle ; 159 mais dans les circonstances pr�cis�ment o� les chefs s'emparent de l'empire absolu et de la tyrannie, et habituent les peuples � vivre sans lois, Mo�se, �lev� � ce degr� de puissance, estima au contraire qu'il devait vivre pieusement et assurer au peuple les meilleures lois, dans la pens�e que c'�tait le moyen le meilleur de montrer sa propre vertu, et le plus s�r de sauver ceux qui l'avaient choisi pour cher. 160 Comme ses desseins �taient nobles et que le succ�s couronnait ses grandes actions, il pensa avec vraisemblance que Dieu le guidait et le conseillait. Apr�s s'�tre persuad� le premier que la volont� divine inspirait tous ses actes et toutes ses pens�es[72], il crut qu'il fallait avant tout faire partager cette opinion au peuple; car ceux qui ont adopt� cette croyance, que Dieu surveille leur vie, ne se permettent aucun p�ch�[73]. 161 Tel fut notre l�gislateur. Ce n'est pas un sorcier ni un imposteur, comme nos insulteurs le disent injustement[74] ; mais il ressemble � ce Minos tant vant� par les Grecs, et aux autres l�gislateurs qui le suivirent. 162 Car les uns[75] attribuent leurs lois � Zeus, les autres les ont fait remonter � Apollon et � son oracle de Delphes, soit qu'ils crussent cette histoire exacte, soit qu'ils esp�rassent ainsi se faire ob�ir plus facilement. 163 Mais qui institua les meilleures lois et qui trouva les prescriptions les plus justes sur la religion, on peut le savoir par la comparaison des lois elles-m�mes et voici le moment d'en parler. 164 Infinies sont les diff�rences particuli�res des moeurs et des lois entre les hommes; mais on peut les r�sumer ainsi : les uns ont confi� � des monarchies, d'autres � des oligarchies, d'autres encore au peuple le pouvoir politique[76]. 165 Notre l�gislateur n'a arr�t� ses regards sur aucun de ces gouvernements ; il a - si l'on peut faire cette violence � la langue - institu� le gouvernement th�ocratique[77], pla�ant en Dieu le pouvoir et la force. 166 Il a persuad� � tous de tourner les yeux vers celui-ci comme vers la cause de tous les biens que poss�dent tous les hommes en commun, et de tous ceux que les Juifs eux-m�mes ont obtenus par leurs pri�res dans les moments critiques. Rien ne peut �chapper � sa connaissance, ni aucune de nos actions, ni aucune de nos pens�es intimes. 167 Quant � Dieu lui-m�me, Mo�se montra qu'il est unique, incr��, �ternellement immuable, plus beau que toute forme mortelle, connaissable pour nous par sa puissance, mais inconnaissable en son essence. 168 Que cette conception de Dieu ait �t� celle des plus sages parmi les Grecs, qui s'inspir�rent des enseignements donn�s pour la premi�re fois par Mo�se[78], je n'en dis rien pour le moment; mais ils ont formellement attest� qu'elle est belle et convient � la nature comme � la grandeur divine; car Pythagore, Anaxagore, Platon, les philosophes du Portique qui vinrent ensuite, tous, peu s�en faut, ont manifestement eu cette conception de la nature divine[79]. 169 Mais tandis que leur philosophie s'adressa � un petit nombre et qu'ils n'os�rent pas apporter parmi le peuple, encha�n� � d'anciennes opinions, la v�rit� de leur croyance, notre l�gislateur, en conformant ses actes � ses discours[80], ne persuada pas seulement ses contemporains, mais il mit encore dans l'esprit des g�n�rations successives qui devaient descendre d'eux une foi en Dieu inn�e et immuable. 170 C'est que, en outre, par le caract�re de sa l�gislation, tourn�e vers l'utile, il l'emporta toujours beaucoup sur tous les autres ; il ne fit point de la pi�t� un �l�ment de la vertu, mais de toutes les autres vertus, des �l�ments de la pi�t�, je veux dire la justice, la temp�rance, l'endurance, et la concorde des citoyens dans toutes les affaires[81]. 171 Car toutes nos actions, nos pr�occupations et nos discours se rattachent � notre pi�t� envers Dieu. Mo�se n'a donc rien omis d'examiner ou de fixer de tout cela. Toute instruction et toute �ducation morale peuvent, en effet, se faire de deux mani�res : par des pr�ceptes qu'on enseigne, ou par la pratique des moeurs. 172 Les autres l�gislateurs ont diff�r� d'opinion et, choisissant chacun celle des deux mani�res qui leur convenait, ont n�glig� l'autre[82]. Par exemple, les Lac�d�moniens[83] et les Cr�tois �levaient les citoyens par la pratique, non par des pr�ceptes. D'autre part, les Ath�niens et presque tous les autres Grecs prescrivaient par les lois ce qu'il fallait faire ou �viter, mais ne se souciaient point d'en donner l'habitude par l'action. XVIIMo�se a r�uni le pr�cepte et l'application. 173 Notre l�gislateur, lui, a mis tous ses soins � concilier ces deux enseignements[84]. il n'a point laiss� sans explication la pratique des moeurs, ni souffert que le texte de la loi f�t sans effet ; � commencer par la premi�re �ducation et la vie domestique de chacun, il n'a rien laiss�, pas m�me le moindre d�tail � l'initiative et � la fantaisie des assujettis ; 174 m�me les mets dont il faut s'abstenir ou qu'on peut manger, les personnes qu'on peut admettre � partager notre vie, l'application au travail et inversement le repos il a lui-m�me d�limit� et r�gl� tout cela pour eux par sa loi, afin que, vivant sous elle comme soumis � un p�re et � un ma�tre, nous ne p�chions en rien ni volontairement ni par ignorance. 175 Car il n'a pas non plus laiss� l'excuse de l'ignorance; il a proclam� la loi l'enseignement le plus beau et le plus n�cessaire ; ce n'est pas une fois, ni deux ni plusieurs, qu'il faut l'entendre : mais il a ordonn� que chaque semaine, abandonnant tous autres travaux, on se r�unit pour �couter la loi et l'apprendre exactement par coeur[85]. C'est ce que tous les l�gislateurs semblent avoir n�glig�. XVIIISup�riorit� des Juifs, qui tous connaissent leur loi. 176 La plupart des hommes sont si loin de vivre suivant leurs lois nationales que, peu s'en faut, ils ne les connaissent m�me pas, et que c'est seulement apr�s un d�lit qu'ils apprennent par d'autres qu'ils ont viol� la loi. 177 Ceux qui remplissent chez eux les charges les plus hautes et les plus importantes avouent cette ignorance, puisqu'ils placent aupr�s d'eux, pour diriger l'administration des affaires, les hommes qui font profession de conna�tre les lois[86]. 178 Chez nous, qu'on demande les lois au premier venu, il les dira toutes plus facilement que son propre nom. Ainsi, d�s l'�veil de l'intelligence, l'�tude approfondie des lois les grave pour ainsi dire dans nos �mes[87] ; rarement quelqu'un les transgresse, et aucune excuse ne saurait conjurer le ch�timent. XIXL'univers de croyance produit chez les Juifs la concorde. 179 Telle est avant tout la cause de notre admirable concorde. L'unit� et l'identit� de croyance religieuse, la similitude absolue de vie et de moeurs produisent un tr�s bel accord dans les caract�res des hommes. 180 Chez nous seuls, on n'entendra pas de propos contradictoires sur Dieu, - comme chez d'autres peuples en osent soutenir, non pas les premiers venus suivant la fantaisie qui les prend, mais des philosophes m�mes, les uns essayant par leurs discours de supprimer toute divinit�, les autres privant Dieu de sa Providence sur les hommes ; - 181 on ne verra pas non plus de diff�rence dans les occupations de notre vie: nous avons tous des travaux communs et une seule doctrine religieuse, conforme � la loi, d'apr�s laquelle Dieu �tend ses regards sur l'univers. Que toutes les autres occupations de la vie doivent avoir pour fin la pi�t�, les femmes m�mes et les serviteurs vous le diraient. XXSi les Juifs ne sont point inventeurs, c'est qu'ils respectent la tradition. 182 C'est l'origine du grief qu'on nous fait aussi[88], de n'avoir point produit d'inventeurs dans les arts ni dans la pens�e. En effet, les autres peuples trouvent honorable de n'�tre fid�les � aucune des coutumes de leurs p�res; ils d�cernent � ceux qui les transgressent avec le plus d'audace un certificat de profonde sagesse. 183 Nous, au contraire, nous pensons que la seule sagesse et la seule vertu est de ne commettre absolument aucune action, de n'avoir aucune pens�e contraire aux lois institu�es � l'origine. Ce qui para�trait prouver que la loi a �t� tr�s bien �tablie ; car lorsqu'il n'en est pas ainsi, les tentatives pour redresser les lois d�montrent qu'elles en ont besoin. XXIApologie de la constitution th�ocratique. 184 Mais pour nous, qui avons re�u cette conviction que la loi, d�s l'origine, a �t� institu�e suivant la volont� de Dieu, ce serait m�me une impi�t� que de ne pas l'observer encore. El en effet, que pourrait-on y changer ? Que trouver de plus beau ? ou qu'y apporter de l'�tranger qu'on juge meilleur ? 185 Changera-t-on l'ensemble de la constitution ? Mais peut-il y en avoir de plus belle et de plus juste que celle qui attribue � Dieu le gouvernement de tout l'Etat, qui charge les pr�tres d'administrer au nom de tous les affaires les plus importantes et confie au grand pr�tre � son tour la direction des autres pr�tres ? 186 Et ces hommes, ce n�est point la sup�riorit� de la richesse ou d'autres avantages accidentels qui les a lait placer d�s l'origine par le l�gislateur dans cette charge honorable ; mais tous ceux qui, avec lui, l'emportaient sur les autres par l'�loquence et la sagesse, il les chargea de c�l�brer principalement le culte divin. 187 Or, ce culte, c'�tait aussi la surveillance rigoureuse de la loi et des autres occupations. En effet, les pr�tres re�urent pour mission de surveiller tous les citoyens, de juger les contestations et de ch�tier les condamn�s[89]. XXIIDieu dans la conception juive. 188 Peut-il exister une magistrature plus sainte que celle-l� ? Peut-on honorer Dieu d'une fa�on plus convenable qu'en pr�parant tout le peuple � la pi�t� et en confiant aux pr�tres des fonctions choisies, de sorte que toute l'administration de l'Etat soit r�gl�e comme une c�r�monie religieuse ? 