RETOUR � L�ENTR�E DU SITE

ALLER A LA TABLE DES MATIERES DE FLAVIUS JOSEPHE

 

GUERRE DES
JUIFS

 

introduction 
livre 1
livre II
livre III
livre IV
livre V
livre VI

texte num�ris� et mis en page par Fran�ois-Dominique FOURNIER

Les mots grecs dans les notes ont �t� ajout�s le 08 mai 2006 (F.-D. F)

 

FLAVIUS JOS�PHE

Guerre des juifs.

texte grec

 

 

LIVRE 7 (01)

I 

J�rusalem est ras�e ; Titus r�compense les vainqueurs

1. J�rusalem est ras�e. - 2-3. Titus remercie et r�compense ses troupes.

1. [1] Quand l'arm�e n'eut plus rien � tuer ni � piller, faute d'objets o� assouvir sa fureur - car si elle avait eu de quoi l'exercer, elle ne se serait abstenue par mod�ration d'aucune violence - C�sar lui donna aussit�t l'ordre de d�truire toute la ville et le Temple, en conservant cependant les tours les plus �lev�es, celles de Phasa�l, d'Hippicos, de Mariamme, et aussi toute la partie du rempart qui entourait la ville du cit� de l'ouest. Ce rempart devait servir de campement � la garnison laiss�e � J�rusalem ; les tours devaient t�moigner de l'importance et de la force de la ville dont la valeur romaine avait triomph�. Tout le reste de l'enceinte fut si bien ras� par la sape que les voyageurs, en arrivant l�, pouvaient douter que ce lieu e�t jamais �t� habit�. Telle fut la fin de J�rusalem, cit� illustre, c�l�bre parmi tous les hommes, victime de la folie des factieux.

2. [5] C�sar r�solut d'y laisser pour garnison la dixi�me l�gion, avec quelques escadrons de cavalerie et quelques cohortes d'infanterie. Apr�s avoir pris les mesures qui marquaient la fin de la guerre, il d�sirait f�liciter toute l'arm�e de ses succ�s, et donner � ceux qui s'�taient distingu�s les r�compenses qu'ils m�ritaient. A cet effet, on �leva pour lui, au milieu de l'ancien camp, une vaste tribune ; il s'y tint debout, entour� de ses officiers, de mani�re � �tre entendu de toute l'arm�e. Titus d�clara aux soldats qu'il leur devait une vive reconnaissance pour l'affection qu'ils lui avaient t�moign�e et continuaient � lui garder. Il les loua de leur ob�issance pendant toute la guerre ; ils la lui avaient montr�e en m�me temps que leur courage, parmi de nombreux et graves p�rils. Par leurs propres efforts, ils avaient accru ainsi la puissance de la patrie et rendu �vident aux yeux de tous les hommes que ni la multitude des ennemis, ni les fortifications, ni la grandeur des cit�s, ni l'audace irraisonn�e, non plus que la sauvage cruaut� de leurs adversaires, ne pourraient jamais se soustraire aux effets de la vertu des Romains, m�me si quelques-uns de leurs ennemis jouissaient parfois des faveurs de la Fortune. C'�tait vraiment une gloire pour eux, dit-il, d'avoir mis fin � une guerre si longue, dont ils n'auraient jamais pu souhaiter, quand ils l'entreprirent, une plus heureuse issue. Leur meilleur et plus �clatant succ�s �tait de voir accueillir par tous avec joie l'�lection qu'ils avaient faite eux-m�mes des chefs et des administrateurs de l'Empire romain, qu'ils avaient envoy�s au sein de la patrie : tout le monde approuve leurs d�cisions et t�moigne sa reconnaissance aux auteurs de ce choix. Il leur exprime � tous son admiration, son affection, sachant que chacun a fait preuve de tout le z�le qui �tait en son pouvoir. A ceux, cependant, qui se sont particuli�rement distingu�s par leur �nergie, qui ne se sont pas seulement honor�s par de nobles exploits, mais ont illustr� sa campagne par leurs hauts faits, il donnera sur le champ les r�compenses et les honneurs m�rit�s; nul de ceux qui ont voulu faire plus que les autres ne sera priv� du juste prix de sa peine. Il y apportera tous ses soins, car il aime mieux honorer les vertus de ses compagnons d'armes que de ch�tier leurs manquements.

3. [13] Aussit�t il ordonna � ceux qu'il avait pr�pos�s � cette t�che (02) de nommer tous les soldats qui s'�taient distingu�s par des actions d'�clat dans cette guerre. Il les appelait successivement lui-m�me par leurs noms, et, quand il les voyait s'avancer, les louait comme si c'�taient ses propres exploits dont il �tait fier. Il mettait sur leur t�te des couronnes d'or, leur donnait des colliers d'or, de petit javelots d'or, des enseignes d'argent ; chacun d'eux �tait �lev� � un rang sup�rieur. Il leur distribuait aussi en abondance de l'argent, de l'or, des v�tements et d'autres objets, puis�s dans la masse du butin. Quand il les eut tous honor�s suivant le m�rite qu'il attribuait � chacun, il fit des pri�res pour le bonheur de toute l'arm�e et descendit du tribunal au milieu de vives acclamations. Puis il pr�sida aux sacrifices pour remercier le ciel de la victoire ; un grand nombre de b�ufs furent amen�s devant les autels; apr�s l'immolation, il les donna tous aux soldats pour leur banquet. Lui-m�me partagea pendant trois jours les r�jouissances de ses officiers ; puis il dispersa les autres parties de l'arm�e l� o� il jugea opportun de les envoyer et confia � la dixi�me l�gion la garde de J�rusalem, sans vouloir l'exp�dier sur l'Euphrate o� elle stationnait auparavant. Se souvenant d'ailleurs que la douzi�me l�gion avait, sous les ordres de Cestius, pli� devant les Juifs (03), il la retira compl�tement de la Syrie, o� elle se trouvait autrefois en garnison � Raphan�e (04), pour l'envoyer au pays de M�lit�ne, pr�s de l'Euphrate, sur les confins de l'Arm�nie et de la Cappadoce. Il d�cida de conserver aupr�s de lui deux l�gions, la cinqui�me et la quinzi�me, jusqu'� son arriv�e en �gypte. Puis il descendit avec l'arm�e jusqu'� C�sar�e, ville du littoral, o� il laissa une grande partie de son butin et fit garder les captifs ; car l'hiver s'opposait � son passage imm�diat en Italie.

II

Simon est fait prisonnier

1. Titus � C�sar�e. - 2. Simon est fait prisonnier.

1. [21] A l'�poque o� Titus C�sar s'�tablissait devant J�rusalem pour l'assi�ger, Vespasien, embarqu� sur un vaisseau marchand, avait pass� d'Alexandrie � Rhodes. De l�, voyageant sur des trir�mes et visitant les villes plac�es sur le trajet, qui le recevaient avec joie, il parvint d'Ionie en Gr�ce, ensuite de Corcyre � l'extr�mit� de l'Iapygie : de l� il acheva par terre son voyage.
Cependant Titus quitta C�sar�e, ville du littoral, pour se rendre � C�sar�e de Philippe, o� il s�journa longtemps et donna des spectacles divers. Beaucoup de prisonniers p�rirent alors, les uns jet�s aux b�tes f�roces, les autres forc�s � lutter par nombreuses troupes, comme des ennemis, les uns contre les autres. C'est l� aussi que Titus apprit la capture de Simon, fils de Gioras, qui fut op�r�e comme je vais dire.

2. [26] Ce Simon, pendant le si�ge de J�rusalem, se tenait sur la ville haute ; quand l'arm�e romaine p�n�tra � l'int�rieur des murs et se mit � ravager toute la ville, il groupa autour de lui ses plus fid�les amis, et aussi des scieurs de pierre, munis des outils de fer n�cessaires � leur travail. Il r�unit les provisions qui pouvaient suffire � leur nourriture pour un grand nombre de jours et descendit avec sa troupe dans un des souterrains dont l'entr�e �chappait aux regards. Tant qu'ils trouv�rent devant eux l'ancienne galerie, ils s'y avanc�rent ; quand une masse de terre s'opposait � leur progr�s, ils la minaient, esp�rant pouvoir, en continuant leur marche, �merger dans un endroit s�r et se sauver. Mais l'exp�rience ne r�alisa pas leur espoir, car les mineurs avaient � grand peine fait un peu de chemin que d�j� la nourriture, bien que m�nag�e avec soin, �tait presque �puis�e. Alors Simon crut pouvoir tromper les Romains en les effrayant. Rev�tu d'une tunique blanche, � laquelle �tait agraf� un manteau de pourpre, il sortit de terre � l'endroit o� se trouvait autrefois le Temple. Tout d'abord, ceux qui le virent furent saisis d'effroi et rest�rent immobiles ; puis ils s'approch�rent et lui demand�rent qui il �tait. Simon refusa de le dire, mais ordonna aux soldats d'appeler leur chef. Ceux-ci coururent aussit�t le chercher et Terentius Rufus, � qui le commandement avait �t� remis, arriva. Il apprit de Simon toute la v�rit�, le fit encha�ner et garder et pr�vint C�sar des circonstances de sa capture. Par une juste punition de sa cruaut� envers ses concitoyens, qu'il avait si affreusement tyrannis�s, Dieu livra Simon � ses ennemis les plus haineux ; ce n'est pas la violence qui le fit tomber entre leurs mains ; il se livra de lui-m�me au ch�timent, lui qui avait tu� cruellement un grand nombre de Juifs sous la fausse accusation de vouloir passer aux Romains.
C'est qu'en effet la m�chancet� n'�chappe pas � la col�re de Dieu ; la justice n'est pas faible ; avec le temps, elle poursuit ceux qui ont transgress� ses lois et inflige aux sc�l�rats un ch�timent d'autant plus dur qu'ils croyaient �chapper � ses coups, parce qu'ils n'avaient pas �t� punis sur-le-champ. Simon le reconnut bien quand il fut tomb� au fort de la col�re des Romains. Sa sortie de terre eut pour effet de faire d�couvrir aussi en ces jours-l� un grand nombre d'autres factieux dans les passages souterrains. Quand C�sar fut de retour � C�sar�e du littoral, on lui envoya Simon encha�n� ; le prince ordonna de le r�server aussi pour le triomphe qu'il se pr�parait � c�l�brer � Rome.

III

Les Juifs d'Antioche sont accus�s d'�tre des incendiaires

1-4. Les Juifs d'Antioche accus�s par Antiochos d'�tre des incendiaires.

1. [37] Pendant son s�jour dans cette ville, il f�ta avec �clat l'anniversaire de la naissance de son fr�re (05) et, pour lui faire honneur, fit p�rir dans cette f�te une foule de Juifs. Le nombre de ceux qui moururent dans des luttes contre les b�tes f�roces, dans les flammes ou dans des combats singuliers, d�passa deux mille cinq cents. Cependant les Romains, en les d�truisant ainsi de tant de mani�res, trouvaient encore trop l�ger leur ch�timent. C�sar se rendit ensuite � Berythe, colonie romaine de Ph�nicie ; il y fit un plus long s�jour, c�l�brant avec plus d'�clat encore l'anniversaire de la naissance de son p�re, tant par la magnificence des spectacles que pour les autres occasions de largesses qu'il put imaginer. Une multitude de prisonniers y p�rit de la m�me mani�re que pr�c�demment (06).

2. [41] A ce moment, ceux des Juifs qui �taient rest�s � Antioche subirent des accusations et se trouv�rent en p�ril de mort ; la ville d'Antioche se souleva contre eux, tant � cause de calomni�s r�centes dont on les chargeait que d'�v�nements qui s'�taient produits peu de temps auparavant. Il est n�cessaire que je parle d'abord bri�vement de ces derniers, pour rendre plus intelligible le r�cit des faits subs�quents.

3. [43] La race des Juifs s'est r�pandue en grand nombre parmi les populations indig�nes de toute la terre ; elle s'est particuli�rement m�l�e en tr�s grand nombre � celle de Syrie, par l'effet de la proximit� de cette contr�e. Ils �taient surtout nombreux � Antioche, � cause de la grandeur de cette ville et, plus encore, � cause de la s�curit� que leur accord�rent les successeurs d'Antiochos (07).
Car si Antiochos, surnomm� Epiphanes (08), ravagea J�rusalem et pilla le Temple (09), ceux qui lui succ�d�rent sur le tr�ne restitu�rent aux Juifs d'Antioche tous les objets votifs de bronze et en firent hommage � leur synagogue : de plus, ils les autoris�rent � jouir du droit de cit� au m�me titre que les Grecs. Les rois suivants tinrent � leur �gard la m�me conduite : aussi leur nombre s'accrut et ils orn�rent le Temple d'offrandes aussi remarquables par leur aspect que par leur richesse (10). Bien plus, ils attir�rent successivement � leur culte un grand nombre de Grecs, qui firent d�s lors, en quelque faon, partie de leur communaut� (11). A l'�poque o� la guerre fut d�clar�e, au lendemain du d�barquement de Vespasien en Syrie. quand la haine des Juifs �tait partout � son comble, un d'entre eux, nomm� Antiochos, particuli�rement honor� � cause de son p�re qui �tait archonte des Juifs d'Antioche, se pr�senta au peuple assembl� au th��tre, d�non�ant son p�re et d'autres Juifs comme coupables d'avoir d�cid� de br�ler en une nuit toute la ville : il d�non�a aussi quelques Juifs �trangers comme avant particip� � ce complot. A ce discours. le peuple ne put ma�triser sa col�re et fit tout de suite apporter du feu pour le supplice de ceux qui avaient �t� livr�s : ceux-ci furent aussit�t br�l�s en plein th��tre. Puis le peuple s'�lan�a contre la foule des Juifs, pensant que leur ch�timent imm�diat �tait n�cessaire au salut de la patrie. Antiochos nourrissait cette fureur ; pour donner une preuve de son propre changement, et de sa haine contre les coutumes des Juifs, il sacrifiait � la mani�re habituelle des Grecs ; il ordonnait de contraindre les autres � en faire autant, car le refus d'ob�ir mettrait en �vidence les conjur�s. Les habitants d'Antioche agirent en cons�quence ; cette �preuve institu�e, un petit nombre des Juifs consentirent ; ceux qui refus�rent furent mis � mort. Antiochos, ayant obtenu des soldats du gouverneur romain, traita avec cruaut� ses concitoyens, les emp�chant de rester oisifs le jour du sabbat et les contraignant � y poursuivre toutes leurs occupations des autres jours. Il appliqua ces prescriptions avec tant de rigueur que l'observance du sabbat, comme jour de repos, ne fut pas seulement viol�e � Antioche, mais aussi dans d'autres villes, o� cette n�gligence, qui avait commenc� l�, trouva quelque temps des imitateurs.