189 Car les pratiques en usage, chez d'autres, un petit nombre de jours, et qu'ils ont peine � observer, les myst�res et les c�r�monies, comme ils les appellent, c'est avec plaisir, avec une d�cision immuable que nous les observons toute notre vie. 190 Quelles sont donc les prescriptions et les d�fenses de notre loi ? Elles sont simples et connues. En t�te vient ce qui concerne Dieu : Dieu, parlait et bienheureux, gouverne l'univers ; il se suffit � lui-m�me et suffit � tous les �tres ; il est le commencement, le milieu et la fin de toutes choses[90] ; il se manifeste par ses oeuvres et ses bienfaits, et rien n'est plus apparent ; mais sa forme et sa grandeur sont pour nous inexprimables. 191 Car toute mati�re, si pr�cieuse soit-elle, est vile pour imiter son image, et tout art perd ses moyens s�il cherche � la rendre ; nous ne voyons, nous n'imaginons aucun �tre semblable et il est impie de le repr�senter[91]. 192 Nous contemplons ses oeuvres, la lumi�re[92], le ciel, la terre, le soleil et la lune, les fleuves et la mer, les animaux qui s'engendrent, les fruits qui croissent. Ces oeuvres, Dieu les a cr��es, non de ses mains, non par des efforts p�nibles, et sans m�me avoir eu besoin de collaborateurs[93] ; mais il les voulut, et aussit�t elles furent comme il les avait voulues[94]. C'est lui que tous doivent suivre et servir en pratiquant la vertu ; car c'est la mani�re la plus sainte de servir Dieu. XXIIILe culte. 193 Il n'y a qu'un temple pour le Dieu un - car toujours le semblable aime le semblable[95] - commun � tous, comme Dieu est commun � tous. Les pr�tres passeront tout leur temps � le servir, et � leur t�te sera toujours le premier par la naissance. 194 Avec ses coll�gues, il fera des sacrifices � Dieu, conservera les lois, jugera les contestations, ch�tiera les condamn�s. Si quelqu'un lui d�sob�it, il sera puni comme d'une impi�t� � l'�gard de Dieu m�me. 195 Nos sacrifices n�ont pas pour but de nous enivrer � car Dieu d�teste ces pratiques � mais de nous rendre sages. 196 Dans les sacrifices, nous devons prier d�abord pour le salut commun, ensuite pour nous-m�me. Car nous sommes n�s pour la communaut�, et celui qui la pr�f�re � son propre int�r�t sera le plus agr�able � Dieu. 197 On doit demander � Dieu non qu�il nous donne les biens � car il nous les a donn�s lui-m�me spontan�ment et les a mis � la disposition de tous � mais que nous puissions les recevoir et les conserver apr�s les avoir re�us[96]. 198 Des purifications en vue des sacrifices sont ordonn�es par la loi apr�s un enterrement, un accouchement, apr�s les rapports sexuels et dans bien d�autres cas. XXIVPrescriptions relatives aux mariages. 199 Quelles sont maintenant les prescriptions relatives au mariage ? La loi ne conna�t qu�une seule union, l�union naturelle de la femme, et seulement si elle doit avoir pour but de procr�er[97]. Elle a en horreur l�union entre m�les et punit de mort ceux qui l�entreprennent[98]. 200 Elle ordonne de se marier sans se pr�occuper de la dot, sans enlever la femme de force, et, d�autre part, sans la d�cider par la ruse ou la tromperie ; il faut demander sa main � celui qui est ma�tre de l�accorder et qui est qualifi� par sa parent�[99]. 201 La femme, dit la loi, est inf�rieure � l�homme en toutes choses[100]. Aussi doit-elle ob�ir non pour s�humilier, mais pour �tre dirig�e, car c�est � l�homme que Dieu a donn� la puissance. Le mari ne doit s�unir qu�� sa femme ; essayer de corrompre la femme d�autrui est un p�ch�. Si on le commettait on serait puni de mort sans excuse, soit qu�on violent�t une jeune fille d�j� fianc�e � un autre, soit qu�on s�duis�t une femme mari�e[101]. 202 La loi a ordonn� de nourrir tous ses enfants et d�fendu aux femmes de se faire avorter ou de d�truire par un autre moyen la semence vitale ; car ce serait un infanticide de supprimer une �me et d�amoindrir la race[102]. C�est pourquoi �galement, si l�on ose avoir commerce avec une accouch�e, on ne peut �tre pur[103]. 203 M�me apr�s les rapports l�gitimes du mari et de la femme la loi ordonne des ablutions[104]. Elle a suppos� que l��me contracte par l� une souillure �tant pass�e en autre endroit ; car l��me souffre par le fait d��tre log�e par la nature dans le corps et aussi quand elle en est s�par�e par la mort[105]. Voil� pourquoi la loi a prescrit des purifications pour tous les cas de ce genre. XXVL��ducation des enfants. 204 La loi n�a pas prescrit, � l�occasion de la naissance des enfants, d�organiser des festins et d�en faire un pr�texte � s�enivrer[106]. Mais elle veut que la sagesse pr�side � leur �ducation d�s le d�but ; elle ordonne de leur apprendre � lire, elle veut qu�ils vivent dans le commerce des lois et sachent les actions de leurs a�eux, afin qu�ils imitent celles-ci et que, nourris dans le culte de celles-l�, ils ne les transgressent pas et n�aient pas point de pr�texte � les ignorer[107]. XXVILes devoirs aux morts. 205 Elle a pr�vu aussi les devoirs � rendre aux morts, sans le luxe des enterrements ni les �difices fun�raires qui attirent les yeux[108] ; mais elle commet aux soins des fun�railles les parents les plus proches, et tous ceux qui passent devant un convoi fun�raire doivent[109] se joindre � la famille et pleurer avec elle ; l�on doit purifier la maison et ses habitants apr�s la c�r�monie[110] [afin que l�auteur d�un meurtre soit tr�s loin de sembler pur[111].] XXVIIAutres prescriptions morales. 206 Le respect des parents vient au second rang, apr�s le respect de Dieu[112], dans les prescriptions de la loi ; et si on ne r�pond pas � leurs bienfaits, si l�on manque le moins du monde, elle livre le coupable � la lapidation[113]. Elle veut que tout vieillard soit respect� par des jeunes gens[114], car Dieu est la vieillesse supr�me[115]. 207 Elle d�fend de rien cacher � ses amis, car elle n�admet point d�amiti� sans confiance absolue[116]. M�me si l�inimiti� survient, il est d�fendu de d�voiler les secrets[117]. Si un juge re�oit des pr�sents, il est puni de mort[118]. L�indiff�rence envers un suppliant qu�on pourrait secourir engage la responsabilit�[119]. 208 On ne peut se saisir d�un objet qu�on n�a pas mis en d�p�t[120]. On ne s�emparera d�aucun objet appartenant � autrui[121]. Le pr�teur ne prendra pas d�int�r�t[122]. Ces prescription et beaucoup d�autres analogues maintiennent les rapports qui nous unissent. XXVIIIPrescriptions relatives aux �trangers. 209 Le souci qu�a eu le l�gislateur de l��quit� envers les �trangers m�rite aussi d'�tre observ� : on verra qu'il a pris les mesures Les plus efficaces pour nous emp�cher � la fois de corrompre nos coutumes nationales et de repousser ceux qui d�sirent y participer. 210 Quiconque veut venir vivre chez nous sous les m�mes lois, le l�gislateur l'accueille avec bienveillance, car il pense que ce n'est pas la race seule, mais aussi leur morale qui rapprochent les hommes[123]. Mais il ne nous a pas permis de m�ler � notre vie intime ceux qui viennent citez nous en passant[124]. XXIXHumanit� de la loi. 211 Ses autres prescriptions doivent �tre expos�es: fournir � tous ceux qui le demandent du feu, de l'eau, des aliments ; indiquer le chemin[125] ; ne pas laisser un corps sans s�pulture[126] ; �tre �quitable m�me envers les ennemis d�clar�s ; 212 car il d�fend de ravager leur pays par l'incendie[127], il ne permet pas de couper les arbres cultiv�s[128], et m�me il interdit de d�pouiller les soldats tomb�s dans le combat[129] ; il a pris des dispositions pour soustraire les prisonniers de guerre � la violence, et surtout les femmes[130]. 213 Il nous a si bien enseign� la douceur et l'humanit� qu'il n'a pas m�me n�glig� les b�tes priv�es de raison ; il n'en a autoris� l'usage que conform�ment � la loi et l'a interdit dans tout autre cas[131]. Les animaux qui se r�fugient dans les maisons comme des suppliants ne doivent pas �tre tu�s[132]. Il ne permet pas non plus de faire p�rir en m�me temps les parents avec leurs petits[133], et il ordonne d'�pargner m�me en pays ennemi les animaux de labour et de ne pas les tuer[134]. 214 Il s'est ainsi pr�occup� en toutes choses de la mod�ration, usant, pour l'enseigner, des lois cit�es plus haut, �tablissant d'autre part contre ceux qui les transgressent des lois p�nales qui n'admettent pas d'excuse. XXXCh�timents et r�compenses. 215 Dans la plupart des cas o� l'on transgresse la loi, la peine est la mort: si l'on commet un adult�re[135] ; si l'on viole une jeune fille[136] ; si l'on ose entreprendre un m�le[137] ou si celui-ci supporte pareil outrage. S'il s'agit d'esclaves (?) la loi est �galement inflexible[138]. 216 De plus les d�lits sur les mesures et les poids, la vente malhonn�te et dolosive, le vol, la soustraction d'un objet qu'on n'avait pas remis en d�p�t, toutes ces fautes sont punies de ch�timents non pas semblables � ceux des autres l�gislations, mais plus s�v�res[139]. 217 Les outrages aux parents et l'impi�t�, m�me � l'�tat de tentative, sont imm�diatement punis de mort[140]. 218 Cependant ceux dont tous les actes sont conformes aux lois ne re�oivent point en r�compense de l'argent ni de l'or, ni m�me une couronne d'olivier ou d'ache, ou quelque distinction de ce genre proclam�e par le h�raut : mais chacun, d'apr�s le t�moignage de sa propre conscience, s'est fait la conviction que, suivant la proph�tie du l�gislateur, suivant la promesse certaine de Dieu, ceux qui ont observ� exactement les lois, et qui, s'il fallait mourir pour elles, sont morts de bon coeur, re�oivent de Dieu une nouvelle existence et une vie meilleure[141] dans la r�volution des �ges. 219 J'h�siterais � �crire ces choses si tout le monde ne pouvait voir par les faits que souvent beaucoup d'entre nous ont mieux aim� endurer vaillamment les pires traitements que de prononcer une seule parole contraire � la loi. XXXIAdmirable attachement des Juifs � leurs lois. 220 S'il ne s'�tait trouv� que notre peuple f�t connu de tous les hommes, que notre ob�issance volontaire aux lois f�t visible, 221 et si un auteur, ayant compos� lui-m�me une histoire, en donnait lecture aux Grecs, ou leur disait avoir rencontr� quelque part, en dehors du monde connu, des hommes qui se font de Dieu une id�e si sainte et, pendant de longs si�cles, sont rest�s fid�lement attach�s � de telles lois, ce serait, je pense, un �tonnement g�n�ral de leur part � cause de leurs continuels changements[142]. 222 Certainement nous voyons ceux qui ont tent� de r�diger une constitution et des lois analogues, accus�s par les Grecs d'avoir imagin� un Etat chim�rique, fond�, d'apr�s eux, sur des bases impossibles. Je laisse de c�t� les autres philosophes qui se sont occup�s de questions semblables dans leurs ouvrages. 223 Mais Platon, admir� en Gr�ce pour avoir excell� par la dignit� de sa vie et pour avoir surpass� tous les autres philosophes par la puissance de son talent et par son �loquence persuasive, Platon ne cesse cependant d'�tre bafou� et tourn� en ridicule[143], ou peu s'en faut, par ceux qui se donnent pour de grands politiques. 224 Cependant si l'on examinait attentivement ses lois, on trouverait qu'elles sont plus faciles que les n�tres et qu'elles se rapprochent davantage des coutumes du plus grand nombre. Platon lui-m�me avoue qu'il serait imprudent d'introduire la v�rit� sur Dieu parmi les foules d�raisonnables[144]. 225 Mais les oeuvres de Platon sont, dans la pens�e de quelques-uns, des discours vides, des fantaisies brillantes, et le l�gislateur qu'ils admirent le plus est Lycurgue ; tout le monde entonne les louanges de Sparte parce qu'elle est pendant tr�s longtemps rest�e attach�e aux r�gles de ce l�gislateur. 226 Qu'on l'avoue donc : l'ob�issance aux lois est une preuve de vertu ; mais que les admirateurs des Lac�d�moniens comparent la dur�e de ce peuple[145] aux deux mille ans[146] et plus qu'a dur� notre constitution. 227 En outre, qu'ils r�fl�chissent � ceci: les Lac�d�moniens, tant que, ma�tres d'eux-m�mes, ils conserv�rent la libert�, jug�rent bon d'observer exactement leurs lois, mais lorsque les revers de la fortune les atteignirent, ils les oubli�rent toutes ou peu s'en faut. 228 Nous, au contraire, en proie � mille calamit�s par suite des changements des princes qui r�gn�rent en Asie, m�me dans les p�rils extr�mes nous n'avons pas trahi nos lois ; et ce n'est point par paresse ou par mollesse que nous leur faisons honneur ; mais, si l'on veut y regarder, elles nous imposent des �preuves et des travaux bien plus p�nibles que la pr�tendue fermet� prescrite aux Lac�d�moniens. 229 Ceux-ci ne cultivaient point la terre, ne se fatiguaient pas dans des m�tiers[147], mais, libres de tout travail, brillants de sant�, exer�ant leur corps en vue de la beaut�, ils passaient leur existence dans la ville, 230 se faisaient servir par d'autres pour tous les besoins de la vie, et recevaient d'eux leur nourriture toute pr�te, r�solus � tout faire et � tout supporter pour obtenir ce seul r�sultat - bien beau et bien humain -, d'�tre plus forts que tous ceux contre qui ils partiraient en guerre. 231 Et ils n'y r�ussirent m�me pas, pour le dire en passant ; car, ce n'est pas seulement un citoyen isol�, mais un grand nombre ensemble qui souvent, au m�pris des prescriptions de la loi, se sont rendus avec leurs armes aux ennemis[148]. XXXIILeur grandeur d'�me. 232 Est-ce que chez nous aussi on a connu, je ne dis pas autant d'hommes, mais deux ou trois seulement, qui aient trahi les lois ou redout� la mort ? je ne parle pas de la mort la plus facile qui arrive dans les combats, mais de la mort accompagn�e de la torture du corps, qui semble �tre la plus affreuse de toutes. 233 C'est au point que, selon moi, quelques-uns de nos vainqueurs nous maltraitaient, non par haine pour des gens � leur discr�tion, mais afin de contempler l'�tonnant spectacle d'hommes pour qui l'unique malheur est d'�tre contraints de commettre une action ou seulement de prononcer une parole contraire � leurs lois. 234 Il ne faut pas s'�tonner si nous envisageons la mort pour les lois avec un courage qui d�passe celui de tous les autres peuples. En effet, celles m�me de nos coutumes qui semblent les plus faciles sont difficilement support�es par d'autres; je veux dire le travail personnel, la frugalit� de la nourriture, la contrainte de ne pas abandonner au hasard ou � son caprice particulier le manger et le boire, ni les rapports sexuels, ni la d�pense ; d'autre part, l'observation du repos immuablement fix�. 235 Les hommes qui marchent au combat l'�p�e � la main et mettent en fuite les ennemis au premier choc, n'ont pu regarder en face les prescriptions qui r�glent la mani�re de vivre. Nous au contraire, � nous soumettre avec plaisir aux lois qui la concernent, nous gagnons de montrer, dans le combat aussi, notre valeur. XXXIIICritique de la religion grecque. 236 Apr�s cela, les Lysimaque, les Molon et autres �crivains du m�me genre, m�prisables sophistes qui trompent la jeunesse, nous repr�sentent injurieusement comme les plus vils de tous les hommes. 237 Je ne voudrais pas examiner les lois des autres peuples ; il est de tradition chez nous d'observer nos propres lois et non de critiquer celles des �trangers ; m�me la raillerie et le blasph�me � l'�gard des dieux re�us chez les autres nous ont �t� formellement interdits par le l�gislateur, � cause du nom m�me de Dieu[149]. 238 Mais comme nos accusateurs croient nous confondre par la comparaison, il n'est pas possible de garder le silence, d'autant plus que le raisonnement par lequel je vais r�pondre n'a pas �t� imagin� par moi pour la circonstance, mais a �t� expos� par des auteurs nombreux et tr�s estim�s. 239 Quel est en effet parmi les auteurs admir�s en Gr�ce pour leur sagesse celui qui n'a point bl�m� les plus illustres des po�tes et les l�gislateurs les plus autoris�s d'avoir sem� d�s l'origine parmi la foule de telles id�es sur les dieux ? 240 Ils en grossissent le nombre � leur volont�, les font na�tre les uns des autres et s'engendrer de diverses fa�ons. Ils les distinguent par leur r�sidence et leur mani�re de vivre, comme les esp�ces animales, ceux-ci sous terre, ceux-l� dans la mer, les plus �g�s prisonniers dans le Tartare[150]. 241 Tous ceux � qui ils ont donn� le ciel en partage sont soumis par eux � un pr�tendu p�re, qui est en r�alit� un tyran et un ma�tre ; aussi voit-on, d'apr�s leurs imaginations, conspirer contre lui son �pouse, son fr�re et sa fille, qu'il engendra par la t�te, pour le saisir et l'emprisonner[151], comme lui-m�me fit son propre p�re. XXXIVGrossi�ret� des dieux grecs. 242 C'est � juste titre que les esprits les plus distingu�s ne m�nagent point leurs critiques � ces histoires ; et ils trouvent ridicule aussi d'�tre oblig� de croire que parmi les dieux ceux-ci sont des jouvenceaux imberbes, ceux-l� des vieillards barbus; que les uns sont pr�pos�s aux arts, que celui-ci travaille le fer[152], que celle-l� tisse la toile[153], qu'un troisi�me fait la guerre et se bat avec les hommes[154], que d'autres encore jouent de la cithare[155] ou se plaisent � lancer des fl�ches[156] ; 243 puis d'admettre qu'ils se r�voltent les uns contre les autres, et se querellent au sujet des hommes au point non seulement d'en venir aux mains entre eux, mais encore de se lamenter, et de souffrir, bless�s par les mortels. 244 Et, pour comble de grossi�ret�, n'est-il pas inconvenant d'attribuer des unions et des amours sans frein presque � tous les dieux des deux sexes ? 245 Ensuite, le plus noble d'entre eux et le premier, le p�re lui-m�me, apr�s avoir s�duit des femmes par la ruse et les avoir rendues m�res, les voit, d'un oeil tranquille, emprisonner ou noyer ; et les enfants issus de lui, il ne peut ni les sauver, soumis qu'il est au destin, ni supporter leur mort sans pleurer. 246 Voil� de belles choses ; d'autres qui suivent ne le sont pas moins, comme l'adult�re auquel les dieux assistent au ciel avec tant d'impudence que quelques-uns avouent m�me qu'ils envient le couple ainsi uni ; que ne devaient-ils pas se permettre quand le plus vieux, le roi, n'a pas m�me pu refr�ner son d�sir de poss�der sa femme, ne f�t-ce que le temps de gagner sa chambre � coucher[157] ? 247 Et les dieux en esclavage chez les hommes, et salari�s tant�t pour b�tir, tant�t pour pa�tre les troupeaux ; d'autres encha�n�s dans une prison d'airain � la mani�re des criminels[158] ! Est-il un homme sens� qui ne soit excit� par ces contes � bl�mer ceux qui les ont imagin�s et � condamner la grande sottise de ceux qui les admettent ? 248 D'autres divinisent la crainte et la terreur, la rage et la fourberie; quelle est celle des pires passions qu'ils n'aient repr�sent�e avec la nature et sous la forme d'un dieu ? Ils ont m�me persuad� aux cit�s de faire des sacrifices aux plus favorables d'entre elles. 249 Aussi ils sont mis dans la n�cessit� absolue de croire que certains dieux accordent les biens, et de donner aux autres le nom de � dieux qui d�tournent les maux �[159]. Alors, ils s'efforcent de les fl�chir comme les plus m�chants des hommes par des bienfaits et des pr�sents, et s'attendraient � subir de leur part un grand mal s'ils ne les payaient pas. XXXVCela vient de ce que les Grecs n'ont pas � l'origine l�gif�r� sur la religion. 250 Quelle est donc la cause d'une telle anomalie et d'une telle inconvenance � l'�gard de la divinit� ? Elle vient, je crois, de ce que leurs l�gislateurs n'ont pas eu conscience � l'origine de la v�ritable nature de Dieu, et que, m�me dans la mesure o� ils ont pu la saisir, ils n'ont pas su la d�finir exactement pour y conformer le reste de leur organisation politique ; 251 comme si c'�tait un d�tail des plus n�gligeables, ils ont permis aux po�tes de pr�senter les dieux qu'ils voudraient, soumis � toutes les passions, et aux orateurs de donner le droit de cit� par un d�cret � celui des dieux �trangers qui serait utile. 252 Les peintres aussi et les sculpteurs jouirent � cet �gard d'une grande libert� chez les Grecs, chacun tirant de sa propre imagination une forme, que l'un modelait dans la glaise et que l'autre dessinait. Les artistes les plus admir�s se servent de l'ivoire et de l'or, qui fournissent mati�re � des inventions toujours nouvelles. 