4. [54] A ces maux qui frapp�rent alors les Juifs d'Antioche se joignit encore une nouvelle calamit� ; il nous a fallu, pour la faire conna�tre, retracer les �v�nements ant�rieurs. Un incendie consuma le march� carr�, les archives, le greffe et les basiliques ; on eut grand peine � arr�ter le feu, qui se r�pandait sur toute la ville avec une extr�me violence. Antiochos accusa les Juifs de ce d�sastre. M�me si les habitants d'Antioche n'avaient pas �t� d�j� mal dispos�s � leur �gard, Antiochos, dans l'�motion produite par cet �v�nement, les aurait trouv�s pr�ts � accepter ses calomnies ; mais maintenant, apr�s ce qui s'�tait pass�, peu s'en fallait qu'ils n'eussent vu les Juifs allumer le feu ! Aussi, devenus comme furieux, s'�lanc�rent-ils tous, avec une rage insens�e, contre ceux que l'on accusait. Le l�gat Gnaeus Collega (12) parvint avec peine � calmer cette fureur ; il demanda la permission de faire un rapport � C�sar sur les �v�nements; car Caesennius Paetus, que Vespasien avait envoy� comme gouverneur de Syrie, n'�tait pas encore arriv�. Collega, proc�dant � une enqu�te attentive, d�couvrit la v�rit� ; aucun des Juifs accus�s par Antiochos n'avait particip� au crime, �uvre de sc�l�rats, charg�s de dettes, qui pensaient qu'en br�lant le march� et les registres publics ils se d�barrasseraient de leurs cr�anciers. Mais les Juifs, sous le poids d'accusations suspendues sur eux et inquiets de l'avenir, vivaient dans l'appr�hension et la terreur.

IV

R�ception de Vespasien � Rome: r�volte des Gaulois et incursions des Sarmates

1. R�ception de Vespasien � Rome - 2. R�voltes en Gaule, �cras�es par C�r�alis et Domitien. - 3. Invasion des Sarmates en Maesie, r�prim�e par Rubrius Callus.

1. [63] Titus C�sar re�ut alors des nouvelles de son p�re : il apprit que celui-ci �tait entr� dans un grand nombre de villes d'Italie, appel� par leur faveur, et que Rome surtout l'avait re�u avec beaucoup d'enthousiasme et d'�clat. Le prince frit tr�s heureux de ces nouvelles qui le d�livraient le mieux du monde de ses sou cis. Alors que Vespasien �tait encore tr�s �loign�, il jouissait, comme s'il �tait d�j� pr�sent, des sentiments affectueux de tous les Italiens ; dans leur vif d�sir de le voir, ils ressentaient l'attente de sa visite comme son arriv�e m�me, et l'attachement qu'ils lui t�moignaient �tait libre de toute contrainte. En effet, le S�nat, qui se rappelait les catastrophes caus�es par les changements rapides des princes (13), �tait heureux d'en accepter un que distinguaient la gravit� de la vieillesse et le succ�s d'entreprises guerri�res, assur� que son �l�vation au pouvoir ne tendrait qu'au salut de ses sujets. Le peuple, de son c�t�. �puis� par les calamit�s civiles, �tait encore plus impatient de voir venir Vespasien, esp�rant d'�tre compl�tement d�livr� de ses infortunes et persuad� que sa s�curit� et son bien-�tre iraient de pair. Mais c'�tait surtout l'arm�e qui avait les yeux sur lui ; les soldats connaissaient le mieux la grandeur des guerres qu'il avait conduites avec succ�s ; comme ils avaient �prouv� l'ignorance et la l�chet� des autres princes, ils souhaitaient de se purifier de toutes ces hontes ,et formaient des v�ux pour recevoir celui qui seul pouvait les sauver et leur faire honneur. Dans ce courant d'universelle sympathie, les plus �minents en dignit� n'eurent pas la patience d'attendre, mais se h�t�rent de se rendre tr�s loin de Rome au-devant du nouveau prince. Les autres �taient si impatients de tout retard, dans leur d�sir de le rejoindre, qu'ils se r�pandaient en foule au dehors ; chacun trouvait plus commode et plus facile de partir que de rester. C'est alors que, pour la premi�re fois, la ville ressentit avec satisfaction l'impression d'�tre d�peupl�e, car ceux qui rest�rent �taient inf�rieurs en nombre � ceux qui sortirent. Quand on annon�a que Vespasien approchait, quand ceux qui revenaient parl�rent de l'am�nit� de son accueil pour tous, aussit�t tout le reste de la multitude, avec les femmes et les enfants, l'attendit aux bords des voies. Dans celles o� il passait, on poussait des exclamations de toute sorte inspir�es par la joie de le voir et l'affabilit� de son aspect ; on l'appelait bienfaiteur, sauveur, seul prince de Rome digne de ce titre. La cit� enti�re ressemblait � un temple ; elle �tait remplie de guirlandes et d'encens. C'est � grand peine qu'il put, au milieu de la foule qui l'environnait, se rendre au palais ; l� il offrit aux dieux domestiques les sacrifices d'actions de gr�ces pour son arriv�e. La multitude commen�a alors � c�l�brer une f�te ; divis�s en tribus, en familles, en associations de voisins, les citoyens s'attablent � des banquets, r�pandent des libations et prient Dieu de maintenir le plus longtemps possible Vespasien � la t�te de l'Empire, de conserver le pouvoir indiscut� � ses enfants et � ceux qui successivement na�tront d'eux. C'est ainsi que la ville de Rome re�ut cordialement Vespasien et atteignit rapidement un haut degr� de prosp�rit� (14).

2. [75] Avant ce temps-l�, quand Vespasien �tait � Alexandrie et que Titus s'occupait du si�ge de J�rusalem, un grand nombre de Germains fut excit� � la r�volte ; les Gaulois du voisinage conspir�rent avec eux et se promirent, par suite de cette alliance, de se soustraire � la domination des Romains.
Ce qui poussa les Germains � ce soul�vement et � la guerre, ce fut d'abord leur caract�re, sourd aux bons conseils et prompt � braver les dangers m�me sur une l�g�re esp�rance ; ce fut ensuite leur haine contre leurs ma�tres, car ils savaient que les Romains seuls ont r�duit leur race � la servitude. Mais ce fut surtout l'occasion qui enflamma leur audace, car ils voyaient l'Empire romain troubl� dans son sein par les continuels changements de ma�tres ; ayant d'ailleurs appris que toutes les parties de l'univers soumises � leur domination �taient h�sitantes et agit�es, ils jug�rent que les malheurs et les discordes des Romains leur fournissaient une excellente occasion. Ceux qui encourag�rent ce dessein et enivr�rent les peuples de ces esp�rances furent Classicus et Civilis (15) deux de leurs chefs : ils avaient depuis longtemps et ostensiblement m�dit� cette r�volte. Maintenant, enhardis par l'occasion, ils d�clar�rent leur projet, d�sireux de mettre � l'�preuve les multitudes avides d'action. Comme d�j� une grande partie des Germains s'�taient mis d'accord pour la r�volte et que les autres ne s'y opposaient pas, Vespasien, par une sorte de pr�vision surhumaine, adressa une lettre � P�tilius C�r�alis, qui avait �t� auparavant l�gat en Germanie (16), lui conf�rant la dignit� consulaire avec l'ordre de partir pour prendre le gouvernement de la Bretagne. Il s'avan�ait vers le terme assign� � son voyage quand il fut inform� de la r�volte des Germains ; aussit�t il s'�lan�a contre leurs troupes d�j� r�unies, leur livra bataille, en tua un grand nombre dans le combat et les contraignit � renoncer � leur folie et � rentrer dans le devoir. Si d'ailleurs C�r�alis n'�tait pas arriv� si rapidement dans ces r�gions, les Germains n'auraient pas attendu longtemps leur ch�timent. Car � peine la nouvelle de leur r�volte parvint-elle � Rome que Domitien C�sar, l'apprenant, loin d'appr�hender, comme un autre l'e�t fait � cet �ge, le poids d'une exp�dition si importante - car il �tait encore dans la premi�re jeunesse - se sentit un courage naturel qu'il tenait de son p�re, une exp�rience sup�rieure � son �ge, et partit aussit�t contre les Barbares. Ceux-ci, frapp�s de terreur � la nouvelle de son approche, se rendirent � sa merci, trouvant avantage, dans leur effroi, � retomber sans calamit�s sous le m�me joug. Domitien, apr�s avoir r�tabli l'ordre qui convenait parmi les Gaulois de mani�re qu'un nouveau soul�vement f�t d�sormais difficile, retourna � Rome, illustre et admir� de tous pour des succ�s sup�rieurs � son �ge, mais dignes de la gloire de son p�re (17).

3. [89] En m�me temps que la r�volte des Germains dont nous venons de parler, les Scythes firent une audacieuse tentative contre les Romains. Celle de leurs tribus qui porte le nom de Sarmates, nation tr�s nombreuse, franchit � l'improviste l'Ister et envahit l'autre rive ; ils se pr�cipit�rent sur les Romains avec, une extr�me violence, redoutables par la soudainet� tout-�-fait impr�vue de leur attaque. Beaucoup de gardes romains des forts furent massacr�s, et parmi eux le l�gat consulaire Fonteius Agrippa (18), qui s'�tait port� � leur rencontre et combattit valeureusement. Inondant la contr�e ouverte devant eux, les Sarmates d�vast�rent tout ce qu'ils rencontraient. Vespasien, apprenant ces �v�nements et le pillage de la Moesie, envoya Rubrius Gallus (19) ch�tier les Sarmates. Beaucoup tomb�rent sous ses coups dans des combats ; ceux qui �chapp�rent s'enfuirent terrifi�s dans leur pays. Le g�n�ral, apr�s avoir ainsi termin� la guerre, assura pour l'avenir la s�curit� en r�partissant dans la r�gion un plus grand nombre de postes plus solides, en sorte que le passage du fleuve fut compl�tement interdit aux Barbares. La guerre de Moesie fut donc ainsi rapidement termin�e.

V

Triomphe de Vespasien et de Titus: fondation du temple de la Paix

1-3. Titus prot�ge les Juifs d'Antioche et revient � J�rusalem. - 3. Titus � Alexandrie et � Rome. - 4-5. Triomphe de Vespasien et de Titus. - 6. Ex�cution de Simon. - 7. Fondation du Temple de la Paix.

1. [96] Titus C�sar, comme nous l'avons dit (20), passa quelque temps � B�rytus. Puis il repartit et donna dans toutes les villes de Syrie par o� il passait de superbes spectacles : il employait les prisonniers juifs � s'entre-d�truire sous les regards du public. Sur sa route, il observa un fleuve dont les particularit�s naturelles m�ritent d'�tre signal�es. Il coule entre Arc�e (21), possession d'Agrippa, et Raphan�e et il offre une singularit� merveilleuse, car, bien qu'il ait, quand il coule, un d�bit consid�rable et un courant assez rapide, il perd ensuite, sur toute son �tendue, l'afflux de ses sources et, apr�s six jours. laisse voir son lit dess�ch� : puis, comme s'il n'�tait survenu aucun changement, il reprend son cours accoutum� le septi�me jour. On a observ� qu'il gardait toujours exactement cet ordre : de l� vient ce nom de Sabbatique qu'on lui a donn�, d'apr�s le septi�me jour de la semaine qui est sacr� chez les Juifs (22).

2. [100] Quand le peuple d'Antioche apprit que Titus �tait tout pr�s, la joie ne lui permit pas de rester � l'int�rieur des murs, et tous se pr�cipit�rent � la rencontre du prince. Ils s'avanc�rent � plus de trente stades : et ce n'�taient pas seulement les hommes qui s'�taient ainsi r�pandus hors de la ville, mais la foule des femmes avec les enfants. Quand ils virent venir Titus. ils bord�rent les deux c�t�s de la route, �tendant les mains vers lui et l'acclamant ; puis ils retourn�rent derri�re lui � la ville, avec toute sorte de b�n�dictions. A toutes ces louanges se m�lait continuellement une pri�re: celle de bannir les Juifs de la cit�. Titus, insensible � cette p�tition, �couta tranquillement ce qu'on lui disait : les Juifs, incertains de ce que pensait et ferait le prince, �taient saisis d'une terrible crainte. Titus ne resta pas � Antioche, mais se dirigea aussit�t vers Zeugma. sur l'Euphrate (23), o� des envoy�s du roi des Parthes Volog�se vinrent lui apporter une couronne d'or en l'honneur de sa victoire sur les Juifs. Il la re�ut, offrit un festin aux ambassadeurs et de l� retourna � Antioche.
Comme le S�nat et le peuple d' Antioche le priaient instamment de se rendre au th��tre o� toute la population s'�tait rassembl�e pour le recevoir, il accepta avec affabilit�. Entre temps. les citoyens redoublaient leurs instances et r�clamaient continuellement l'expulsion des Juif. Titus leur fit une r�ponse ing�nieuse : " La patrie des Juifs, o� l'on aurait d� les rel�guer, dit-il, est d�truite, et aucun lieu ne saurait plus les recevoir." Alors les citoyens d'Antioche, renon�ant � leur premi�re demande, lui en adress�rent une autre : ils le priaient de d�truire les tables de bronze o� �taient inscrits les droits des Juifs. Titus n'acquies�a pas davantage et, sans rien changer au statut des Juifs d' Antioche, il partit pour l'�gypte. Sur la route, il visita J�rusalem ; il compara la triste solitude qu'il avait sous les veux � l'ancienne splendeur de la cit� ; il se rappela la grandeur des �difices d�truits et leur ancienne magnificence et d�plora la ruine de cette ville. Ses sentiments n'�taient pas ceux d'un homme qui est fier d'avoir pris de force une cit� si grande et si puissante, car il maudit fr�quemment les criminels auteurs de la r�volte qui avaient attir� ce ch�timent sur elle. Il montrait ainsi qu'il n'e�t pas voulu tirer, du malheur des coupables punis, la glorification de sa valeur. On retrouvait alors dans les ruines de la ville des restes assez consid�rables de ses grandes richesses ; les Romains en exhum�rent beaucoup ; mais les indications des prisonniers leur en firent enlever plus encore : c'�taient de l'or, de l'argent et d'autres objets d'ameublement tr�s pr�cieux, que leurs possesseurs avaient enfouis en terre comme des tr�sors, � l'abri des vicissitudes incertaines de la guerre.