253 Et puis certains dieux, apr�s avoir connu les honneurs dans la maturit�, ont vieilli pour me servir d'un euph�misme ; 254 d'autres nouvellement introduits, obtiennent l'adoration[160]. Certains temples sont d�sert�s et de nouveaux s'�l�vent, les hommes b�tissant chacun suivant son caprice, alors qu'ils devraient au contraire conserver immuable leur croyance en Dieu et le culte qu'ils lui rendent. XXXVIAnalogies entre les lois de Platon et celles des Juifs. 255 Apollonius Molon �tait parmi les esprits insens�s et aveugles ; mais ceux des philosophes grecs qui ont parl� selon la v�rit�, ont bien vu tout ce que je viens de dire, et ils n'ont point ignor� les froids pr�textes des all�gories[161]. C'est pourquoi ils les m�pris�rent justement, et leur conception de Dieu, vraie et convenable, fut conforme � la n�tre. 256 En partant de cette croyance, Platon[162] d�clare qu'il ne faut recevoir dans la R�publique aucun po�te, et il en exclut Hom�re en termes bienveillants apr�s l'avoir couronn�, et asperg� de parfum, pour l'emp�cher d'obscurcir par ses fables la vraie conception de Dieu. 257 Mais Platon suit surtout l'exemple de notre l�gislateur[163] en ce que sa prescription la plus imp�rieuse pour l'�ducation des citoyens est l'�tude exacte et approfondie de la loi, obligatoire pour tous ; par les mesures aussi qu'il a prises pour emp�cher que des �trangers ne se m�lassent au hasard � la nation et pour conserver dans sa puret� l'Etat, compos� de citoyens fid�les aux lois[164]. 258 Sans avoir r�fl�chi � aucun de ces faits, Apollonios Melon nous a fait un crime de ne point recevoir parmi nous les hommes qui se sont laiss� assujettir auparavant par d'autres croyances religieuses, et de ne point vouloir de soci�t� avec ceux qui pr�f�rent d'autres habitudes de vie[165]. 259 Mais cette pratique non plus ne nous est pas particuli�re ; elle est commune � tous les peuples, et non seulement � des Grecs mais aux plus estim�s d'entre les Grecs. Les Lac�d�moniens, non contents d'expulser couramment des �trangers, n'autorisaient pas leurs concitoyens � voyager au dehors, craignant dans les deux cas la ruine de leurs lois. 260 Peut-�tre aurait-on droit de leur reprocher leur manque de sociabilit�, car ils n�accordaient � personne le droit de cit� ni celui de s�journer parmi eux. 261 Nous, au contraire, si nous ne croyons pas devoir imiter les coutumes des autres, du moins nous accueillons avec plaisir ceux qui veulent participer aux n�tres. Et c'est l�, je pense, une preuve � la fois d'humanit� et de magnanimit�. XXXVIILes Ath�niens aussi punissaient s�v�rement l'impi�t�. De m�me les Scythes et les Perses. 262 Je n'insiste pas sur les Lac�d�moniens. Mais les Ath�niens, qui ont cru que leur cit� �tait commune � tous, quelle �tait sur ce point leur conduite ? Apollonios ne l'a pas su, ni qu'un seul mot prononc� au sujet des dieux en violation de leurs lois �tait inexorablement puni. 263 En effet, pour quelle autre raison Socrate est-il mort ? Il n'avait point livr� sa patrie aux ennemis, il n'avait pill� aucun temple ; mais parce qu'il jurait suivant de nouvelles formules, et disait, par Zeus[166], � ce qu'on raconte, en mani�re de plaisanterie, qu'un d�mon se manifestait � lui, il fut condamn� � mourir en buvant la cigu�. 264 En outre, son accusateur lui reprochait de corrompre les jeunes gens, parce qu'il les poussait � m�priser la constitution et les lois de leur patrie. Donc Socrate, un citoyen d'Ath�nes, subit un tel ch�timent. 265 Anaxagore, lui, �tait de Clazom�nes ; cependant, parce que les Ath�niens prenaient le soleil pour un dieu, tandis qu'il en faisait une masse de m�tal[167] incandescente, il s'en fallut de peu de suffrages qu'il ne f�t par eux condamn� � mort. 266 Ils promirent publiquement un talent pour la t�te de Diagoras de M�los, parce qu'il passait pour railler leurs myst�res. Protagoras, s'il n'avait promptement pris la fuite, aurait �t� arr�t� et mis � mort parce que, dans un ouvrage, il avait paru contredire les sentiments des Ath�niens sur les dieux. 267 Faut-il s'�tonner qu'ils aient eu cette attitude � l'�gard d'hommes aussi dignes de foi, quand ils n'ont pas m�me �pargn� les femmes? En effet, ils mirent � mort la pr�tresse Ninos[168] parce qu'on l'avait accus�e d'initier au culte de dieux �trangers ; or la loi chez eux l'interdisait, et la peine �dict�e contre ceux qui introduisaient un dieu �tranger �tait la mort. 268 Ceux qui avaient une telle loi ne pensaient �videmment pas que les dieux des autres fussent dieux ; car ils ne se seraient point priv�s d'en admettre un plus grand nombre pour en tirer profit. 269 Voil� pour les Ath�niens. Mais les Scythes eux-m�mes, qui se complaisent dans le meurtre des hommes et qui ne sont pas tr�s sup�rieurs aux b�tes, croient cependant devoir prot�ger leurs coutumes; et leur compatriote, dont les Grecs admiraient la sagesse, Anarcharsis, fut mis � mort par eux � son retour[169], parce qu'il leur paraissait revenir infect� des coutumes grecques. 270 Chez les Perses on trouverait aussi de nombreux personnages ch�ti�s pour la m�me raison. Cependant Apollonios aimait les lois des Perses et les admirait, apparemment parce que la Gr�ce a b�n�fici� de leur courage et de la concordance de leurs id�es religieuses avec les siennes, de celle-ci quand ils r�duisirent les temples en cendres, de leur courage quand elle faillit subir leur joug ; il imita m�me les coutumes perses, outrageant les femmes d'autrui et mutilant des enfants[170]. 271 Chez nous la mort est la peine �dict�e contre qui maltraite ainsi m�me un animal priv� de raison[171]. Et rien n'a �t� assez fort pour nous d�tourner de ces lois, ni la crainte de nos ma�tres, ni l'attrait des usages honor�s chez les autres peuples. 272 Nous n�avons pas non plus exerc� notre courage � entreprendre des guerres par ambition, mais � conserver nos lois. Nous supportons patiemment d'�tre amoindris de toute autre fa�on, mais quand on vient � nous contraindre de changer nos lois, alors, m�me sans �tre en force, nous entreprenons des guerres, et nous tenons contre les revers jusqu'� la derni�re extr�mit�. 273 Pourquoi, en effet, envierions-nous � d'autres leurs lois, quand nous voyons leurs auteurs m�mes ne point les observer ? En effet, comment les Lac�d�moniens n'auraient-ils pas condamn� leur constitution insociable et leur m�pris du mariage[172], les �l�ens et les Th�bains la libert� sans frein des rapports contre nature entre m�les[173] ? 274 Ces pratiques, en tout cas, que jadis ils croyaient tr�s honorables et utiles, si en fait ils ne les ont pas absolument abandonn�es, ils ne les avouent plus, 275 et m�me ils r�pudient les lois relatives � ces unions, qui chez les Grecs furent jadis tellement en vigueur, qu'ils mettaient sous le patronage des dieux les rapports avec des m�les[174] et, suivant le m�me principe, les mariages entre fr�res et soeurs[175], imaginant cette excuse aux plaisirs anormaux et contraires � la nature, auxquels ils s'adonnaient eux-m�mes[176]. XXXVIIIMais les autres peuples trouvent des moyens de violer la loi. 276 Je laisse de c�t� pour le moment les p�nalit�s : toutes les �chappatoires que d�s l'origine la plupart des l�gislateurs offrirent aux coupables, �dictant contre l'adult�re l'amende, et contre le s�ducteur le mariage ; dans les affaires d'impi�t� aussi tous les pr�textes qu'ils fournissent de nier au cas o� l'on entreprendrait une enqu�te. En effet, chez la plupart tourner les lois est devenu une v�ritable �tude. 277 Il n'en est pas ainsi chez nous; qu'on nous d�pouille m�me de nos richesses, de nos villes, de nos autres biens, notre loi du moins demeure immortelle. Et il n'est pas un Juif, si �loign� de sa patrie, si terroris� par un ma�tre s�v�re, qu'il ne craigne la loi plus que lui. 278 Si donc c'est gr�ce � la vertu de nos lois que nous leur sommes tellement attach�s, qu'on nous accorde qu'elles sont excellentes. Et si l'on estime mauvaises des lois auxquelles nous sommes � ce point fid�les, quel ch�timent ne m�riteraient pas ceux qui en transgressent de meilleures ? XXXIXLa loi juive a subi l'�preuve du temps et a �t� adopt�e par plusieurs peuples. 279 Or donc, puisqu'une longue dur�e passe pour l'�preuve la plus s�re de toute chose, je pourrais la prendre � t�moin de la vertu de notre l�gislateur et de la r�v�lation qu'il nous a transmise de Dieu. 280 Car un temps infini s'�tant �coul� depuis, si l'on compare l'�poque o� il v�cut � celle des autres l�gislateurs, on trouvera que pendant tout ce temps les lois ont �t� approuv�es par nous et se sont attir� de plus en plus la faveur de tous les autres hommes. 281 Les premiers, les philosophes grecs, s'ils conserv�rent en apparence les lois de leur patrie, suivirent Mo�se dans leurs �crits et dans leur philosophie, se faisant de Dieu la m�me id�e que lui[177], et enseignant la vie simple et la communaut� entre les hommes. 282 Cependant la multitude aussi est depuis longtemps prise d'un grand z�le pour nos pratiques pieuses, et il n'est pas une cit� grecque ni un seul peuple barbare, o� ne se soit r�pandue notre coutume du repos hebdomadaire, et o� les je�nes, l'allumage des lampes, et beaucoup de nos lois relatives � la nourriture ne soient observ�s[178]. 283 Ils s'efforcent aussi d'imiter et notre concorde et notre lib�ralit� et notre ardeur au travail dans les m�tiers et notre constance dans les tortures subies pour les lois. 284 Car ce qui est le plus �tonnant, c'est que, sans le charme ni l'attrait au plaisir, la loi a trouv� sa force en elle-m�me, et, de m�me que Dieu s'est r�pandu dans le monde entier, de m�me la loi a chemin� parmi tous les hommes. Que chacun examine lui-m�me sa patrie et sa famille, il ne mettra point en doute mes paroles. 285 Il faut donc ou bien que nos d�tracteurs accusent tous les hommes de perversit� volontaire pour avoir d�sir� suivre des lois �trang�res et mauvaises plut�t que leurs lois nationales et bonnes, ou qu'ils cessent de nous d�nigrer. 286 Car nous n'�levons pas une pr�tention critiquable en honorant notre propre l�gislateur et en croyant � sa doctrine proph�tique au sujet de Dieu ; en effet, si m�me nous ne comprenions pas par nous-m�mes la vertu de nos lois, de toute fa�on le nombre des hommes qui les suivent nous e�t port�s � en concevoir une haute id�e. XLR�sum� de ce trait�. 287 Au reste j'ai rapport� en d�tail les lois et la constitution des Juifs dans mes �crits sur les Antiquit�s[179] ; ici j'en ai fait mention dans la mesure o� c'�tait n�cessaire, non pour bl�mer les moeurs des autres ni pour exalter les n�tres, mais pour prouver que les �crivains injustes � notre �gard ont attaqu� avec impudence la v�rit� elle-m�me. 288 Je pense avoir suffisamment rempli dans cet ouvrage ma promesse du d�but. J'ai montr� en effet que notre race remonte � une haute antiquit�, tandis que nos accusateurs la disent tr�s r�cente. J'ai produit d'antiques t�moins en grand nombre, qui nous mentionnent dans leurs histoires, tandis qu�� croire leurs affirmations il n'en existe aucun. 289 Ils pr�tendaient que nos a�eux �taient �gyptiens ; j'ai montr� qu�ils �taient venus en �gypte d'un autre pays. Ils ont affirm� faussement que les Juifs en avaient �t� chass�s � cause de l'impuret� de leur corps ; j' ai montr� qu'ils �taient retourn�s dans leur patrie parce qu'ils le voulaient, et qu'ils �taient les plus forts. 290 Ils ont vilipend� notre l�gislateur en le repr�sentant comme tr�s m�prisable ; mais pour t�moin de sa valeur il a trouv� Dieu autrefois et, apr�s Dieu, le temps. XLIConclusion. 291 Sur les lois je n'avais pas besoin de m'�tendre davantage: elles ont montr� par elles-m�mes qu'elles enseignent, non l'impi�t�, mais la pi�t� la plus vraie ; qu'elles invitent non � la haine des hommes, mais � la mise en commun des biens; qu'elles s'�l�vent contre l'injustice, se pr�occupent de l'�quit�, bannissent la paresse et le luxe, enseignent la mod�ration et le travail ; 292 qu'elles repoussent les guerres de conqu�tes, mais pr�parent les hommes � les d�fendre elles-m�mes vaillamment, inflexibles dans le ch�timent, insensibles aux sophismes des discours appr�t�s, s'appuyant toujours sur des actes ; car ce sont l� nos arguments, plus clairs que les �crits. 293 Aussi oserai-je dire que nous avons initi� les autres peuples � de tr�s nombreuses et aussi � de tr�s belles id�es. Quoi de plus beau que la pi�t� inviolable ? de plus juste que d'ob�ir aux lois ? 294 Quoi de plus utile que de s'accorder entre concitoyens, de ne point se d�sunir dans le malheur, et dans la prosp�rit� de ne point provoquer de dissensions par exc�s d'orgueil ; dans la guerre de m�prisez la mort, dans la paix de s'appliquer aux arts et � l'agriculture, et de croire que Dieu �tend sur tout et partout son regard et son autorit� ? 295 Si ces pr�ceptes avaient �t� ant�rieurement �crits chez d'autres hommes, ou s'ils avaient �t� observ�s avec plus de constance, nous devrions � ces hommes une reconnaissance de disciples; mais si l'on voit que personne ne les suit mieux que nous, et si nous avons montr� que la cr�ation de ces lois nous appartient, alors, que les Apion, les Molon et tous ceux dont le plaisir est de mentir et d�injurier soient confondus. 296 A toi, �paphrodite, qui aimes avant tout la v�rit�, et par ton entremise � ceux qui voudront �galement �tre fix�s sur notre origine, je d�die ce livre et le pr�c�dent.
[1] Apion, qui florissait sous Tib�re, Caligula et Claude, avait �crit de nombreux ouvrages d'�rudition, notamment sur Hom�re, et une histoire d'Egypte en 5 livres. L'�tendue de son savoir, mais aussi de son charlatanisme, est attest�e par de nombreux t�moignages. Il joua un r�le actif dans l'agitation antijuive d'Alexandrie sous Caligula. Ses attaques contre les Juifs se trouvaient en partie dans son Histoire d'Egypte (infra � 10), en partie, semble-t-il, dans un �crit sp�cial (� 6-7). [2] Nous avons d�j� vu ce d�tail dans Man�th�s, supra, I, � 238. [3] Apion, dans son ignorance, confond les synagogues occidentales (προσευχαί) ou peut-�tre le temple d'Onias avec le temple de J�rusalem. En Occident on priait vers l'Orient, c'est-�-dire dans la direction de J�rusalem ; � J�rusalem m�me, cette direction, qui est celle du soleil levant, �tait prohib�e par les docteurs, pour �viter toute confusion avec les pa�ens (Soukka, 51 b ; Baba Batra, 25 a) ; dans le Temple, le Saint des Saints �tait � l'Ouest. [4] Il y a l� peut-�tre quelque vague souvenir dos bassins et des colonnes de bronze du temple. Apion les a compar�s � un de ces cadrans solaires � base h�misph�rique ou conique comme on en a trouv� notamment en �gypte (Dictionnaire des Antiquit�s, Horologium, fig. 3886). Le mot sa�fh, scaphion, �tait pr�cis�ment employ� pour d�signer la conque h�misph�rique du cadran solaire. Cf. Th. Reinach dans les M�langes Kaufmann, p. 13 suiv. [5] Jos�phe aurait d� rappeler, � propos d�Hom�re, qu�Apion pr�tendait avoir appris d�un homme d�Ithaque la nature du jeu auquel jouissait les pr�tendants de P�n�lope (Ath�n�e I, p. 16 F). � On faisait de Pythagore tant�t un Samien, tant�t un Tyrrh�nien ou m�me un Syrien (de l��le de Syros ?). Cf. Diog�ne La�rce, VII, i ; Cl�ment d�Alexandrie, Stromat., I, 14. [6] Pour les dates de l�Exode, d�apr�s Man�th�s et Lysimaque, voir plus haut, I, 103 et 305. Pour (Apollonios) Molon, voir infra, II, 79, etc.. La date propos�e par Apion correspond � 752 avant J.-C. C�est � peu pr�s la date assign�e au Bocchoris de la XXIVe dynastie par les chronographes. Mais cette date a pour but de faire co�ncider les fondations de Carthage et de Rome, synchronisme absurde, emprunt� � Tim�e (Denys d�Halicarnasse, I, 74). [7] Supra, I, � 126. [8] Supra, I, � 110 suiv. [9] Ce chiffre ne s'accorde ni avec celui de la Bible (I Rois, vi, i), 480 ans, ni avec celui de Jos�phe lui-m�me dans les Antiquit�s (VIII, 3, i, � 61) 592 ans. Mais on le retrouve dans un autre passage des Antiquit�s (XX, 10, 1, � 230). [10] L'extrait de Lysimaque ci-dessus (I, 304 suiv.) ne donne aucun chiffre. Nous avons d�j� (note, I, � 234) signal� d'autres omissions de ce genre, r�par�es apr�s coup par Jos�phe. [11] Le texte ci-dessus d'Apion (� 21), quoique tr�s entortill�, pourrait s'interpr�ter autrement : le sabbat aurait �t� institu� en Jud�e, en souvenir du repos du 7e jour, mais ce repos n'aurait pas eu lieu n�cessairement en Jud�e. [12] Willrich (Juden und Griechen vor der makkaba�chen Erhebung, p. 176) signale une contradiction entre ce texte et le � 48 o� il serait question des anc�tres Mac�doniens d'Apion ; mais dans ce dernier �, le mot Maxed�nvn est probablement interpol� (Naber). [13] Il n'y a aucune raison de mettre on doute l'assertion de Jos�phe suivant laquelle Apion serait n� dans l'oasis d'Egypte, c'est-�-dire dans une des deux grandes oasis qui formaient des nomes particuliers (Ptol., IV, 5, 61). Mais il n'on r6sulte pas n�cessairement, comme le veut Jos�phe, qu'il f�t de race �gyptienne, ni m�me, comme celui-ci l'insinue plus loin (�� 32 et 41), qu'Apion ne d�t la qualit� d'Alexandrin qu'� la naturalisation personnelle. Nous savons par les papyrus que beaucoup de Grecs habitant les nomes de province jouissaient du droit de cit� alexandrine, soit qu'ils fussent d'origine alexandrine, soit que leurs anc�tres eussent �t� naturalis�s alexandrins. Sur cette question voir, outre le livre cit� de Willrich, Isidore L�vy, Rev. Et. juives, XLI (1900), p. 188 suiv. ; Wilcken, Grundz�ge, p. 46 ; Schubart, Archiv f. Papyruskunde, V, 105 ; Jouguet, Vie municipale, p. 10, 95. [14] Le quartier juif �tait situ� dans l'Est d'Alexandrie, au del� du port, mais dans le voisinage du ch�teau royal ; la n�cropole �tait � l'extr�me Ouest de la ville. [15] Cf. Bellum, II, 8, 7. En r�alit� l'�tablissement des Juifs � Alexandrie ne para�t pas ant�rieur � Ptol�m�e S�ter ; cf. Ant., XII, 8. [16] Jouguet suppose que le terme mac�donien d�signait � Alexandrie les immigr�s, par opposition aux indig�nes �gyptiens. [17] Nous ne savons rien de ces lettres et ordonnances. Quant � la � st�le de C�sar le Grand � qui est encore mentionn�e Ant., XIV, 10, 1, elle �mane en r�alit� d'Auguste (R. �t. Juives, 1924, p. 123). [18] S'agit-il du titre d'Alexandrin usurp� par les Juifs ou ce titre leur avait-il �t� conf�r� dans quelque document officiel ? Nous connaissons un document de ce genre : c'est l'�dit de Claude, Ant., XIX, 280. Mais dans le pap. Berlin 1140 un p�titionnaire juif ayant �t� d�sign� comme ᾿Αλεξαδρείας le scribe a corrig� en : ᾿Ιουδαίων τῶν ἀπὸ ᾿Αλεξαδρείας. [19] Assertion r�it�r�e (Ant., XII, 3, 1) dont on voudrait la preuve. Dans II Maccab�es, IV, 9, nous voyons Jason promettre des sommes consid�rables � Antiochus �piphane, s'il permet, entre autre, τοὺς ἐν ῾Ιεροσολύοις ᾿Αντιοχεῖς ἀνχγράφαι. Ce texte se rapporte � J�rusalem, non � Antioche. En tout cas, � l'�poque romaine, les Juifs d'Antioche jouissent du droit de cit� et leurs privil�ges sont inscrits sur des tables de bronze (Bellum, VII, 5, 2). [20] Cf. Ant., XII, 3, 2, o� l�on voit que la chose est contest�e. Il s�agit surtout d�Antiochus II Th�os. Voir la note de Sch�rer, III (3e �d.), p. 81-2 [21] Il y a l�, en ce qui concerne les Ib�res (Espagnols), une forte exag�ration. L�Espagne renfermait bon nombre de colonies, de municipes, et Vespasien en 75 avait conf�r� le J�s Latii � toute la p�ninsule (Tacite, Hist., III, 53, 70 ; Pline, III, 4, 30) ; mais le droit latin n��tait pas encore la cit� romaine. [22] Assertion r�p�t�e au � 72 infra, mais qui est exag�r�e. Nous savons seulement : 1� que les �gyptiens pour arriver � la cit� romaine devaient d�abord �tre re�us citoyens d�Alexandrie (Pline � Trajan, Ep. 6), admission qui devait �tre accord�e par l�empereur (Pline � Trajan, Ep. 10 ; Trajan � Pline, Ep. 7) ; 2� que l��gyptien, m�me admis � la cit� romaine, ne pouvait exercer les fonctions qui donnaient au s�nat (Dion Cassius, LI, 17, 2).