3. [116] Titus, poursuivant vers l'�gypte la route qu'il s'�tait trac�e, franchit le plus rapidement possible le d�sert et arriva � Alexandrie. L�, comme il avait d�cid� de s'embarquer pour l'Italie, il renvoya les deux l�gions qui l'accompagnaient dans les pays d'o� elles �taient venues, la cinqui�me en Moesie, la quinzi�me en Pannonie. Il choisit parmi, les prisonniers leurs chefs, Simon et Jean, et dans le reste (24) sept cents hommes remarquables par leur taille et leur beaut� qu'il ordonna de faire transporter aussit�t en Italie, car il voulait les mener � sa suite dans son triomphe. La travers�e s'acheva comme il le d�sirait. Rome lui fit une r�ception et lui marqua son empressement comme � l'arriv�e de son p�re ; mais ce qui fut plus glorieux pour Titus, c'est que son p�re vint � sa rencontre et le re�ut lui-m�me. La foule (les citoyens t�moigna d'une joie d�bordante en voyant les trois princes r�unis (25). Peu de jours apr�s, Vespasien et Titus r�solurent de ne c�l�brer qu'un seul triomphe commun � tous deux, quoique le S�nat en e�t vot� un pour chacun. Quand partit le jour o� devait se d�ployer la pompe de la victoire, aucun des citoyens composant l'immense population de la ville ne resta chez lui ; tous se mirent en mouvement pour occuper tous les endroits o� l'on pouvait du moins se tenir debout, ne laissant que l'espace tout juste suffisant pour le passage du cort�ge qu'ils devaient voir.

4. [123] Il faisait encore nuit quand toute l'arm�e, group�e en compagnies et en divisions, se mit en route sous la conduite de ses chefs et se porta non autour des portes du palais, plac� sur la hauteur, mais dans le voisinage du temple d' Isis (26) o� les empereurs s'�taient repos�s cette nuit-l�. D�s le lever de l'aurore, Vespasien et Titus s'avancent, couronn�s de lauriers, rev�tus des robes de pourpre des anc�tres et gagnent les portiques d'Octavie (27) o� le S�nat, les magistrats en charge et les citoyens de l'ordre �questre les attendaient. On avait construit devant les portiques une tribune o� des si�ges d'ivoire �taient plac�s pour les princes ; ils s'avanc�rent pour s'y asseoir, et aussit�t toute l'arm�e poussa des acclamations � la gloire de leur vertu. Les empereurs �taient sans armes, v�tus d'�toffes de soie et couronn�s de lauriers.
Vespasien, apr�s avoir fait bon accueil aux acclamations que les soldats auraient voulu prolonger, fit un signe pour commander le silence qui s'�tablit aussit�t ; alors il se leva, couvrit d'un pan de son manteau sa t�te presque enti�re et pronon�a les pri�res accoutum�es ; Titus fit de m�me. Apr�s cette c�r�monie, Vespasien s'adressa bri�vement � toute l'assistance et envoya les soldats au repas que les empereurs ont coutume de leur faire pr�parer. Lui-m�me se dirigea vers la porte qui a tir� son nom des triomphes, parce que le cort�ge y passe toujours (28). L�, ils prirent quelque nourriture et rev�tus du costume des triomphateurs, sacrifi�rent aux Dieux dont les images sont plac�es sur cette porte ; puis ils conduisirent le triomphe par les divers th��tres, pour que la foule p�t le voir plus ais�ment.

5. [132] Il est impossible de d�crire dignement la vari�t� et la magnificence de ces spectacles, sous tous les aspects que l'on peut imaginer, avec ce cort�ge d'�uvres d'art, de richesses de tout genre, de rares produits de la nature. Presque tous les objets qu'ont jamais poss�d�s les hommes les plus opulents pour les avoir acquis un � un, les �uvres admirables et pr�cieuses de divers peuples, se trouvaient r�unis en masse ce jour-l� comme un t�moignage de la grandeur de l'Empire romain. On pouvait voir des quantit�s d'argent, d'or, d'ivoire, fa�onn�es suivant les formes les plus diff�rentes, non pas port�es comme dans un cort�ge, mais, si l'on peut dire, r�pandues � flots comme un fleuve : on portait des tissus de la pourpre la plus rare, des tapisseries o� l'art babylonien avait brod� des figures avec une vivante exactitude : il y avait des pierreries translucides, les unes serties dans des couronnes d'or, les autres en diverses combinaisons et si nombreuses que nous pouvions craindre de nous abuser en les prenant pour les raret�s qu'elles �taient. On portait aussi des statues de leurs dieux (29), de dimensions �tonnantes et parfaitement travaill�es, chacune faite d'une riche mati�re. On conduisait aussi des animaux d'esp�ces nombreuses, tous rev�tus d'ornements appropri�s. La foule des hommes qui les tenaient en laisse �taient par�s de v�tements de pourpre et d'or : ceux qui avaient �t� d�sign�s pour le cort�ge offraient, dans leur costume, une recherche, une somptuosit� merveilleuses. Les captifs eux-m�mes, en tr�s grand nombre, �taient richement par�s, et l'�clat vari� de leurs beaux costumes dissimulait aux yeux leur tristesse, effet des souffrances subies par leur corps. Ce qui excitait au plus haut degr� l'admiration fut l'am�nagement des �chafaudages que l'on portait : leur grandeur m�me �veillait des craintes et de la m�fiance au sujet de leur stabilit�. Beaucoup de ces machines �taient hautes, en effet, de trois et quatre �tages et la richesse de leur construction donnait une impression de plaisir m�l� d'�tonnement. Plusieurs �taient drap�es d'�toffes d'or, et toutes encadr�es d'or et d'ivoire bien travaill�. La guerre y �tait figur�e en de nombreux �pisodes, formant autant de sections qui en offraient la repr�sentation la plus fid�le ; on pouvait voir une contr�e prosp�re ravag�e, des bataillons entiers d'ennemis taill�s en pi�ces, les uns fuyant, les autres emmen�s en captivit� : des remparts d'une hauteur surprenante renvers�s par des machines ; de solides forteresses conquises ; l'enceinte de villes pleines d'habitants renvers�e de fond en comble : une arm�e se r�pandant � l'int�rieur des murs ; tout un terrain ruisselant de carnage ; les supplications de ceux qui sont incapables de soutenir la lutte ; le feu mis aux �difices sacr�s ; la destruction des maisons s'abattant sur leurs possesseurs : enfin, apr�s toute cette d�vastation, toute cette tristesse, des rivi�res qui, loin de couler entre les rives d'une terre cultiv�e, loin de d�salt�rer les hommes et les b�tes, passent � travers une r�gion compl�tement d�vast�e par le feu. Car voil� ce que les Juifs devaient souffrir en s'engageant dans la guerre. L'art et les grandes dimensions de ces images mettaient les �v�nements sous les yeux de ceux qui ne les avaient pas vus et en faisaient comme des t�moins. Sur chacun des �chafaudages on avait aussi figur� le chef de la ville prise d'assaut, dans l'attitude o� on l'avait fait prisonnier. De nombreux navires venaient ensuite (30).Les d�pouilles �taient port�es sans ordre, mais on distinguait dans tout le butin les objets enlev�s au Temple de J�rusalem : une table d'or, du poids de plusieurs talents (31), et un chandelier d'or du m�me travail, mais d'un mod�le diff�rent de celui qui est commun�ment en usage, car la colonne s'�levait du milieu du pied o� elle �tait fix�e et il s'en d�tachait des tiges d�licates dont l'agencement rappelait l'aspect d'un trident. Chacune �tait, � son extr�mit�, cisel�e en forme de flambeau ; il y avait sept de ces flambeaux, marquant le respect des Juifs pour l'hebdomade. On portait ensuite, comme derni�re pi�ce du butin, une copie de la loi des juifs. Enfin marchaient un grand nombre de gens tenant �lev�es des statues de la Victoire toutes d'ivoire et d'or Vespasien fermait la marche, suivi de Titus, en compagnie de Domitien � cheval, magnifiquement v�tu ; le coursier qu'il pr�sentait au public attirait tous les regards.

6. [153] Le cort�ge triomphal se terminait au temple de Jupiter Capitolin ; arriv� l�, on fit halte, car c'�tait un usage ancien et traditionnel d'attendre qu'on annon��t la mort du g�n�ral ennemi. C'�tait Simon, fils de Gioras ; il avait figur� parmi les prisonniers ; on l'entra�na, la corde au cou, vers le lieu qui domine le Forum (32), parmi les s�vices de ceux qui le conduisaient ; car c'est une coutume, chez les Romains, de tuer � cet endroit ceux qui sont condamn�s � mort pour leurs crimes. Quand on eut annonc� sa mort, tous pouss�rent des acclamations de joie ; les princes commenc�rent alors les sacrifices et apr�s les avoir c�l�br�s avec les pri�res accoutum�es, ils se retir�rent vers le palais. Quelques assistants furent admis par eux � leur table ; tous les autres trouv�rent chez eux un beau repas tout pr�par�. Ainsi la ville de Rome f�tait � la fois en ce jour la victoire remport�e dans cette campagne contre les ennemis, la fin des malheurs civils et ses esp�rances naissantes pour un avenir de f�licit�.

7. [158] Apr�s ce triomphe et le solide affermissement de l'Empire romain, Vespasien r�solut de b�tir le temple de la Paix (33) ; il fut achev� en tr�s peu de temps et avec une splendeur qui passait toute imagination. Le prince sut, en effet, faire emploi de ses prodigieuses richesses et il l'embellit encore par d'anciens chefs d'�uvre de peinture et de sculpture. Il transporta et exposa dans ce temple toutes les merveilles que les hommes avant lui devaient aller chercher dans divers pays, au prix de longs voyages. Il y consacra les vases d'or provenant du Temple des Juifs, butin dont il �tait particuli�rement lier. Quant � la loi des Juifs et aux voiles de pourpre du sanctuaire, ils furent, par son ordre, d�pos�s et gard�s dans le palais.

VI 

Si�ge et prise de Machaeron

1-3. Lucilius Bassus marche sur Machaeron (34) ; description de cette ville. - 4. Si�ge et prise de Machaeron. - 5. Combat de Jardes. - 5. Redevances impos�es aux Juifs.

1. [163] Entretemps, Lucilius Bassus avait �t� envoy� en Jud�e comme l�gat ; il re�ut l'arm�e des mains de V�tilianus C�r�alis (35), et fit capituler la forteresse d'H�rodion (36) avec sa garnison. Puis, concentrant toutes les troupes qui �taient divis�es en nombreux d�tachements, et avec elles la dixi�me l�gion, il r�solut de marcher contre Machaeron (37), jugeant indispensable de d�truire cette forteresse, de crainte que sa solidit� n'engage�t beaucoup de Juifs � la r�volte. La nature des lieux �tait tr�s propre � inspirer toute confiance aux occupants, comme de l'h�sitation et de la crainte aux assaillants. La partie entour�e de murs est une cr�te rocheuse, s'�levant � une hauteur consid�rable et par cela m�me d'un acc�s difficile. A cet obstacle s'ajoutaient ceux qu'avait multipli�s la nature, car la colline est de toutes parts entour�e de ravins, v�ritable ab�mes insondables � l'�il, difficiles � traverser et qu'il est impossible de combler sur aucun point. La vall�e lat�rale, face � l'ouest, s'�tend sur une longueur de soixante stades et a pour limite le lac Asphaltite ; c'est dans cette direction que Machaeron m�me dresse son sommet dominant. Les vall�es du nord et du midi, bien que le c�dant en profondeur � la pr�c�dente, sont �galement d�fendues contre toute attaque. On constate que celle de l'Orient ne s'enfonce pas � moins de cent coud�es, elle est born�e par une montagne qui s'�l�ve en face de Machaeron.

2. [171] Frapp� de la forte assiette de ce lieu. Alexandre, roi des Juifs (38) y v construisit le premier une forteresse ; plus tard, Gabinius s'en empara dans la guerre contre Aristobule (39). Mais quand H�rode fut roi, il jugea que cette place m�ritait plus qu'aucune autre ses soins et la construction de solides ouvrage, surtout � cause de la proximit� des Arabes, car elle est tr�s avantageusement tourn�e vers leur territoire. Il entoura donc de remparts et de tours un vaste espace et y b�tit une ville avec un chemin montant vers le sommet de la cr�te. Sur la hauteur, autour de la cime m�me, il construisit une muraille, d�fendue aux angles par des tours s'�levant chacune � soixante coud�es. Art milieu de l'enceinte, il b�tit un palais magnifique par sa grandeur et la beaut� de ses appartements : il y am�nagea, pour recevoir l'eau de pluie et la fournir en abondance, de nombreux r�servoirs aux endroits les plus appropri�s ; il sembla de la sorte rivaliser avec la nature, s'effor�ant de surpasser, par des fortifications �lev�es de la main des homme, la force inexpugnable dont elle avait dot� cette position. Il y d�posa aussi une grande quantit� de traits et de machines, et n'oublia aucun pr�paratif qui p�t permettre aux habitants de soutenir le si�ge le plus long.

3. [178] Une plante nomm�e rue, d'une grandeur �tonnante, avait pouss� dans le palais ; elle ne le c�dait � aucun figuier, ni pour la hauteur ni pour l'�paisseur. On racontait qu'elle y existait d�s le temps d' H�rode, et elle aurait peut-�tre dur� tr�s longtemps encore si elle n'avait �t� coup�e par les Juifs qui occup�rent ce lieu. Dans la vall�e qui entoure la ville du c�t� du nord, il y a un endroit nomm� Baaras (40), qui produit une racine du m�me nom. Cette plante est d'une couleur qui ressemble � celle du feu. Vers le soir, les rayons qu'elle �met sur ceux qui s'avancent pour la saisir en rendent la cueillaison difficile ; elle se d�robe d'ailleurs aux prises et ne s'arr�te de remuer que si l'on r�pand sur elle de l'urine de femme ou du sang menstruel (41). M�me alors, celui qui la touche risque la mort imm�diate, � moins qu'il ne porte suspendu � sa main un morceau de cette racine. On la prend encore sans danger par un autre proc�d� que voici. On creuse le sol tout autour de la plante, en sorte qu'une tr�s faible portion reste encore enfouie ; puis on y attache un chien, et tandis que celui-ci s'�lance pour suivre l'homme qui l'a attach�, cette partie de la racine est facilement extraite ; mais le chien meurt aussit�t, comme s'il donnait sa vie � la place de celui qui devait enlever la plante. En effet, quand on la saisit. apr�s cette op�ration, on n'a rien � craindre. Malgr� tant de p�rils, on la recherche pour une propri�t� qui la rend pr�cieuse : les �tres appel�s d�mons - esprits des m�chants hommes qui entrent dans le corps des vivants et peuvent les tuer quand ceux-ci manquent de secours - sont rapidement expuls�s par cette racine, m�me si on se contente de l'approcher des malades. Dans ce lieu coulent aussi des sources d'eaux chaudes tr�s diff�rentes par le go�t, car quelques-unes sont am�res, les autres parfaitement douces. Il y a encore de nombreuses sources froides, align�es parall�lement dans le terrain le plus bas, mais - chose plus �tonnante - on voit dans le voisinage une caverne, de profondeur moyenne et recouverte d'un rocher qui surplombe ; � la partie sup�rieure de ce rocher font saillie comme deux mamelles, peu �cart�es l'une de l'autre, dont l'une r�pand une eau tr�s froide, l'autre une eau tr�s chaude ; le m�lange de ces deux sources forme un bain tr�s agr�able et efficace contre les maladies, particuli�rement celles des nerfs. Cette r�gion poss�de en outre des mines de soufre et d'alun.