[23] Ce renseignement ne d�rive
pas du v�ritable H�cat�e, car c'est sous D�m�trius II que trois
districts seulement de la Samaritide furent annex�s, avec exemption d'imp�ts,
� la Jud�e (I Maccab�es, xi, 34). Cf.
Sch�rer, I (2e �dit.), p. 141 et Willrich, Judaica, p.
97. [24] Ici et Ant., XII, c. 7-9, Jos�phe s'inspire du pseudo-H�cat�e et du pseudo-Arist�e, c. 13 Wendland, et par cons�quent exag�re ; mais il y avait certainement de petites garnisons juives en �gypte, par exemple celle d'Athribis, au sud du Delta (Rev. �t. j., XVII, 1888, p. 435), les castra Judaeorum � l'est (Notitia dignitatum) et le ᾿Ιουδαίων στρατόπεδον � l'ouest (Ant., XIV, 8, 25 ; Bellum, I, 9, 4). Peut-�tre m�me la garnison juive d'�l�phantine a-t-elle encore subsist� quelque temps sous les Ptol�m�es. Cf. Sch�rer, III (3e �d.) p. 22. [25] Renseignement non confirm� par ailleurs. [26] Tout ce � d�rive de la � lettre d'Arist�e � Philocrate �. [27] Ce renseignement ne se trouve nulle part ailleurs. [28] Ptol�m�e VI Philom�tor r�gna de 181 � 145 avant J.-C. ; Cl�op�tre (II) �tait sa femme et sa soeur. [29] Dosith�os (Samaritain ?) n'est pas autrement connu. Onias peut bien �tre identique au fondateur du temple de L�ontopolis (vers 160). [30] Apr�s la mort de Philom�tor (145), sa veuve avait proclam� roi leur fils (Philopator n�os) ; mais le fr�re du feu roi, Ptol�m�e (VIII) Everg�te II (Physcon), vint de Cyr�ne, sans doute � l'invitation des Alexandrins, tua le jeune roi et s'empara du tr�ne et de la reine, qu'il �pousa. [31] L. Minucius Thermus qui avait d�j� en 154 install� Everg�te II � Cypre (Polybe, XXXIII, 5). [32] Filios = enfants, non fils. Philom�tor ne laissa pas plusieurs fils, mais un seul, Philopator N�os ; un fils a�n� (Eupator) �tait mort avant son p�re. Mais il y avait aussi une fille, Cl�op�tre III, que Physcon �pousa peu apr�s. [33] L'�pisode des �l�phants est mis sur le compte de Ptol�m�e IV Philopator (221-204) par le IIIe livre des Macchab�es, c. 4-5. L'origine commune de ces l�gendes doit �tre une f�te v�ritable, analogue � celle de Pourim, et qui fut peut-�tre l'origine de celle-ci. D'autre part Willrich a cherch� � montrer (Hermes, XXXIX, 244 suiv.) que l'intervention des g�n�raux juifs contre Physcon est une transposition d'un �pisode qui se placerait en r�alit� vers 88 au temps o� S�ter II supplanta Ptol�m�e Alexandre. Une pers�cution des juifs d'Alexandrie � cette �poque est attest�e par Jordan�s, c. 81 Mommsen. [34] Repr�senter la guerre de Cl�op�tre contre Octave comme une � r�volte �, est bien caract�ristique de l'historiographie officielle de l'Empire. [35] Celle de 43/2 av. J. C. Cf. Wilcken, Grundz�ge, p. 364, [36] Jules C�sar fut secouru par le contingent juif d'Hyrcan et d'Antipater dans la guerre d'Alexandrie, dont le r�cit lui �tait attribu�. [37] En 19 ap. J.C. Le v�ritable motif est que des distributions de ce genre ne devaient profiter qu'aux citoyens (Wilcken, Hermes, 63, 52). [38] Sur ces � camps juifs � cf. Sch�rer, 3. �d., III, 98, note. [39] Jos�phe songe aux conflits qui opposaient les adeptes de cultes locaux antagonistes (Plutarque, De Iside, 72 ; Juv�nal, Sat. xv, 33-92). [40] L'id�e parait �tre que les �gyptiens, en adorant des animaux hostiles � l'esp�ce humaine, manquent � la loi de solidarit� entre les hommes. [41] Cf. plus haut � 41 et la note. [42] On se rappelle la crise soulev�e par la pr�tention de Caligula de faire �riger sa statue dans le temple de J�rusalem. [43] Au temple de J�rusalem on sacrifiait deux fois par jour pour le salut de l'Empereur et du peuple romain (Guerre, II, 197). Mais il semble que ce f�t aux frais de l'empereur (Philon, Leg. ad Caium, � 157). [44] Antiochos Sid�t�s surnomm� Εὐσεβής; (Ant. jud., XIII, � 244), qui prit J�rusalem en 130 av. J.-C. [45] Sur les honneurs rendus en �gypte � la victime d'un crocodile, v. H�rodote, II, 90. L'assertion relative � la vip�re est isol�e, mais on ne doit sans doute pas �tre mise doute. Spiegelberg (Sitzungsb. Bayr. Ak. Wissenschaften, 1925, 2, p. 2) s'est appuy� sur le texte de Jos�phe pour conjecturer que Cl�op�tre a voulu mourir de la morsure d'une vip�re pour s'assurer la divinisation. [46] Pourtant le Deut�ronome (xxv, 4) d�fend de museler le boeuf qui foule le grain, � plus forte raison de le battre s'il en mange un peu. [47] Jos�phe veut-il dire qu'Apion a copi� une source �crite, ou qu'il a suivi des on-dit ? Dans le premier cas, le seul �crivain ancien dont on puisse le rapprocher est Damocrite, auteur d'un ouvrage sur les Juifs connu par une notice de Suidas (Textes d'auteurs grecs et romains, p 121). Mais l'�poque de ce Damocrite est compl�tement inconnue. Il est du moins certain qu'il y a une parent� entre l'�crit r�sum� par Suidas et celui d'Apion : Damocrite a �lev� contre les Juifs les deux m�mes griefs (culte de la t�te d'�ne, sacrifice de l'�tranger), qu'Apion a group�s dans l'histoire de la visite d'�piphane au Temple. Les variantes sont d'importance secondaire : la principale porte sur la fr�quence du meurtre rituel. [48] Apion ne para�t pas responsable de l'absurdit� que lui pr�te Jos�phe le texte cit� � 95 ne signifie pas que tous les Juifs participent au sacrifice. [49] Texte peut-�tre mutil�. [50] La description qui suit est une des sources de notre connaissance du temple d�truit par Titus, quoiqu'elle soit moins circonstanci�e que Bell. V, 5 et Ant. Jud. XV, II. Jos�phe s'y est inspir� de ses souvenirs personnels. [51] Plus exactement � dans le sanctuaire �. [52] On ne voit pas bien de quel autel il s'agit. Ailleurs (Guerre, V, 5, 5) Jos�phe ne mentionne que les trois derniers objets. [53] Ces quatre tribus repr�sentent les quatre groupes sacerdotaux primitifs revenus avec Zorobabel : Yedaya, Immer, Pachkhour, Kharim. Notre passage est le seul qui atteste encore l'existence de cette division � la fin de l'�poque du second Temple, o� d'ordinaire (par ex. Vita, c. I) l'on compte 24 classes de pr�tres (6 par groupe, Talmud de J�rusalem, Taanit, 68 a). Le chiffre de 5.000 pr�tres par groupe est sans doute exag�r�, m�me en y comprenant les l�vites. [54] Mnas�as de Patara, polygraphe du iiie si�cle av. J.-C. [55] Il s'agit bien probablement dans la pens�e de Mnas�as de Adora (aujourd'hui Do�ra) ville effectivement situ�e en Idum�e. La m�me faute se retrouve Ant. jud., XIV, 88 (cf. Benzinger, v. Adora dans Pauly-Wissowa). [56] Culte attest� chez les Idum�ens par l'inscription de Memphis, Strack, Archiv f�r Pap., III, 129. [57] Ici reprend le texte grec. [58] 30 sur 15 d'apr�s Guerre, V, 202. [59] 20 par porte (Guerre, VI, 293). [60] Le d�veloppement qui suit (� 121-124) serait mieux � sa place apr�s le � 111 puisqu'il se rattache � la l�gende du serment contre les Grecs du � 95. Peut-�tre s'agit-il d'un morceau rajout� par Jos�phe in extremis en marge et introduit � une fausse place par les copistes. [61] L'invocation � Dieu qui a cr�� ciel, terre et mer est biblique (N�h�mie, ix, 6 ; Psaume, 146, 6 ; Actes des Ap�tres, iv, 24). Apion a-t-il su l'existence de cette formule ? Ou son texte a-t-il �t� remani� par Jos�phe ou sa source juive ? [62] La prise de J�rusalem par Pomp�e a inspir� � Cic�ron une r�flexion analogue (Pro Flacco, � 69 = Textes d'auteurs grecs et romains, p. 241). [63] Cf. Ovide, M�tamorphoses, V, 325 suiv. ; Diodore, I, 86, etc. [64] Les incendies de l'Acropole d'Ath�nes par les Perses, du temple d'�ph�se par H�rostrate sont bien connus L'allusion nu temple de Delphes peut se rapporter soit � l'incendie du temple primitif (548) soit � celui qu'allum�rent les barbares Maides au temps de Sylla (Plut. Num. 9); il s'agit plut�t de ce dernier �v�nement. [65] Allusion possible � la c�cit� dont auraient �t� frapp�s S�sostris et son fils (H�rodote, II, iii). [66] Depuis l'insurrection des Macchab�es (168). [67] Sur la circoncision des �gyptiens, cf. H�rodote, II, 37 et 104 ; sur celle des pr�tres en particulier, voir W. Otto, Priester und Tempel im hellenistischen Aegypten, I, 214; II, 326. Sur l'abstinence de la viande de porc, Plutarque, Quaest. conviv., IV. 5.
[68]
H�rodote, II, 104
(v. supra. I, � 169). [69] Le plaidoyer pour la l�gislation juive ainsi annonc� (ch. xv et suiv.) pr�sente de nombreuses concordances avec les Hypothetica de Philon dont Eus�be a conserv� un extrait, Praep. Ev., VIII, 6-7, pp. 355 c-361 b (cf. Wendland, Die Therapeuten und die phil. Schrift vom beachaul. Leben, 709-12; B. Motzo, Atti della R. Ac. di Torino, XLVII, 1911-2, 760; I. L�vy, La L�gende de Pythagore. p. 212). Jos�phe est tributaire de la source m�me o� a puis� Philon, une apologie du juda�sme compos�e suivant toute apparence � Alexandrie vers le d�but de l'�poque romaine. Il affecte de d�fendre la pure loi de Mo�se, tandis que Philon reconna�t (l. l., 358 d) que les prescriptions qu'il �num�re ne sont pas toutes contenues dans le Pentateuque et proviennent en partie de � lois non �crites �. [70] Le mot n�mow ne se trouve pas, en effet, dans les po�mes hom�riques ; les plus anciens exemples sont dans H�siode. [71] Jos�phe songe sans doute aux objets pr�cieux dont les fils d'Isra�l, au moment du d�part, d�pouill�rent les �gyptiens (Exode, xii, 35-7). Les Juifs alexandrins, choqu�s de ce que la Bible contait comme un tour de bonne guerre, ont essay� de divers moyens pour �liminer de l'incident tout ce qui ressemblait � un abus de confiance, cf. Jos�phe, Ant., I, � 314, et Ezekiel le Tragique, fr. 7, v. 35. [72] Noter la prudence rationaliste avec laquelle Jos�phe d�fend � l'inspiration � divine de Mo�se. [73] Jos�phe a utilis� cet argument dans les Ant. II, 3, i � 23-4, o� Ruben, pour dissuader ses fr�res de tuer Joseph, leur remontre que Dieu, � qui rien n'�chappe, ch�tiera le fratricide. L'id�e, qui n'est pas formul�e dans la Bible, est un lieu commun pythagoricien, cf. Jamblique 174. [74] Ces insulteurs sont d'apr�s � 145 Apollonios Molon et Lysimaque; le grief de go�teia revient chez Celse (Orig�ne, Contre Celse, I, 26 = Textes, p. 165), et Pline (XXX, i = Textes, p. 282) ainsi qu'Apul�e (Apol., 90 = Textes, p. 335) nomment Mo�se dans une liste de magiciens fameux. Jos�phe a puis� � la m�me source que Philon, ap. Eus�be, Praep. Ev. VIII, 6, 356 a. [75] Texte tr�s alt�r�. Les conjectures de Niese admises, il s'agit de Minos et de Lycurgue. [76] Division platonicienne, qu'on retrouve chez Polybe, Cic�ron, etc. [77] Ce mot, qui a fait fortune on changeant un peu de sens, est donc de l'invention de Jos�phe - ou de sa source. [78] L'id�e que les philosophes grecs sont tributaires de la Bible est depuis l'�poque ptol�ma�que un lieu commun de l'apolog�tique jud�o-alexandrine. D�j� Artapanos imaginait qu'Orph�e fut le disciple de Mousaios-Mo�se. Suivant Philon, c'est de Mo�se que se sont inspir�s H�raclite et les sto�ciens (cf. Elter, De gnomol. graec. historia, 221 ; Br�hier, Les id�es philos. et relig. de Philon d'Alexandrie, 48 ; Paul Kr�ger, Philo und Josephas als Apologeten des Judentam 21). Aristobule (soi-disant contemporain de Ptol�m�e VI Philom�tor, en r�alit� pr�te-nom d'un faussaire d'�poque imp�riale) fait d�pendre de Mo�se, outre Hom�re et H�siode, Pythagore, Socrate et Platon (Eus�be, Praep. Ev., XIII, 12) et Cl�ment d'Alexandrie assure qu'il attribuait la m�me origine � la philosophie p�ripat�ticienne (Strom. V, 14, 97). [79] Jos�phe s'aventure beaucoup en identifiant, par exemple, le panth�isme sto�cien au monoth�isme h�breu. [80] M�me expression chez Philon, Vita Mosis. I, 6 � 29 et d�j� dans la source de Jamblique, V. P., 176. [81] Cette � concorde � remplace la sagesse, φρόνησις, comme 4e vertu cardinale (Thackeray). [82] Le d�but de � 172, avec les mots de � 172 � ce qu'il fallait faire ou �viter � provient du document copi� par Jamblique, Vil. Pyth. 86 et 137. Il en est de m�me de � 192 (� il faut suivre Dieu �) et de � 197 (sur la pri�re). Cf. I. L�vy, La L�gende de Pythagore, p. 213. [83] V. Plutarque, Lycurg., 13.
[84] Th�orie conforme �
l'enseignement talmudique. Cf. Aboth R. Nathan, p. 22; Sabbath, p. 318. [85] Jos�phe, comme le Talmud de J�rusalem (Megilla, IV, 75 a), attribue � Mo�se l'institution des lectures sabbatiques. [86] Allusion aux assesseurs des archontes ath�niens et au conseil des gouverneurs romains. [87] Deut�ronome, vi, 7 ; xi, 19. [88] Supra, II, �� 135 et 148. [89] Les attributions judiciaires des pr�tres sont encore tr�s limit�es dans le Deut�ronome (xvii, 8, etc.). Elles se sont d�velopp�es � l'�poque du second temple, et d�j� H�cat�e remarque que Mo�se confia aux pr�tres le jugement des causes les plus importantes (Diodore de Sicile, XL, 3, 6 = Textes d'auteurs grecs et romains, p. 17).
[90] L�id�e que Dieu est le
commencement et la fin de tout peut s�appuyer sur divers textes bibliques,
mais non pas celle qu�il en est aussi le milieu. Selon les rabbins (p. ex.
Jer., Sanh�drin, 18 a) si le mot v�rit� ( [91] Exode, xx, 4, etc. [92] La lumi�re est nomm�e en t�te, conform�ment � Gen�se i, 3. [93] Coup de griffe � Philon (De opif. mundi, � 24), qui, entra�n� par le Tim�e, attribuait � Dieu des collaborateurs. Pour tout le passage, cf. Gen�se Rabba, 1 et 3.
[94]
Cf. Philon, De opif.
mundi, ad
fin. ; Rosch Haschana, 11 a (= Houllin 60 a).
[95] Formule qui remonte �
Platon, Gorgias, 510 b et � Aristote, Eth. Nicom.