4. [190] Bassus, apr�s avoir examin� le site de tous c�t�s, r�solut de s'en frayer les approches en comblant la vall�e du c�t� de l'est ; il poursuivit ce travail avec z�le, faisant effort pour �lever rapidement la terrasse qui devait faciliter le si�ge. Cependant les Juifs, bloqu�s dans la place, renvoy�rent les �trangers et les forc�rent, comme une foule inutile, de rester dans la ville basse, o� ils devaient �tre expos�s aux premiers dangers ; eux-m�mes occup�rent et gard�rent la citadelle sur la hauteur, tant � cause de ses fortes d�fenses que par prudence ; songeant d'avance � leur salut, ils pensaient pouvoir obtenir libre sortie en livrant la place aux Romains. Mais ils voulaient d'abord soumettre � l'exp�rience l'espoir qu'ils pouvaient entretenir de faire lever le si�ge. Ils faisaient donc tous les jours de vives sorties; dans leurs combats avec ceux qui travaillaient aux retranchements, ils perdaient beaucoup de monde, mais ils tuaient aussi beaucoup de Romains. Le plus souvent, c'�tait l'occasion qui donnait la victoire aux uns ou aux autres - aux Juifs quant ils tombaient sur un ennemi qui se gardait insuffisamment, aux Romains des terrasses quand ils en surveillaient les abords et se trouvaient bien prot�g�s pour recevoir le choc des Juifs. Ce ne furent pas ces op�rations qui devaient amener la fin du si�ge : un �v�nement inattendu, produit d'une rencontre de circonstances, contraignit les Juifs � livrer la citadelle. II y avait parmi les assi�g�s un jeune homme du nom d'�l�azar, plein d'audace et d'activit� ; il se distinguait dans les sorties, encourageant les autres � sortir et � arr�ter les travaux des terrassements, infligeant aux Romains, dans ces combats, de nombreux et cruels �checs, facilitant l'attaque � ceux qui �taient assez courageux pour s'�lancer � sa suite, et couvrant leur retraite en se retirant le dernier. Un jour donc, comme la lutte �tait achev�e et que les deux partis se retiraient � la fois. �l�azar, dans la pens�e d�daigneuse que nul ennemi ne recommencerait la lutte, resta hors des portes, causant avec ceux du rempart et leur pr�tant toute son attention. Un soldat romain, �gyptien de naissance, nomm� Rufus, voit cette occasion ; quand nul n'aurait pu s'y attendre, il s'�lance soudain sur �l�azar, l'emporte avec ses armes, et, tandis que l'�tonnement glace ceux qui du haut des murs assistent � cette sc�ne, il se h�te de transporter son prisonnier aupr�s de l'arm�e romaine. Le g�n�ral ordonna de le mettre � nu, de l'amener dans un endroit o� il �tait le mieux vu des spectateurs de la ville et de le d�chirer � coups de fouet. Les Juifs furent alors saisis d'une vive compassion pour ce jeune homme et l� ville enti�re �clata en g�missements - plainte excessive, semble-t-il, pour le malheur d'un seul homme. A cette vue, Bassus ourdit un stratag�me contre les Juifs ; il se proposa de redoubler leur �motion et de les contraindre � lui livrer la forteresse en �change de la vie de cet homme; son esp�rance ne fut pas d��ue. Il ordonna donc de dresser une croix, comme s'il allait aussit�t attacher �leazar ; les d�fenseurs de la citadelle, � ce spectacle, s'abandonn�rent � une affliction plus vive encore et, avec des cris per�ants, hurl�rent qu'on leur infligeait une douleur insupportable. Alors �l�azar les supplia de ne pas le laisser subir la plus cruelle des morts, mais de veiller � leur propre salut en c�dant � la force et � la fortune des Romains, maintenant que tous les autres s��taient soumis. Les Juifs. �branl�s par ses paroles et par les vives pri�res qu'on leur adressait pour lui d'au dedans la ville, - car �l�azar �tait d'une grande famille tr�s nombreuse - se laiss�rent aller, malgr� leur caract�re, � la piti� ; ils envoy�rent bien vite quelques messagers, promettant de livrer la citadelle, demandant l'autorisation de s'�loigner en toute s�ret� et d'emmener �l�azar. Les Romains et leur g�n�ral accord�rent ces conditions ; mais la multitude de la ville basse, apprenant la convention particuli�re conclue par les Juifs, r�solut elle-m�me de fuir secr�tement pendant la nuit. Sit�t qu'elle eut ouvert les portes, Bassus en fut averti par ceux qui avaient trait� avec lui, soit qu'ils fussent jaloux du salut de cette foule, soit qu'ils craignissent d'�tre d�clar�s responsables de sa fuite. Seuls les plus braves des fugitifs purent prendre les devants, faire une trou�e et. s'enfuir ; de ceux qui rest�rent � l'int�rieur, mille sept cents hommes furent tu�s ; les femmes et les enfants furent vendus comme esclaves. Cependant Bassus crut qu'il fallait maintenir les conditions arr�t�es avec ceux qui avaient livr� la forteresse ; il les laissa donc partir et leur rendit �l�azar.

5. [210] Apr�s avoir r�gl� cette affaire, il se h�ta de conduire son arm�e contre la for�t appel�e Jarde (42) ; il avait appris, en effet, que beaucoup de Juifs s'y �taient rassembl�s, apr�s s'�tre �chapp�s de J�rusalem et de Machaeron, pendant le si�ge de ces deux villes. Arriv� l�, il reconnut que la nouvelle n'�tait pas fausse ; il fit donc cerner d'abord par sa cavalerie tout le terrain, afin de rendre ainsi la fuite impossible � ceux des Juifs qui oseraient tenter de percer ; quant aux fantassins, il leur ordonna de couper les arbres de la for�t o� s'�taient abrit�s les fugitifs. Les Juifs furent donc r�duits � la n�cessit� de tenter quelque grande action d'�clat, de risquer une lutte aventureuse pour arriver peut-�tre � s'�chapper ; s'�lan�ant en rangs serr�s et avec des cris, ils tomb�rent sur les troupes qui les cernaient. Celles-ci leur oppos�rent une forte r�sistance, et comme ils d�ployaient au plus haut degr�, les uns l'�nergie du d�sespoir, les autres l'ardeur de vaincre, le combat se prolongea assez longtemps : mais le terme n'en fut pas le m�me pour les deux partis oppos�s. Du c�t� des Romains, il n'y eut en tout que douze tu�s et quelques bless�s ; mais aucun des Juifs ne sortit sain et sauf de l'engagement. Ils moururent tous au nombre d'environ trois mille, avec leur chef Judas, fils d'Ari, dont nous avons dit pr�c�demment (43) que, commandant un corps de troupe pendant le si�ge de J�rusalem, il �tait descendu dans un des souterrains et avait r�ussi � s'enfuir sans �tre vu.

6. [216] Vers ce temps-l� C�sar manda � Bassus et � Laberius Maximus, qui �tait procurateur, d'affermer toutes les terres des Juifs. Il ne voulait pas b�tir l� de ville, mais se les r�server comme domaine particulier : il donna seulement � huit cents soldats licenci�s de l'arm�e romaine un territoire pour s'�tablir � l'endroit appel� Emma�s, �loign� de trente stades de J�rusalem (44).
A tous les Juifs, en quelque lieu qu'ils habitassent, il imposa un tribut annuel de deux drachmes qui devait �tre vers� au Capitole � la place de l'offrande qu'ils faisaient auparavant au Temple de J�rusalem (45). Tel �tait alors l'�tat des affaires des Juifs.

VII

Malheurs de la Commag�ne; invasions des Alains

1-2. -Paetus envahit la Commag�ne ; fuite d'Antiochos. - 3. Antiochos fait la paix avec Vespasien. - 4. Les Alains envahissent la M�die.

1. [219] Dans la quatri�me ann�e du r�gne de Vespasien, il arriva qu'Antiochos, roi de Commag�ne, tomba avec toute sa famille dans de grands malheurs pour les raisons que voici. Caesennius Paetus (46), alors nomm� gouverneur de Syrie, �crivit � C�sar, soit qu'il f�t sinc�re, soit par haine d'Antiochus (ce point n'a pas �t� bien �lucid�) ; il y disait qu'Antiochos et son fils Epiphanes avaient r�solu de se r�volter contre les Romains et conclu une alliance avec le roi des Parthes. Il convenait donc � C�sar de s'assurer d'eux, de crainte que, prenant les devants, ils n'entreprissent des op�rations et ne troublassent tout l'Empire romain par la guerre. C�sar ne pouvait n�gliger une telle d�nonciation qui le surprit ; car le voisinage des deux rois rendait l'affaire tr�s digne d'attention. Samosate, qui est la ville la plus importante de la Commag�ne, est, en effet, situ�e sur l'Euphrate, en sorte que les Parthes, s'ils avaient con�u un tel dessein, eussent trouv� un passage facile et une r�ception assur�e. Paetus, dont le t�moignage avait trouv� cr�dit, eut l'autorisation de faire ce qu'il jugerait opportun. Aussit�t sans qu'Antiochos et ses amis s'y attendissent, il envahit la Commag�ne, � la t�te de la sixi�me l�gion, accrue de cohortes auxiliaires et de quelques escadrons de cavalerie. Il avait en outre pour alli�s deux rois : celui de Chalcis (47), Aristobule, et celui de la principaut� dite d'Em�se, Scemus.
Leur invasion ne se heurta � aucune r�sistance : car nul des habitants du pays ne voulut lever les mains contre eux. Antiochos, � qui cette nouvelle parvint � l'improviste, n'accepta pas m�me l'id�e d'une guerre contre les Romains ; il se d�cida � laisser toute la r�sidence royale dans l'�tat o� elle �tait et � se retirer dans un char avec sa femme et ses enfants, pensant qu'il se justifierait ainsi aux yeux des Romains de l'accusation lanc�e contre lui.
Il s'avan�a donc � cent vingt stades de la ville dans la plaine, o� il �tablit son camp.

2. [230] Paetus envoya un d�tachement prendre possession de Samosate, et tint ainsi la ville en son pouvoir. Lui-m�me, avec le reste de ses troupes, se lan�a � la poursuite d'Antiochos. Le roi ne se laissa pas contraindre, m�me par la n�cessit�, � commettre quelque acte d'hostilit� contre les Romains ; d�plorant son sort, il se r�signa � souffrir ce qu'il fallait supporter. Mais ses fils, jeunes, ayant l'exp�rience de la guerre, et remarquables parleur vigueur physique, ne devaient pas facilement accepter leur malheur sans r�sistance. Epiphanes (48) et Callinicos recoururent donc � la force. Il s'ensuivit une bataille acharn�e qui dura tout le jour ; les princes montr�rent un brillant courage et se retir�rent, le soir venu, avec leurs troupes, qui n'avaient pas �t� entam�es. Cependant Antiochos ne put se r�soudre � rester en place, apr�s une bataille dont l'issue avait �t� ind�cise ; il prit sa femme et ses filles et s'enfuit avec elles en Cilicie. Cette conduite �branla le moral de ses troupes qui, le consid�rant comme ayant condamn� lui-m�me sa royaut�, firent d�fection et, d�sesp�r�s, pass�rent aux Romains. Craignant donc d'�tre compl�tement abandonn�s par leurs compagnons de lutte, Epiphanes et son entourage durent n�cessairement chercher leur salut dans la fuite ; il n'y eut en tout que dix cavaliers pour passer l'Euphrate avec ceux. De l� ils se rendirent sans p�ril aupr�s du roi des Parthes, Volog�se, qui, loin de les m�priser comme des fugitifs leur accorda tous les honneurs comme s'ils jouissaient encore de leur ancienne f�licit�.

3. [238] Quand Antiochos fut arriv� � Tarse, ville de Cilicie, Paetus envoya pour l'arr�ter un centurion et le fit conduire encha�n� � Rome. Vespasien ne put souffrir que ce roi f�t amen� devant lui en cet �tat ; il aima mieux prendre en consid�ration leur ancienne amiti� que de lui t�moigner, sous pr�texte de guerre, une col�re inexorable. Il ordonna donc, pendant qu'Antiochos �tait encore en route, de lui enlever ses liens et, le dispensant du voyage � Rome, de le laisser vivre pour le moment � Lac�d�mone. Il lui accorda, en outre, une pension consid�rable, qui lui permit de mener une existence, non seulement ais�e, mais digne d'un roi. Quand Epiphanes et ses compagnons apprirent cela, apr�s avoir con�u de fortes craintes au sujet d'Antiochos, ils furent d�livr�s de leurs graves et p�nibles inqui�tudes. Ils esp�r�rent m�me se r�concilier avec C�sar, car Volog�se lui avait �crit � leur sujet ; ils ne pouvaient, en effet, malgr� les agr�ments de leur existence, se r�signer � vivre hors de l'Empire romain. Aussi, quand C�sar les y autorisa avec bienveillance, ils se rendirent � Rome ; le p�re y vint bient�t lui-m�me de Lac�d�mone. Ils y demeur�rent d�sormais, trait�s avec toutes les marques de consid�ration.

4. [244] Nous avons pr�c�demment expos� quelque part (49) que les Alains sont une tribu de Scythes, habitant aux bords du Tana�s et du marais de la M�otide (50). A cette �poque, ils form�rent le dessein d'envahir, pour les piller, la M�die et les r�gions au del�. Ils trait�rent avec le roi d'Hyrcanie (51), ma�tre du passage que le roi Alexandre a ferm� avec des portes de fer (52). Quand ce prince leur en eut ouvert l'acc�s, ils se pr�cipit�rent en masse, sans que les M�des en eussent rien pressenti, dans une contr�e fort peupl�e, remplie de troupeaux de diverses esp�ces, qu'ils ravag�rent : personne n'osa s'opposer � leur marche, car le roi de ce pays, Pacoros (53), s'�tait enfui �pouvant� dans des lieux inaccessibles, abandonnant tout le reste ; et c'est � peine s'il put racheter aux Alains sa femme et ses concubines prisonni�res, au prix de cent talents. Pillant sans danger et sans r�sistance, les Alains s'avanc�rent, en ravageant tout , sur leur passage, jusqu'en Arm�nie. Tiridate (54), roi de ce pays, marcha � leur rencontre. Dans le combat qu'il livra, il s'en fallut de peu qu'il ne f�t pris vivant ; l'un des Alains lui avait jet� de loin une corde qui l'enserra et allait la tirer � lui quand le prince la coupa rapidement avec son �p�e et prit la fuite. Cependant les Barbares, que ce combat avait encore rendus plus sauvages, d�vast�rent tout le territoire, emmen�rent des deux royaumes un grand nombre de prisonniers et beaucoup d'autre butin, puis retourn�rent dans leur pays (55).

VIII

Les Romains assi�gent Masada

1. Les Romains attaquent Masada. -2-7. Si�ge de cette ville.

1. [252] En Jud�e, Bassus �tait mort, et Flavius Silva lui succ�da comme gouverneur (56). Voyant tout le territoire asservi par la guerre � l'exception d'une seule forteresse qui restait encore insurg�e, il dirigea une exp�dition contre elle, apr�s avoir rassembl� toutes les forces qu'il avait dans la r�gion. Cette place se nomme Masada (57). Les sicaires qui l'avaient occup�e �taient command�s par un homme de qualit�, �l�azar, descendant de ce Judas qui persuada, comme nous l'avons rapport� (58), un assez grand nombre de Juifs � ne pas se faire inscrire, au temps o� Quirinius fut envoy� en Jud�e pour pr�sider au recensement. A ce moment, les sicaires se concert�rent contre ceux qui voulaient se soumettre aux Romains ; ils les poursuivaient de toutes mani�res comme des ennemis, pillant leurs biens, volant leurs troupeaux, mettant le feu � leurs habitations. Ils d�claraient ne voir aucune diff�rence entre des �trangers et ceux qui avaient si l�chement trahi la libert� des Juifs, digne d'�tre d�fendue par les armes, ceux qui avaient d�clar� leurs pr�f�rences pour la servitude sous le joug romain. Mais ce langage n'�tait qu'un pr�texte pour voiler leur cruaut� et leur avidit�, ce que leurs actes montr�rent clairement. Car ces gens que les sicaires attaquaient prirent part avec eux � la s�dition et apport�rent leur concours, dans la guerre contre les Romains, � ces m�mes hommes qui leur firent souffrir dans la suite des atrocit�s plus cruelles encore. Convaincus depuis longtemps d'avoir all�gu� des pr�textes mensongers, ils redoublaient leurs rigueurs contre ceux qui, par de justes raisons, leur reprochaient leur m�chancet�. Car ce temps fut bien fertile parmi les Juifs en cruaut�s vari�es ; on ne laissait sans la perp�trer aucune �uvre sc�l�rate ; m�me l'imagination, appliqu�e � cette recherche, n'aurait pu d�couvrir de forfait nouveau. C'�tait. comme une maladie contagieuse, s�vissant dans le particulier et en public ; il y avait �mulation � qui surpasserait les autres en impi�t�s envers Dieu, en injustices contre le prochain. Les puissants opprimaient la foule, la multitude cherchait � perdre les puissants ; car les uns avaient la passion de la tyrannie, les autres celle d'exercer des violences et de piller les biens des riches.
Les sicaires f tirent les premiers � donner le signal des crimes et des cruaut�s contre leurs compatriotes ; ils ne laiss�rent aucun mot outrageant sans le prononcer, aucun dessein destin� � perdre leurs victimes sans le faire suivre d'effet. Mais Jean les fit passer pour mod�r�s, en comparaison de lui. Car non seulement il tua tous ceux qui conseillaient des mesures justes et utiles, traitant les citoyens comme ses plus grands ennemis, mais il d�cha�na sur sa patrie une infinit� de malheurs publics, tels qu'on pouvait les attendre d'un homme assez perdu d'audace pour se montrer impie envers Dieu. Il mettait sur sa table des mets d�fendus, n�gligeant les r�gles de puret� consacr�es par l'usage et par l'exemple de ses p�res ; on ne s'�tonnait plus d�s lors qu'un homme coupable de si folles impi�t�s envers Dieu manqu�t, � l'�gard de ses concitoyens, de toute humanit�, de tout sentiment du devoir. Et quel crime n'a pas commis Simon fils de Gioras ? Quel outrage a-t-il �pargn� aux hommes libres qui avaient fait de lui leur tyran ? Quels liens d'amiti� ou de parent� n'ont pas redoubl� l�audace de ces hommes dans leurs meurtres quotidiens ? C'�tait, � leurs yeux, une sordide m�chancet� de maltraiter des �trangers, mais un noble �talage de courage de s�vir sur ceux qui les touchaient de plus pr�s. Mais la rage des Idum�ens se montra plus f�roce encore. Ces abominables sc�l�rats �gorg�rent les grands-pr�tres, pour ne garder aucune parcelle du respect d� � Dieu, supprim�rent tout ce qui restait encore des formes de gouvernement, introduisirent partout l'anarchie la plus compl�te. En cela excella la tourbe des hommes, appel�s z�lateurs, dont les actes confirm�rent le nom, car ils cherch�rent � imiter toute �uvre sc�l�rate et � r�p�ter tous les forfaits dont l'histoire avait gard� le souvenir. Cependant ils s'attribu�rent ce nom du mot qui d�signe le z�le tourn� vers le bien, soit par une raillerie brutale de ceux qu'ils pers�cutaient, soit qu'ils consid�rassent les plus grands crimes comme des vertus. Assur�ment ils trouv�rent tous la fin qui leur convenait, car Dieu leur infligea � tous un juste ch�timent ; toutes les souffrances que peut subir la nature humaine fondirent sur eux jusqu'au dernier terme de leur vie, qu'ils achev�rent au milieu de tourments de tout genre. Pourtant, on peut dire que leurs souffrances n'ont pas �gal� leurs crimes, car il �tait impossible de les traiter suivant leurs m�rites. Quant � ceux qui ont �t� victimes de leurs cruaut�s, ce n'est pas le moment de d�plorer leur sort comme il le faudrait. Je reviens donc � mon r�cit que j'avais interrompu.

2. [275] Le g�n�ral romain marcha avec ses troupes contre �l�azar et les sicaires qui occupaient avec lui Masada (59) ; il s'empara rapidement de tout le territoire, dont il garnit de troupes les positions les plus avantageuses. Puis il �leva un mur tout autour de la place, pour rendre la fuite difficile aux assi�g�s, et y posta des gardes. Lui-m�me choisit, pour l'assiette de son camp, le lieu le plus propre aux op�rations de si�ge, l� o� les rochers de la forteresse se rapprochaient de la montagne voisine ; l'approvisionnement y offrait d'ailleurs des difficult�s. Non seulement les vivres y �taient convoy�s de loin, au prix de grandes fatigues pour les Juifs charg�s de cette t�che, mais encore l'eau devait �tre apport�e dans le camp, en l'absence de toute source, voisine. Apr�s avoir veill� � ces pr�paratifs, Silva entreprit le si�ge, qui exigea beaucoup d'habilet� et d'efforts, � cause de la force de cette citadelle, qui est naturellement dispos�e comme je vais le dire.

3. [280] Un rocher d'un assez vaste pourtour et d'une grande hauteur est de toutes parts isol� par de profonds ravins, dont on ne voit pas le fond. Ils sont escarp�s et inaccessibles aux pieds de tout �tre vivant, sauf en deux endroits o� la roche se pr�te � une ascension p�nible. De ces deux chemins, l'un part du lac Asphaltite dans la direction de l'est ; l'autre est � l'ouest et offre plus de facilit� � la marche. On appelle le premier � serpent �, � cause de son �troitesse et de ses nombreux d�tours : car il est coup� l� o� les escarpements font saillie, revient souvent sur lui-m�me, puis. s'allongeant peu � peu, poursuit � grand peine sa progression. Tout homme qui suit ce chemin doit s'appuyer alternativement sur chaque pied, car la mort le guette ; de chaque c�t� s'ouvrent des ab�mes qui peuvent glacer d'effroi le plus brave. Quand on a suivi le chemin l'espace de trente stades, on n'a plus devant soi qu'un sommet sans pointe terminale, qui forme sur la cr�te une surface plane. C'est sur ce plateau que le grand-pr�tre Jonathas (60) construisit d'abord une forteresse, qu'il appela Masada ; dans la suite, le roi H�rode s'occupa avec grand z�le de mettre cette place en �tat. Il �leva tout autour du sommet, sur une longueur de sept stades, une muraille de pierres blanches, haute de douze coud�es, �paisse de huit ; au-dessus d'elle se dressaient trente-sept tours, hautes de cinquante coud�es, d'o� l'on pouvait passer dans des habitations construites sur toute la face int�rieure du mur. Le roi avait r�serv� � la culture le sommet, qui est fertile et d'une terre plus meuble que toutes les plaines ; de cette fa�on, s'il y avait disette de provisions du dehors, la famine �pargnerait ceux qui auraient confi� leur salut � la forteresse. Il y b�tit aussi un palais sur la pente ouest, sous les remparts de la citadelle et tourn� vers le nord. Le mur de ce palais �tait haut et solide ; il �tait flanqu� aux angles de quatre tours de soixante coud�es de haut. A l'int�rieur, la disposition des appartements, des portiques et des bains offrait beaucoup de vari�t� et de luxe ; partout s'�levaient des colonnes monolithes : les murs et le pav� des appartements �taient rev�tus de mosa�ques aux couleurs vari�es. Pr�s de chacun des endroits habit�s, tant sur la hauteur qu'autour du palais et devant le rempart, il avait fait creuser beaucoup de grandes citernes dans le roc, pour fournir de l'eau en m�me abondance que s'il y avait eu des sources. Une route creuse, invisible du dehors, conduisait du palais au sommet de la colline. Du reste, il �tait difficile aux ennemis de faire usage m�me des routes que l'on voyait, car celle de l'orient est, comme nous l'avons dit, naturellement inaccessible, et H�rode avait fortifi� celle de l'occident, dans sa partie la plus �troite, par une forte tour, qu'une distance d'au moins mille coud�es s�parait du sommet, et qu'il n'�tait, ni possible de tourner ni facile de prendre. M�me pour des voyageurs n'ayant rien � craindre, la sortie en �tait malais�e. Ainsi la nature et la main des hommes avaient fortifi� cette place contre les attaques des ennemis.

4. [295] On admirait encore davantage la richesse et le bon �tat des approvisionnements accumul�s ; en effet, on tenait en r�serve du bl�, en quantit� suffisante pour un long temps, plus beaucoup de vin et d'huile, de l�gumes secs d'esp�ces vari�es, des monceaux de dattes. �l�azar, quand il s'empara par ruse de cette place forte, avec les sicaires (61), trouva toutes ces provisions bien conserv�es, nullement inf�rieures � celles qui avaient �t� d�pos�es � une date r�cente : et cependant, depuis cet am�nagement jusqu'� la prise de Masada par les Romains, il s'�tait �coul� pr�s de cent ans. N�anmoins les Romains trouv�rent sans trace de corruption ce qui restait des fruits. Cette conservation doit �tre attribu�e � l'air, que l'altitude de la citadelle pr�serve de tout m�lange de terre ou de bourbe. On trouva aussi une multitude d'armes de toute esp�ce que le roi avait mises en r�serve comme un tr�sor et qui eussent pu suffire aux besoins de dix mille hommes ; du fer, du bronze, et m�me du plomb non travaill�s ; tous ces approvisionnements avaient �t� faits pour des motifs s�rieux. On dit m�me qu'H�rode pr�parait cette forteresse pour lui servir de refuge, en pr�vision d'un double danger : d'une part la multitude des Juifs, qui pouvaient le renverser et ramener au pouvoir les rois de la dynastie ant�rieure ; de l'autre, p�ril plus grand et plus terrible, la menace de Cl�op�tre, reine d'�gypte. Car celle-ci ne cacha jamais son dessein, mais pressa Antoine, dans ses fr�quents entretiens, de tuer H�rode et de lui donner � elle le royaume des Juifs (62). On est �tonn� qu'Antoine. mis�rablement asservi par l'amour de cette femme, ait n�glig� d'acc�der � sa requ�te qu'on ne pouvait gu�re s'attendre � le voir rejeter. Voil� donc les craintes qui d�termin�rent H�rode � fortifier Masada : il devait ainsi laisser aux Romains cette t�che supr�me pour achever la guerre contre les Juifs.