VIII, i, 1155. Cf. Dibelius, Neue Jahrb. far das klaas, Alt. 1915,
XXXV, p. 232. [96] Id�e platonicienne(Lois, III, 687 D), sans fondement dans la Bible, mais ressemble singuli�rement � la doctrine de l��vangile selon St Mathieu, vi, 8 suiv. [97] Cette restriction n�est nulle part formul�e dans la Loi, mais elle est dans l�esprit du Talmud (interdiction d��pouser une femme st�rile : Yebamot, 61 b ; Tossefta Yebamot, 8, 4 ; r�pudiation de la femme qui n�a pas d�enfants apr�s six ans de mariage : Mishna Yebamot, 6, 6). Jos�phe s�est aussi souvenu de la doctrine ess�nienne, Bell. Jud., II, 8, 13 [98] L�vitique, xviii, 22 ; 29 ; xx, 13. [99] Usages attest�s par l��criture, mais non prescrits par le Loi. [100] Gen�se, iii, 16 [101] Les diff�rentes vari�t�s d�adult�re sont pr�vues et punies, Deut�ronome, xxii, 22-27 ; L�vitique, xx, 10. Mais nulle part il n�est prescrit au mari � de ne s�unir qu�� sa femme �. L�adult�re, dans la Bible, ne d�signe que le commerce ill�gitime avec la femme (ou fille) d�autrui. [102] La Loi ne renferme aucune disposition contre l�avortement. Il est absurde d�interpr�ter comme telle la b�n�diction, Exode, xxiii, 26. [103] Sur l�impuret� de l�accouch�e, cf. L�vitique, xii. [104] Jos�phe para�t avoir mal interpr�t� le verset L�vitique, xv, 18 qui ne vise que le cas o� l�homme est afflig� d�un flux. Le Talmud conna�t des ablutions apr�s les rapports conjugaux : 1� pour les pr�tres, avant la consommation des pr�mices (Baba Kamma, 82 b), 2� pour les la�ques, avant la pri�re ou l��tude de la loi (mais ceci fut abrog�, Berakhot, 22 ; Houllin, 126). [105] Encore une id�e ess�nienne ; cf. Bell. Jud., ii, 8, 11. [106] Cela n�exclut pas les f�tes � l�occasion d�une naissance ou d�une circoncision. [107] Deut�ronome, vi, 7 ; xi, 19. [108] On ne trouve pas de prescriptions � ce sujet dans la Loi, mais bien dans le Talmud (Moed Katan, 27 a ; jer. Schekalim, 11) [109] Rien de tel dans l��criture mais, cf. Talmud, Berakhot, 18 a ; Eccl�siastique, vii, 34. [110] Nombres, xix, 11 suiv. ; L�vitique, xxi, 1 ; xxii, 4. [111] L�interpolateur cherche un motif rationnel pour d�antiques usages fond�s sur des croyances �vanouies. [112] Dans le D�calogue (Exode, xx, 12 = Deut�ronome, v, 16), imm�diatement apr�s les articles relatifs � la divinit� vient celui qui prescrit d�honorer ses parents. [113] Deut�ronome, xxi, 18 suiv. Mais il faut plus qu�un � manque de reconnaissance � pour �tre lapid�. [114] L�vitique, xix, 32. [115] Daniel, vii, 9 (Dieu est appel� l�Ancien des jours). Jos�phe interpr�te peut-�tre aussi � sa fa�on L�vitique, xix, 32 : Tu te l�veras devant la vieillesse� crains l�Eternel, ton Dieu. [116] Doctrine ess�nienne (Bell. Jud., ii, 8, 7), inconnue au Pentateuque. [117] Plusieurs proverbes prohibent l�indiscr�tion (xi, 13 ; xx, 19 ; xxv, 9), mais il n�y est pas question de livrer les secrets de ses anciens amis. [118] Exode, xxiii, 8 ; Deut�ronome, xvi, 19 ; xxvii, 25. Nulle part cependant n�appara�t le peine de mort. [119] Ce n�est, dans la Bible, qu�un pr�cepte moral : Deut�ronome, xv, 7 suiv. [120] Quoique confirm�e par le � 216 cette prescription est bien singuli�re. En lisant ὁ κατέθηχεν (sans μή) on aurait un parall�le dans L�vitique, v, 21 (d�n�gation du d�p�t). [121] Exode, xx, 15 ; xxii, 1 suiv. ; L�vitique, xix, 11 ; Deut�ronome, v, 17. [122] Exode, xxii, 25 ; L�vitique, xxv, 36-7 ; Deut�ronome, xxiii, 7. [123] Exode, xxii, 21 ; xxiii, 9 ; L�vitique, xix, 33 ; Deut�ronome, x, 19 ; xxiii, 7. [124] Probablement une allusion � l'exclusion de l'�tranger de la f�te de P�ques (Exode, xii, 43). [125] Deut�ronome, xxvii, 18 : � Maudit soit celui qui �gare l'aveugle en son chemin �. Juv�nal, XIV, 103, reprochait aux Juifs non monstrare vias eadem nisi sacra colenti. Jos�phe avait d�j� g�n�ralis� le pr�cepte du Deut�ronome dans Ant., IV, 276. [126] On a voulu voir l� un d�veloppement du verset Deut�ronome, xxi, 23 qui prescrit d�enterrer le pendu (parce qu�il souille ceux qui le voient). On se rappellera aussi Tobit, i, 16 suiv. [127] Pas de texte. [128] Deut�ronome, xx, 19. [129] Rien de pareil dans la Loi. [130] Deut�ronome, xxi, 10 suiv. [131] D�fense de faire travailler le b�uf et l��ne pendant le sabbat, Deut�ronome, v, 14, etc. [132] On cherche vainement cette prescription dans le Pentateuque (mais cf. Baba Mezia, 85 a). [133] L�vitique, xxii, 28 ; Deut�ronome, xxii, 6. [134] Pas de texte. [135] L�vitique, xx, 10. [136] Seulement si la vierge �tait fianc�e, Deut�ronome, xxii, 23. [137] L�vitique, xx, 13. [138] Texte sans doute alt�r�. [139] Sur les faux poids, fausses balances, le dol, etc., les textes sont simplement prohibitifs (L�vitique, xix, 11-13 ; 35-36 ; Deut�ronome, xxv, 13-15). [140] Deut�ronome, xxi, 18 ; L�vitique, xxiv, 13. [141] Opinion pharisienne (Ant., XVIII, 14) sans fondement biblique. [142] L'opposition entre les Juifs attach�s � la tradition et les Grecs amis des nouveaut�s a d�j� �t� indiqu�e II, � 182. [143] Geffcken (Hermes, 1928, p 101) a rapproch� l'expression de Jos�phe de celle de l'auteur cit� par Ath�n�e 508 b c (suivant toute apparence H�rodicus de Babylone) : Ath�nes, qui a vu na�tre Dracon, Solon et Platon, a ob�i aux deux premiers, mais n'a eu que ris�e pour les Lois et la R�publique. [144] Cette observation, qui n'est gu�re � sa place, parait provenir du contexte de la source de � 169. Il est sans doute fait allusion � Tim�e 28 c, o� Platon d�clare qu'il est impossible de communiquer � tout le monde la nature v�ritable du d�miurge. [145] Cic�ron, Pro Flacco, 63, admire les Spartiates pour �tre rest�s fid�les jusqu'� son temps aux lois re�ues sept si�cles auparavant. Moins hyperbolique, Plutarque fait valoir comme un exemple exceptionnel de stabilit� politique que Sparte a observ� pendant cinq si�cles la constitution de Lycurgue sans autre changement que l'institution des �phores (Lycurgue, 30). [146] Jos�phe a d�j� indiqu� plus haut I, � 36 que l'intervalle qui s�pare son �poque de celle de Mo�se et d'Aaron est de deux mille ans. Ce chiffre qui exc�de de 200 environ celui qui r�sulte des donn�es chronologiques pr�cisas diss�min�es dans les Antiquit�s et la Guerre, se retrouve chez Philon (Eus�be, Praep. Ev., VIII, 7, 357 b) et est sans doute emprunt� � la source des Hypothetica. [147] Cf. Nicolas de Damas, fr. 114, 1 ; Elien, Var. Hist., VI, 6, etc. [148] Allusion notamment � l'affaire de Sphact�rie. [149] Allusion � Exode, xxii, 28, verset que les Septante interpr�tent ~ et qui est entendu dans le sens indiqu� par Philon, Vit. Mos., III, 26 � 205 ; De Monarch., p. 818, � 7 ainsi que par Jos�phe lui-m�me, Ant., IV, 207 (voir la note sur ce passage). On peut aussi rapprocher Exode, xxiii, 13 : � Vous ne prononcerez point le nom d'autres dieux �. [150] Les Titans. [151] Allusion � la sc�ne de l'Iliade, A, 399. [152] H�pha�stos. [153] Ath�n�e. [154] Ar�s. [155] Apollon. [156] Apollon et Art�mis. [157] Allusion au c�l�bre �pisode de l'Ida, Iliade, Y, 329 suiv. [158] Pos�idon, Apollon, les Titans. [159] C'est la traduction normale de �potropa�ouw, mais � lire la phrase suivante il semble bien que Jos�phe ait pris ce mot au sens passif � dieux � d�tourner � qui ne se rencontre qu'avec des termes abstraits, id�e, spectacle, calomnie, etc. (Thackeray). [160] Nous laissons de c�t� les gloses qui encombrent le texte du Laurentianus, �� 253 et 254. [161] Texte obscur. [162] R�publique, II in fine ; III, 398 A. [163] Sur Platon imitateur de Mo�se, v. supra. note � II � 168. [164] Lois, XII, 949. [165] Jos�phe a d�j� indiqu� (II, � 148) qu'Apollonios reprochait aux Juifs leur misanthropie. [166] Pour cette locution, cf. I, � 255. [167] Une meule, d'apr�s la le�on du Laurentianus. [168] Au milieu du ive si�cle (D�mosth�ne, XIX, 285 ; et schol., XXXIX, 2 ; XL, 9. Denys d'Halicarnasse, Dinarch., 11). Elle avait introduit des myst�res phrygiens. [169] H�rodote IV, 76-7 [170] Allusion aux incendies de temples et aux attentats contre jeunes filles et jeunes gar�ons dont H�rodote (VI, 32) accuse les Perses. [171] Comme dans Ant., IV, 291, Jos�phe interpr�te dans le sens de l'interdiction de la castration le verset L�vitique, xxii, 24 ; mais on ne voit pas d'o� lui vient l'id�e que le contrevenant encourt la peine de mort. [172] Cf. supra II, � 259. [173] D�rive de la m�me source que Cic�ron, R�p., IV, 4 et Plutarque, De educ. pueris, 15. [174] Zeus et Ganym�de. [175] Zeus et H�ra. [176] Le commerce entre m�les est comme on a vu II � 215 puni de mort par la Bible ; il en est de m�me pour l'inceste du fr�re ou de la soeur (L�vitique, xx, 19). [177] Cf. plus haut, �� 168 et 256. [178] Les id�es exprim�es �� 280 et 282 apparaissent d�j�, suivant la remarque de Cohn, chez Philon, Vita Mosis, II �� 20-23. Cf. Tertullien, Ad Nationes, I, 13, avec les observations de Sch�rer, Geschichte, III, 166, n. 49. - L'allumage des lampes (ritus lucernarum chez Tertullien) se pratiquait le vendredi soir, avant le commencement du sabbat, afin de ne pas contrevenir au pr�cepte d�fendant de faire du feu le jour f�ri� (Exode, xxxv, 3). Cet usage, dont Jos�phe et Tertullien attestent la popularit� chez les demi-pros�lytes, a �t� raill� par S�n�que et Perse (Textes d'auteurs grecs et romains, p. 263 et 264). [179] Principalement Ant., livre III, ch. ix - xii.
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