5. [304] Lorsque le g�n�ral romain eut comme nous l'avons dit (63), entour� ext�rieurement d'une muraille tout le terrain et pr�venu, par la plus stricte surveillance, la fuite vies d�fenseurs, il entreprit le si�ge, n'avant trouv� qu'un endroit capable de recevoir des terrasses. Il y avait, en effet, derri�re la tour qui prot�geait la route de l'ouest vers le palais et le faite de la colline, un �peron rocheux d'une largeur consid�rable et formant saillie, mais de trois cents pieds au-dessous du sommet de Masada : on l'appelait Leuk�, la � Roche blanche �. Silva y monta donc, !'occupa et ordonna � l'arm�e d'apporter des charges de terre. Gr�ce au z�le que les soldats d�ploy�rent dans ce travail et � leur grand nombre, la terrasse s'�leva, solide, � la hauteur de deux cents pieds. Cependant une plate-forme de ces dimensions ne parut pas assez solide et r�sistante pour porter les machines destin�es � l'assaut : aussi �leva-t-on au-dessus un "cavalier", de fortes pierres bien ajust�es, large et haut de cinquante coud�es. La construction des engins fut analogue � celle que Vespasien d'abord, et ensuite Titus avaient imagin�e pour le si�ge des places ; de plus, on �leva une tour de cent coud�es enti�rement blind�e de fer, du haut de laquelle les Romains, gr�ce au grand nombre de leurs oxyb�les et onagres, lan�aient des projectiles contre les d�fenseurs du rempart, dont ils les chassaient en les obligeant � se d�rober. En m�me temps Silva mit en place un puissant b�lier, avec ordre de battre continuellement la muraille, qui fut entam�e, non sans peine, sur une certaine �tendue et renvers�e. Les sicaires s'empress�rent de b�tir � l'int�rieur un autre mur, auquel les machines ne devaient pas faire subir le m�me sort qu'au premier, car pour le rendre flexible et capable d'amortir la violence du choc, ils le construisirent de la fa�on suivante. Ils unirent les unes aux autre, � leurs extr�mit�s, de grandes poutres dispos�es dans le sens de leur longueur. Il y en avait ainsi deux rang�es parall�les, s�par�es l'une de l'autre par un intervalle �gal � l'�paisseur du mur, et l'entre-deux �tait form� d'un amoncellement de terre. En outre, dans la crainte que la terre ne se r�pandit quand on battrait cette terrasse (64), ils reli�rent encore par des poutres transversales celles qui �taient dispos�es en longueur. L'ouvrage �tait donc, aux yeux des ennemis, semblable � un �difice ma�onn�. Les coups des machines, port�s contre cette mati�re qui leur c�dait, s'amortissaient, et m�me, comme ce mart�lement la comprimait, elle n'en devenait que plus solide. A cette vue, Silva jugea qu'il d�truirait plut�t ce mur par le feu; il ordonna donc aux soldats de lancer en grand nombre des torches enflamm�es. Le mur, form� surtout de pi�ces de bois, prit feu rapidement ; embras� dans sa profondeur, il d�veloppa un grand incendie. D�s le d�but de cet incendie, le vent du nord qui soufflait dans leurs visages inspira des craintes aux Romains ; comme il se rabattait sur eux d'en haut, il poussait les flammes contre eux, et peu s'en fallut m�me qu'ils ne d�sesp�rassent de leurs machines, pr�tes � s'embraser aussi. Mais ensuite le vent, comme par une intervention surhumaine, changea subitement, et celui du sud, soufflant avec violence en sens contraire, ramena et rejeta l'incendie contre la muraille, qui bient�t flamba tout enti�re du haut en bas. Les Romains, ainsi assist�s du secours de Dieu, se retir�rent joyeux dans leur camp, r�solus � attaquer les ennemis le lendemain ; pendant cette nuit, leurs postes de garde veill�rent avec plus de soin que jamais, afin de ne laisser �chapper aucun fuyard.

6. [320] Cependant �l�azar ne con�ut pas la pens�e de fuir et n'autorisa personne � le faire. Quand il vit que le mur �tait consum� par le feu, il n'imagina aucun moyen de salut ni de d�fense et, r�fl�chissant sur le traitement que les Romains, une fois ma�tres de la place, feraient subir aux d�fenseurs, � leurs femmes et � leurs enfants, il d�cida que tous devaient mourir apr�s avoir pris cette r�solution, la meilleure dans les circonstances pr�sentes, il r�unit les plus courageux lie ses compagnons et les exhorta en ces termes � agir ainsi :
"Il y a longtemps, mes braves, que nous avons r�solu de n'�tre asservis ni aux Romains, ni � personne, sauf � Dieu, qui est le seul vrai, le seul juste ma�tre des hommes; et voici venu l'instant qui commande de confirmer cette r�solution par des actes. En ce moment donc, ne nous d�shonorons pas, nous qui n'avons pas auparavant endur� une servitude exempte de p�ril et qui sommes maintenant expos�s � des ch�timents inexorables accompagnant la servitude, si les Romains nous tiennent vivants entre leurs mains ; car nous f�mes les premiers � nous r�volter, et nous sommes les derniers � leur faire la guerre. Je crois d'ailleurs que nous avons re�u de Dieu cette gr�ce de pouvoir mourir noblement, en hommes libres, tandis que d'autres, vaincus contre leur attente, n'ont pas eu cette faveur. Nous avons sous les yeux, pour demain, la prise de la place, mais aussi la libert� de choisir une noble mort que nous partagerons avec nos amis les plus chers. Car les ennemis, qui souhaitent ardemment de nous prendre vivants, peuvent aussi peu s'opposer � notre d�cision que nous-m�mes leur arracher la victoire dans un combat. Peut-�tre e�t-il fallu d�s l'origine, quand nous voyions, malgr� notre d�sir de revendiquer notre libert�, tous les maux cruels que nous nous infligions � nous-m�mes, et les maux pires encore dont nous accablaient les ennemis - reconna�tre le dessein de Dieu, et la condamnation dont il avait frapp� la race des Juifs, jadis ch�re � son c�ur ; car s'il nous �tait rest� propice, ou si du moins sa col�re e�t �t� mod�r�e, il n'aurait pas laiss� se consommer la perte d'un si grand nombre d'hommes ; il n'aurait pas abandonn� la plus sainte de ses villes � l'incendie et � la sape des ennemis. Avons-nous donc esp�r�, seuls de tous les Juifs, d'�chapper � notre perte en sauvant la libert� ? Comme si nous n'�tions pas coupables envers Dieu, comme si nous n'avions particip� � aucune iniquit� (65) apr�s avoir enseign� l'iniquit� aux autres ? Mais voyez comment Dieu confond notre vaine attente, en faisant fondre sur nous des malheurs qui passent nos esp�rances. Car nous n'avons pas m�me trouv� notre salut dans la force naturelle de cette place imprenable, et, bien que poss�dant des vivres en abondance, une multitude d'armes et tous les autres approvisionnements en quantit�, c'est manifestement Dieu lui-m�me qui nous a ravi tout espoir de nous sauver. Ce n'est pas, en effet, de son propre mouvement que le feu port� contre les ennemis s'est retourn� contre le mur b�ti par nous, mais c'est l� l'effet d'une col�re soulev�e par nos crimes si nombreux, que nous avons, dans notre fureur, os� commettre sur nos compatriotes. Payons donc de nous-m�mes la peine de ces forfaits, non pas aux Romains, nos ennemis pleins de haine, mais � Dieu sont les ch�timents sont plus mod�r�s que les leurs. Que nos femmes meurent, sans subir d'outrages ; que nos enfants meurent sans conna�tre la servitude ! Apr�s les avoir tu�s nous nous rendrons les uns aux autres un g�n�reux office, en conservant la libert� qui sera notre noble linceul. Mais d'abord d�truisons par le feu nos richesses et la forteresse ! Les Romains, je le sais bien, seront afflig�s de n'�tre pas les ma�tres de nos personnes et d'�tre frustr�s de tout gain. Laissons seulement les vivres ; ceux-ci t�moigneront pour les morts que ce n'est pas la disette qui nous a vaincus, mais que, fid�les � notre r�solution premi�re, nous avons pr�f�r� la mort � la servitude. "

7. [337] Telles furent les paroles d'�l�azar. Elles ne produisirent pas la m�me impression sur tous les assistants. Les uns avaient h�te d'ob�ir, et ils �taient presque joyeux � la pens�e d'une mort aussi belle : mais il y en avait d'autres, d'un c�ur moins ferme, qui �taient touch�s de compassion pour leurs femmes et leurs familles, et sans doute aussi pour eux-m�mes, voyant la mort de si pr�s. Ils se regardaient les uns les autres, et leurs larmes disaient assez leur refus. �l�azar, les voyant c�der � la crainte et leurs �mes fl�chir devant la grandeur de son dessein, craignit que ceux m�me qui avaient entendu avec fermet� son discours ne fussent amollis par les supplications et les larmes des autres. Il ne renon�a donc pas � les exhorter et, s'enflammant lui-m�me s'animant d'une br�lante ferveur, il commen�a une harangue plus brillante encore sur l'immortalit� de l'�me, en proie � une vive indignation et regardant fixement ceux qui pleuraient :
"Certes, dit-il, je me suis bien tromp�, en croyant avoir pour compagnons, dans ces luttes pour la libert�, des hommes courageux, r�solus � bien vivre ou � mourir. Mais vous ne diff�riez nullement des premiers venus, ni pour la vertu ni pour l'audace, car vous craignez la mort, qui peut vous d�livrer des plus grands maux, quand il ne fallait ni en retarder l'instant, ni attendre un conseiller. Depuis longtemps, et d�s que s'ouvrit notre intelligence, les pr�ceptes divins, transmis par la tradition et dont le t�moignage �tait confirm� par les actions et les sentiments de nos p�res, nous ont constamment enseign� que la vie, non la mort, est un malheur pour les hommes. La mort, en effet, lib�rant nos �mes, leur permet de s'�chapper vers le pur s�jour qui leur est propre pour y �tre exemptes de toute calamit� ; mais tant qu'elles sont unies au corps mortel et sensibles � ses maux, alors, � dire toute la v�rit�, elles sont mortes; car le divin ne doit pas �tre associ� � ce qui est mortel. Assur�ment l'�me, m�me encha�n�e au corps, poss�de une grande puissance ; elle fait de lui son propre instrument de perception ; invisible, elle le meut et le pousse � des actions qui d�passent sa nature mortelle ; mais quand l'�me, d�livr�e de ce poids qui l'entra�ne vers la terre et s'attache � elle, occup� le s�jour qui est proprement le sien, elle jouit alors d'une �nergie bienheureuse et d'une puissance enti�rement ind�pendante, restant, comme Dieu lui-m�me, invisible aux regards mortels.
Car m�me quand elle est dans le corps, on ne l'aper�oit point ; elle s'en approche invisible et le quitte encore sans �tre vue ; elle n'a qu'une nature, l'incorruptibilit�, mais elle est la cause des changements qu'�prouve le corps. En effet, toute partie de ce corps que touche l'�me vit et fleurit ; toute partie dont elle se retire meurt et se fl�trit. Tant il y a en elle surabondance d'immortalit� !
Le sommeil peut fournir la preuve la plus claire de ce que j'avance; dans cet �tat, l'�me, que le corps ne sollicite pas, jouit en parfaite libert� du repos le plus agr�able : elle s'unit � Dieu par la communaut� de sa substance, erre de tous cit�s et pr�dit beaucoup de choses � venir. Pourquoi donc craindre la mort, quand on aime le repos du sommeil Quelle folie n'y a-t-il pas � rechercher la libert� dans la vie, en se refusant l'immortelle libert�.
Nous devrions, apr�s avoir �t� instruits dans nos familles, donner aux autres hommes l'exemple d'�tre pr�ts � la mort. Pourtant, si nous avons encore besoin que les �trangers nous garantissent cette croyance, regardons ces Indiens qui font profession de pratiquer la sagesse. Bien que braves, ils supportent avec impatience le temps de la vie, comme une redevance n�cessaire due � la nature, mais ils se h�tent de s�parer leur �me de leur corps et, sans y �tre engag�s ni pouss�s par aucun mal, c�dant au d�sir de la vie immortelle, ils annoncent d'avance aux autres leur intention de quitter ce monde. Il n'y a personne pour les en emp�cher : tous, au contraire, les jugent heureux, et leur donnent des lettres pour leurs proches, tant ils consid�rent comme assur�es et parfaitement vraies les relations qui unissent les �mes entre elles. Puis, quand ces sages ont entendu les messages qui leur sont confi�s, ils livrent leur corps au feu, afin de s�parer du corps, l'�me rendue � la puret� la plus parfaite, et ils meurent parmi les hymnes de louanges. Leurs amis les plus chers les accompagnent � la mort, plus volontiers que les autres hommes n'accompagnent leurs concitoyens partant pour un tr�s long voyage ; ils pleurent sur eux-m�mes, mais vantent le bonheur de ces sages, qui d�j� re�oivent leur place dans l'immortel s�jour. N'avons-nous donc pas honte d'�tre inf�rieurs en sagesse aux Indiens et d'outrager honteusement, par notre timidit�, ces lois de nos p�res qui sont un objet d'envie pour tous les hommes ? Mais, quand m�me nous aurions �t� instruits tout d'abord dans des pr�ceptes tout contraires, dans la pens�e que pour les hommes la vie est un bien et la mort un mal, l'�v�nement nous invite cependant � supporter la mort avec courage, car nous p�rissons par la volont� de Dieu et la force de la n�cessit�. Depuis longtemps, � ce qu'il semble, Dieu avait port� ce d�cret contre la race enti�re des Juifs, qu'il fallait renoncer � une vie dont nous ne savions pas user avec justice. Gardez-vous de vous accuser vous-m�mes, ni d'en faire honneur aux Romains, si la guerre que nous soutenons contre eux a entra�n� notre ruine totale : ce n'est pas leur puissance qui a produit cet effet, mais une cause bien sup�rieure qui leur a donn� l'apparence de la victoire.
Est-ce sous les armes des Romains qu'ont p�ri les Juifs de C�sar�e ? (66) Ils n'avaient pas m�me l'intention de se r�volter contre Rome : ils s'occupaient de c�l�brer le sabbat, quand la foule des habitants de C�sar�e s'�lan�a contre eux. et, sans m�me qu'ils levassent les bras, les �gorgea avec leurs femmes et leurs enfants. Cette foule n'avait aucune crainte des Romains qui, certes, consid�raient seulement comme ennemis les r�volt�s de notre nation.
Mais, dira-t-on, les habitants de C�sar�e furent toujours hostiles � ceux qui s�journaient parmi eux ; profitant de l'occasion, ils ont assouvi leur ancienne haine. Que dire alors des Scythopolitains ? Ils ont os�, dans l'int�r�t des Grecs, nous faire la guerre, mais non se venger des Romains avec notre aide, alors que nous �tions parents. La bienveillance et la fid�lit� que les Juifs avaient t�moign�es aux habitants leur a �t� vraiment d'un grand secours ; ils ont �t� cruellement �gorg�s en masse, eux et leurs familles, et c'est l� le prix qu'ils ont re�u de leur alliance. Le mal dont nous les avions d�fendus, ils l'ont fait subir � nos concitoyens, comme si ceux-ci avaient eu l'intention de l'infliger (67). II serait long maintenant de mentionner en d�tail tous ces �v�nements ; vous savez qu'il n'y a pas une ville de Syrie qui n'ait tu� les Juifs, habitant dans ses murs, avec plus de haine pour nous que pour les Romains.
C'est dans ce pays que le peuple de Damas, incapable m�me de forger un pr�texte sp�cieux, a rempli la ville du carnage le plus abominable, �gorgeant dix-huit mille Juifs avec leurs femmes et leurs enfants. Quant � la multitude des Juifs d'�gypte, tortur�s et tu�s, elle d�passe peut-�tre, on nous l'a dit, le nombre de soixante-mille.
Si ces Juifs ont p�ri de la sorte, c'est apparemment parce que, sur une terre �trang�re, ils n'ont trouv� aucun secours qu'ils pussent opposer � leurs ennemis. Mais � ceux qui, sur leur propre territoire, ont tous ensemble engag� la guerre contre les Romains, qu'a-t-il donc manqu� de ce qui pouvait leur inspirer l'espoir d'un solide succ�s : des armes, des remparts, des forteresses imprenables, un c�ur inaccessible aux p�rils affront�s pour la cause de la libert�, tout les a encourag�s � la r�volte. Mais ces forces, suffisantes pour quelque temps et qui excitaient nos espoirs, parurent bient�t la source des plus grands malheurs; tout fut pris, tout tomba aux mains des ennemis, comme si ces pr�paratifs eussent �t� faits pour rehausser leur triomphe, non pour le salut de ceux qui en �taient les auteurs. Ceux qui sont tomb�s dans les combats, il faut les estimer heureux, car ils sont morts en d�fendant la libert�, non en la trahissant. Mais qui n'aura piti� de la multitude tomb�e au pouvoir des Romains ? Qui ne voudra mourir plut�t que de subir le m�me sort ? Les uns ont p�ri sur la roue, tortur�s par le feu ou le fouet ; d'autres, � demi d�vor�s par les b�tes fauves, ont �t� conserv�s, vivants encore, pour leur servir une seconde fois de p�ture, apr�s avoir offert aux ennemis mati�re � rire et � s'amuser. Mais il faut consid�rer comme les plus infortun�s de ces Juifs ceux qui vivent encore, et qui, implorant souvent la mort, sont dans l'impossibilit� de la trouver.
O� est cette grande cit�, la m�tropole de toute la nation juive, qui devait sa force � tant d'enceintes de murailles, qui opposait aux ennemis un si grand nombre de forts et de hautes tours, qui avait peine � contenir les approvisionnements de la guerre et renfermait, pour sa d�fense, tant de myriades de combattants ? O� est celle qui passait pour une cr�ation de Dieu ? Elle a �t� arrach�e de ses fondements, renvers�e de fond en comble, et il ne reste d'elle, sur ses ruines, d'autre monument que le camp de ceux qui l'ont d�truite (68). De malheureux vieillards y demeurent encore pr�s des cendres du Temple, avec quelques femmes que les ennemis out r�serv�es aux outrages les plus vils.
Lequel de nous, songeant � un pareil spectacle, souffrira de voir la lumi�re du soleil, p�t-il m�me vivre � l'abri du p�ril ? Qui donc est assez ennemi de sa patrie, assez l�che, assez attach� � la vie pour ne pas regretter d'avoir v�cu jusqu'� ce jour ? Ah ! pl�t � Dieu que nous fussions tous morts avant d'avoir vu cette sainte cit� sap�e par les mains des ennemis, ce Temple saint renvers� par un tel sacril�ge ! Mais puisque le noble espoir qui nous a soutenus, de r�ussir peut �tre � nous venger de ce crime sur les ennemis, s'est maintenant dissip�, et nous laisse seuls en pr�sence de la n�cessit�, h�tons-nous de mourir avec honneur ! Prenons-nous en piti�, nous, nos enfants et nos femmes, tandis qu'il nous est encore permis d'avoir piti� de nous-m�mes. Car c'est pour la mort que nous sommes n�s et que nous avons engendr� nos enfants ; m�me les heureux ne peuvent pas y �chapper dais les outrages, l'esclavage, la vue de nos femmes ravies avec nos enfants pour le d�shonneur, ce ne sont pas l� des maux d'une n�cessit� naturelle pour les hommes ; de telles �preuves, ils les supportent par l�chet�, parce qu'ils ne veulent pas, en ayant le pouvoir, les pr�venir par la mort. Or, c'est enorgueillis de notre courage que nous nous sommes r�volt�s contre les Romains, et m�me tout derni�rement, quand ils nous offraient la vie sauve, nous n'avons pas c�d�. Qui ne pr�voit les effets de leur rage, si nous tombons vivants en leur pouvoir ? Infortun�s seront les jeunes gens dont la vigueur pourra souffrir tant de tourments ; infortun�s les hommes sur le retour de l'�ge, incapables de les supporter. L'un verra sa femme entra�n�e pour subir la violence ; un captif, les mains li�es, entendra la voix de son fils, implorant le secours paternel. Mais tant que ces mains sont libres et tiennent le glaive, qu'elles s'acquittent de leur noble minist�re ! Mourons sans �tre esclaves de nos ennemis ; sortons ensemble, libres, de la vie, avec nos enfants et nos femmes ! C'est l� ce que nos lois ordonnent (69), ce qu'implorent de nous nos femmes et nos enfants. C'est une n�cessit� que Dieu nous impose ; toute contraire est la volont� des Romains, qui craignent que l'un de nous ne meure avant la prise de la ville. H�tons-nous donc de leur laisser, au lieu de cette joie qu'ils esp�rent go�ter en nous prenant, un sentiment de stupeur devant notre mort et d'admiration pour notre courage !"

IX

 Prise de Masada ; suicide de la population

1-2. Prise de Masada

1. [389] Il voulait continuer ses exhortations quand tous l'interrompirent et, pleins d'une irr�sistible ardeur, s'empress�rent pour accomplir l'acte qu'il leur conseillait. Agit�s comme d'un transport divin, ils s'�loignaient, impatients de se devancer les uns les autres, jugeant que c'�tait une preuve �clatante de courage et de sagesse de ne pas se laisser voir parmi les derniers. Tant �tait fort l'amour de leurs femmes, de leurs enfants et de leur propre mort qui les inspirait ! Quand ils arriv�rent � l'acte supr�me, ils n'eurent pas. comme on l'e�t cru, de d�faillances ; ils gard�rent leur r�solution aussi fermement tendue qu'� l'instant o� ils entendirent le discours d'�l�azar ; chez tous subsistaient des sentiments �mus et affectueux, mais la raison l'emportait, parce qu'elle leur paraissait avoir pris le parti le plus sage pour les �tres qui leur �taient les plus chers. Ensemble, ils embrass�rent, �treignirent leurs femmes, serr�rent dans leurs bras leurs enfants, s'attachant avec des larmes � ces derniers baisers ; ensemble, comme si des bras �trangers les eussent assist�s dans cette �uvre, ils ex�cut�rent leurs r�solution, et la pens�e des maux que ces malheureux devaient souffrir, s'ils tombaient aux mains des ennemis, �tait pour les meurtriers, dans cette n�cessit� de donner la mort, une consolation. Enfin, nul ne se trouva inf�rieur � un si grand dessein; tous perc�rent les �tres les plus ch�ris. Malheureuses victimes du sort, pour qui le meurtre de leurs femmes et de leurs enfants, ex�cut� de leur main, paraissait le plus l�ger de leurs maux !
Aussi, ne pouvant plus supporter l'angoisse dont ces actes une fois accomplis les accablait, et croyant que ce serait faire injure aux victimes de leur survivre m�me un court instant ils en tass�rent promptement au m�me endroit tous leurs biens et y mirent le feu ; puis ils tir�rent au sort dix d'entre eux pour �tre les meurtriers de tous ; chacun s'�tendit aupr�s de sa femme et de ses enfants qui gisaient � terre, les entourant de ses bras, et tous offrirent leur gorge toute pr�te � ceux qui accomplissaient ce sinistre office. Quand ceux-ci eurent tu� sans faiblesse tous les autres, ils s'appliqu�rent les uns aux autres la m�me loi du sort : l'un d'eux, ainsi d�sign�, devait tuer ses neuf compagnons et se tuer lui-m�me apr�s tous ; de cette mani�re, ils �taient assur�s qu'il y aurait �galit� pour tous dans la fa�on de porter le coup et de le recevoir. Enfin, les neuf Juifs souffrirent la mort et le dernier survivant, apr�s avoir contempl� autour de lui la multitude des cadavres �tendus, craignant qu'au milieu de ce vaste carnage il ne rest�t quelqu'un pour r�clamer le secours de sa main et ayant reconnu que tous avaient p�ri, mit le feu au palais, s'enfon�a d'un bras vigoureux son �p�e tout enti�re dans le corps, et tomba pr�s de ceux de sa famille. Ils �taient morts dans la pens�e de n'avoir laiss� aucun �tre vivant au pouvoir des Romains ; cependant une vieille femme et une parente d'�l�azar, remarquable entre toutes par son intelligence et son savoir, avaient �chapp� aux regards et s'�taient cach�es avec cinq enfants dans les souterrains qui, � travers le sol, apportaient l'eau � la ville, pendant que les autres habitants �taient absorb�s par le massacre.
Le nombre des morts s'�levait � neuf cent-soixante, en comptant les femmes et les enfants. Ce d�sastre arriva le 15 du mois de Xanthicos (70).

2. [402] Cependant les Romains, qui s'attendaient encore � combattre, �quip�s d�s l'aurore, rejoignirent par des ponts volants les terrassements aux abords de la place et commenc�rent l'assaut. Comme ils n'apercevaient aucun ennemi et voyaient de toutes parts une affreuse solitude, et � l'int�rieur, dans un profond silence, l'incendie. ils se demandaient avec inqui�tude ce qui s'�tait pass�. Enfin, quand ils furent arriv�s � port�e de trait, ils pouss�rent de grands cris pour attirer quelqu'un des d�fenseurs. Les pauvres femmes entendirent cette clameur ; elles sortirent des souterrains et racont�rent aux Romains ce qui �tait arriv� ; l'une d'elles rapporta exactement le discours d'�l�azar et les circonstances de la tuerie.
Les Romains ne crurent pas d'abord � ce r�cit, car la grandeur d'un pareil acte les laissait incr�dules ; ils entreprirent d'�teindre le feu et bient�t, se frayant une route dans l'incendie, ils arriv�rent � l'int�rieur du palais. Alors, voyant cette multitude de cadavres, ils ne se r�jouirent pas comme en pr�sence d'ennemis morts, mais admir�rent la noblesse de cette r�solution et ce m�pris de la vie, attest� par tant d'hommes qui avaient agi avec constance jusqu'au bout.

X

Les sicaires en �gypte ; destruction du temple d'Onias

1. Les sicaire, en Egypte. 2-4. Destruction du temple d'Onias.

1. [407] Apr�s la prise de Masada, effectu�e dans ces conditions, le g�n�ral laissa dans la place une garnison, puis se rendit � C�sar�e avec ses troupes. Car il ne restait plus un ennemi dans le pays, d�j� soumis tout entier par une longue guerre qui avait r�pandu dans beaucoup de colonies juives, m�me tr�s �loign�es, des rumeurs et des dangers de troubles. C'est ainsi qu'apr�s les �v�nements, de nombreux Juifs trouv�rent encore la mort � Alexandrie d'�gypte. Car ceux des sicaires qui purent �chapper � la r�pression de la r�volte et s'y r�fugi�rent, non contents de s'�tre sauv�s, commenc�rent de nouvelles men�es r�volutionnaires et persuad�rent � une grande partie des h�tes qui les avait accueillis de revendiquer leur ind�pendance, de nier que les Romains fussent sup�rieurs et de consid�rer Dieu comme leur seul ma�tre. Quand ils virent quelques Juifs de condition �lev�e se dresser contre eux, ils les �gorg�rent et s'attach�rent aux autres en les exhortant � se r�volter. Alors les chefs du conseil (71), en pr�sence de ces �garements des sicaires, jug�rent qu'il serait dangereux pour eux de n�gliger ces tentatives ; ils r�unirent donc tous les Juifs en assembl�e et condamn�rent la fureur d�sesp�r�e des sicaires en les d�non�ant comme les auteurs de tous ces troubles ; ils d�clar�rent que ces hommes, n'ayant pas, m�me dans la fuite, l'esp�rance d'un salut assur�, - car reconnus par les Romains, ils seraient bient�t mis � mort - faisaient maintenant retomber tout le malheur m�rit� par eux sur ceux qui n'avaient particip� � aucun de leurs crimes.
Ils suppli�rent donc la multitude de se garder de la ruine dont ces sicaires la mena�aient, et de se justifier elle-m�me aupr�s des Romains en les leur livrant. Comprenant la grandeur du p�ril, les Juifs se laiss�rent persuader par cet avis, et, s'�lan�ant avec fureur contre les sicaires, ils les firent prisonniers. On en captura aussit�t six cents, et tous ceux qui s'enfuirent en Egypte et dans la ville �gyptienne de Th�bes furent en peu de temps arr�t�s et ramen�s. Il n'y avait personne lui ne f�t frapp� de leur constance et de leur fureur, que l'on doit peut-�tre appeler force d'�me. On imagina contre eux toutes sortes de tourments et de supplices dont on accablait leur corps. � seule fin de leur faire reconna�tre C�sar pour leur ma�tre : mais aucun ne c�da ni ne parut sur le point de prononcer ces mots : tous gard�rent leur opinion �lev�e au-dessus de la contrainte, comme s'ils recevaient la torture et le feu sur un corps insensible. sur une �me presque joyeuse. Ce fut surtout la conduite des enfants qui �tonna les spectateurs : on ne put contraindre aucun d'eux � nommer C�sar son ma�tre. Tant la force de l'intr�pidit� dominait en eux la faiblesse du corps !

2. [420] Lupus (72), qui �tait. alors gouverneur d'Alexandrie, manda aussit�t � C�sar ce mouvement des Juifs. Celui-ci, qui se m�fiait des Juifs � cause de leur continuel penchant � la r�volte, craignant qu'ils ne se r�unissent en corps et n'attirassent � eux quelques alli�s, ordonna � Lupus de d�truire dans la r�gion dite d'Onias le temple des Juifs (73). Celui-ci s'�l�ve en �gypte dans une r�gion qui a �t� colonis�e et a re�u son nom dans les circonstances que voici. Onias, fils de Simon, un des grands-pr�tres de J�rusalem, fuyant Antiochos, roi de Syrie (74), qui �tait alors en guerre avec les Juifs, vint � Alexandrie, o� Ptol�m�e le re�ut avec bienveillance � cause de la haine de ce roi contre Antiochos. Onias lui promit de lui procurer l'alliance du peuple juif, s'il se laissait persuader par ses paroles. Comme le roi lui promettait de faire ce qu'il pourrait, Onias lui demanda l'autorisation de construire un temple en quelque point de l'�gypte, et de servir Dieu suivant les coutumes des anc�tres ; il ajouta qu'ainsi les Juifs seraient encore plus hostiles � Antiochos, qui avait ruin� le Temple de J�rusalem, qu'ils t�moigneraient au roi d'�gypte encore plus de bienveillance, et que la tol�rance de leur culte en attirerait un plus grand nombre aupr�s de lui.

3. [426] Gagn� par ces paroles, Ptol�m�e lui assigna un territoire situ� � cent quatre vingts stades de Memphis, dans le nome dit d'H�liopolis. C'est l� qu'Onias b�tit une citadelle, puis �leva un temple, non point pareil � celui de J�rusalem, et ressemblant plut�t � une tour faite de grandes pierres qui s'�levait � soixante coud�es. Mais l'autel fut construit � l'image de celui de la m�tropole et le temple orn� d'objets semblables, sauf le chandelier : � la place de celui-ci, Onias fit fabriquer une lampe d'or, r�pandant une lumi�re �clatante, qu'il suspendit � une cha�ne d'or. Toute l'enceinte �tait ferm�e d'un mur de briques cuites, muni de portes de pierre. Le roi fit don � ce temple de grandes terres pour lui constituer des revenus, assurant ainsi aux pr�tres une vie facile et � Dieu tout ce qu'exigeait la pi�t�. Dans tout cela Onias n'ob�issait pas � des sentiments louables ; il y avait en lui l'intention de rivaliser avec les Juifs de J�rusalem, car il leur en voulait de son exil - et il esp�rait crue par la construction de ce temple il y attirerait la multitude loin de la m�tropole. Il y avait d'ailleurs une proph�tie qui remontait � six cent ans en arri�re (75) et dont l'auteur, sous le nom d'Isa�e, annon�ait la fondation de ce temple eu Egypte, par la main d'un Juif. C'est donc ainsi que ce temple fut construit.

4. [433] Quand Lupus, le gouverneur d'Alexandrie, eut re�u la lettre de C�sar, il se rendit � ce sanctuaire, se fit livrer quelques-unes des offrandes et ferma le temple. Lupus mourut peu apr�s ; Paulinus, qui lui succ�da dans ce gouvernement, ne laissa en place aucun des objets du culte et mena�a les pr�tres de peines graves s'ils ne les lui apportaient pas tous. Il ne permit pas � ceux qui voulaient honorer Dieu d'entrer dans le temple, en ferma les portes et le rendit compl�tement inaccessible, de mani�re � ne laisser dans ce lieu aucune trace du culte divin. Depuis la fondation du temple jusqu'� sa fermeture, il s'�tait �coul� trois cent quarante trois ans (76).

XI

Les sicaires � Cyr�ne; accusation port�e contre Jos�phe. �pilogue

1. S�dition des sicaires � Cyr�ne. - 2. Conduite inf�me de Catullus. - 3. Accusation contre Jos�phe. - 4. Fin mis�rable de Catullus. - 5. Epilogue de l'histoire de la guerre des Juifs.

1.  [437] La fureur des sicaires s'attaqua aussi comme une �pid�mie aux villes de la Cyr�na�que, Jonathan, le plus sc�l�rat des hommes, tisserand de son m�tier, se r�fugia � Cyr�ne ; il persuada un assez grand nombre de pauvres gens de le suivre et les emmena au d�sert, leur promettant de leur montrer dis signes divins et des apparitions. Son entreprise et ses fourberies rest�rent g�n�ralement ignor�es ; cependant les Juifs les plus distingu�s de Cyr�ne d�nonc�rent � Catullus, gouverneur de la Libye pentapolitaine, l'exode et les men�es de Jonathas. Le gouverneur envoya des cavaliers et des fantassins et s'empara facilement de cette troupe d�sarm�e. La plupart furent tu�s, d'autres pris vivants et amen�s � Catullus. Quant a l'instigateur, Jonathan, il se sauva sur l'heure, mais fut pris apr�s des recherches actives faites dans tout le pays. Conduit devant le gouverneur, il imagina un moyen d'�chapper lui-m�me au supplice et de fournir ainsi � Catullus l'occasion de s�vir injustement, car il pr�tendit faussement que les Juifs les plus riches lui avaient sugg�r� son dessein.

2. [443] Catullus accueillit avec empressement ces calomnies et enfla consid�rablement l'affaire, en prenant un ton tragique pour se donner l'apparence d'avoir, lui aussi, triomph� d'une guerre juive. Qui pis est, non content d'ajouter foi aux mensonges des sicaires, il en fut encore l'inspirateur; c'est ainsi qu'il donna l'ordre � Jonathas de d�noncer un certain Juif, du nom d'Alexandre dont il �tait depuis longtemps l'ennemi et auquel il portait une haine ouverte ; il enveloppa dans ses accusations B�r�nice, la femme d'Alexandre, les mit � mort tous deux et fit �gorger apr�s eux tous les Juifs connus par leur richesse, c'est-�-dire environ un millier d'hommes. Il croyait commettre ces crimes avec s�curit�, parce qu'il confisquait leurs patrimoines au profit du fisc imp�rial.

3. [447] Pour emp�cher m�me que des Juifs d'autres pays pussent d�noncer son injustice, il poussa plus loin le mensonge et persuada Jonathas et quelques-uns de ceux qui avaient �t� pris avec lui d'�tendre l'accusation de r�volte aux Juifs les plus consid�r�s d'Alexandrie et de Rome. Un de ceux qui furent ainsi accus�s frauduleusement �tait Jos�phe, l'auteur de cette histoire (77).
Cependant cette machination ne r�ussit pas au gr� des esp�rances de Catullus. Il vint � Rome, amenant encha�n�s Jonathas et ses compagnons, pensant que l'enqu�te se bornerait aux fausses accusations formul�es aupr�s de lui et par son ordre. Mais Vespasien con�ut des soup�ons sur l'affaire, il rechercha la v�rit�, reconnut l'injustice de l'accusation port�e contre ces Juifs, les remit en libert� sur les instances de Titus et infligea � Jonathas la peine qu'il m�ritait ; il fut, en effet, tortur�, puis br�l� vif.

4. [451] Catullus, gr�ce � l'humanit� des empereurs, fut seulement r�primand� ; mais il devint, peu de temps apr�s, la proie d'une maladie compliqu�e et incurable qui le fit mourir douloureusement. Ce n'est pas seulement dans son corps qu'il �tait puni, car . la maladie dont souffrait son �me �tait encore plus atroce. En proie � des terreurs, il s'�criait souvent qu'il voyait les spectres de ceux qu'il avait tu�s se dresser devant lui ; incapable de r�primer ses transports, il s'�lan�ait de sa couche comme s'il �tait soumis � des tortures et au supplice du feu. Le mal faisait de jour en jour des progr�s ; ses entrailles rong�es sortaient de son corps ; c'est ainsi qu'il mourut, donnant la preuve la plus manifeste que la Providence divine punit les m�chants.

5. [454] Ici se termine cette histoire, que nous avons promis d'�crire avec une grande exactitude pour l'instruction de ceux qui veulent conna�tre les circonstances de cette guerre des Romains contre les Juifs. Pour le style (78), je laisse � mes lecteurs le soin de l'appr�cier. Mais quant � la v�rit� des faits, je ne crains pas de dire avec assurance que ce fut, dans tout le cours de mon r�cit, le seul but o� j'aie vis�.

livre VI

 

(01) Sur les faits relat�s dans le livre, comparez Tacite, Hist., III-V, et Dion Cassius, livre LXVI.
(02) C'est-�-dire � des h�rauts (R. H.).
(03) Plus haut, II, 500 et suiv.
(04) Aujourd'hui Homs en Syrie.
(05) Domitien, n� le 14 octobre 52.
(06)  L'indiff�rence avec laquelle le Juif Jos�phe raconte ces horreurs suffit � juger ce triste personnage.
(07) Probablement Antiochos 1 Soter (280-261).
(08) Antiochos IV Epiphanes (175-164).
(09) Vers 170 (cf. plus haut, I, 31).
(10) S'agit-il du Temple de J�rusalem ou de la synagogue nomm�e plus haut ?
(11) T�moignage int�ressant sur la diffusion du juda�sme par des conversions (R. H.).
(12) Consul en 93.
(13) N�ron, Galba, Othon, Vitellius (68-69 apr�s J.-C.).
(14) Comparez les r�cits de ces �v�nements dans Tacite, Hist., IV, 54 et suiv.
(15)  Les mss., par une �vidente erreur, portent Οὐίτιλλος
(16) Q. P�tilius C�r�alis, parent de Vespasien, qui fit la guerre en Bretagne (61, 71) et pr�para les succ�s d'Agricola.
(17)  Le t�moignage de Tacite (Hist. IV, 86) est beaucoup moins favorable � Domitien ; Jos�phe �crit en courtisan.
(18) Gouverneur de Maesie depuis 70.
(19) Tacite, Hist., II, 51, 99. Mais Tacite ne fait qu'une allusion vague � la guerre sarmatique (IV, 54 ).
(20)  Plus haut, VI, 39.
(21)  Arka, au nord-est de Tripoli : voir Antiq., I, 138.
(22) Pline, Hist. Nat., XXXI, 11 : In Judea rivus sabbatis omnibus siccatur. L'identification est incertaine. Cette rivi�re joue un r�le dans le folklore juif ; voir Rev. des �tude. juives, XXII. p. 285 (I. L.).
(23) Sur la rive droite de l'Euphrate, non loin de Samosate.
(24) Lire, avec Destinon, τῶν τ'ἄλλων  (R. H.).
(25) Vespasien, Titus, Domitien.
(26) C'est-�-dire au champ de Mars, non au Palatin.
(27) A l'ouest du Capitole.
(28) Porta triomphalis, entre le Capitole et le Tibre.
(29) C'est-�-dire des dieux romain;  Joseph �crit pour des Juifs.
(30) En souvenir du combat sur le lac de Tib�riade plus haut, III, 322.
(31) Table des pains de proposition. Ces objets sont figur�s sur l'arc de Titus (S. Reinach, R�p. des reliefs, I, p. 273-4, avec bibliographie).
(32)  La prison Mamertine.
(33)  Au sud-est du Forum.
(34) Μαχαιροῦς g�nitif οῦντος, ne doit pas se transcrire Machaerus.
(35) Sextus Vettulenus Cerialis : voir plus haut, 111, 310. Les mss. portent Οὐετιλιανοῦ
(36) Forteresse et tombeau d'H�rode au nord de J�rusalem.
(37) Extr�mit� nord de la Mer Morte.
(38) Alexandre Jann�e, 103 - 76 av. J.-C. Voir le livre XIV des Antiquit�s, � 83.
(39) Voir plus haut, I, 140, 160.
(40) Baaru, sources thermales.
(41)  Voir plus haut, IV, 480.
(42) Non identifi�e.
(43) Voir plus haut, VI, 92. Mais la fuite de Judas n'y est pas mentionn�e, preuve nouvelle qu'il y a des lacunes dans le texte ou que la r�daction en a �t� h�tive.
(44)  On croit que c'est le lieu dit Kulonieh (colonia), au nord-ouest de J�rusalem, l'Emma�s de Luc (XXIV, 53).
(45)  Le demi schekel ; voir Antiq., XVIII, 313.
(46) Voir plus haut, VI, 59.
(47) Χαλκίδος et non Χαλκιδικῆς. Cette r�gion du Liban n'est pas identifi�e.
(48) Voir plus haut, V. 460.
(49) Encore une r�f�rence � un passage qui manque � notre texte.
(50)  Le fleuve Don et la mer d'Azof.
(51) Au sud de la mer Caspienne.
(52)  Les Portes Caspiennes, d�fil� du Taurus.
(53)  Il �tait le fr�re du roi Volog�se mentionn� ci-dessus (VI, 237).
(54)  Autre fr�re de Volog�se.
(55)  Ces renseignements que Jos�phe donne avec tant de pr�cision sur les attaques des Scythes offrent beaucoup d'int�r�t. On comprend mieux pourquoi Valerius Flaccus, contemporain de Vespasien, a donn� une si grande place, dans son po�me des Argonautiques, � la description des moeurs des Scythes. Il les montre luttant contre Jason et certains d�tails semblent pris sur le vif. Cf. R. Harmand, de Valerio Flacco Apollinii Rhodii imitatore, 1898, et du m�me, Revue de philologie, janvier 1899 (Valerius Flaccus et les Barbares) (R. H.)
(56) L. Flavius Silva Nonius Bassus, consul en 81.
(57) Sebbeh, au-dessus de la rive ouest de la Mer Morte, o� des traces des travaux des Romains sont encore visibles.
(58) Plus haut. II. 118.
(59) Sur Masada (Sebbeh) et ses ruines, voir l'article G. Williams dans le Dict. of Georg. de Smith, II, p. 287.
(60) Fr�re de Judas Macchab�e ; voir plus haut, I, 48.
(61) Plus haut, II, 408, 433.
(62) Voir plus haut, I, 359.
(63) Voir plus haut, VII, 275.
(64) Τυπτομένου (Destinon) et non ὑψουμένου.
(65)  La vieille traduction latine porte culpae : un ms. grec a παρανομίας mot qu'omettent les autres.
(66)   Voir plus haut, II, 206.
(67) Texte incertain.
(68) Texte incertain ; nous suivons la version qualifi�e de perhaps right par Thackeray (p. 611, note b).
(69)   Aucun texte biblique ne confirme cette assertion ; l'esprit de ce discours est d'ailleurs bien plus sto�cien que juif. On peut comparer au discours d'�l�azar celui de Vulteius dans la Pharsale, IV, 476 et suiv.
(70) 2 mai 72 ou 73.
(71) La G�rousia.
(72) Personnage inconnu.
(73) L�ontopolis (Tell el Yehudiyeh), au nord-est de Memphis, o� l'on a retrouv� les fondations du temple juif.
(74) Antiochos �piphane.
(75)  Isa�e, XIX, 18 ; voir Antiq., XIII, 68. On a souvent consid�r� ce verset d'Isa�e comme interpol�.
(76) Le nombre 343, historiquement inexact, est �gal � 7 x 7 x 7 : un pareil calcul, fond� sur des raisons mystiques, a pu motiver l'erreur de chronologie (R. Eisler).
(77)  Il en parle dans sa Vie. 424.
(78) Jos�phe avait d'abord �crit son histoire en aram�en (plus haut, I, 3) ; des collaborateurs (servi litterari) l'aid�rent � produire l'�dition grecque. Thackeray a cru distinguer deux secr�taires. dont l'un imitait Thucydide, l'autre les Tragiques grecs. Voir son livre intitul� : Josephus. the Man and the Historian. New York, 1929.

livre VI

 

 

OSZAR »