texte num�ris� et mis en page par Fran�ois-Dominique FOURNIER (Notes en grec relues et corrig�es - F. D. F)
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Flavius Jos�phe |
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ANTIQUITES JUDA�QUES Flavius Jos�phe Traduction de Julien Weill Sous
la direction de 1900
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LIVRE XVI� I[1] �1. Lois d�H�rode � 2. Ses fils reviennent de Rome, sont calomni�s par Salom�, se marient.[1] 1. Dans l�administration g�n�rale de l��tat, le roi prit � c�ur de r�primer une � une les iniquit�s commises dans la ville et la campagne. A cet effet il �tablit une loi absolument diff�rente des lois primitives, loi qu�il sanctionna personnellement et condamnait les coupables de vol par effraction � �tre vendus aux fins de d�portation hors du royaume. Cette mesure ne constituait pas seulement un ch�timent d�une duret� intol�rable, mais une violation des coutumes nationales. [2] En effet, le fait de subir l�esclavage chez des gens d�une autre race et pratiquant une autre mani�re de vivre, l�obligation de faire tout ce que ces gens-l� ordonnaient, repr�sentaient plut�t un attentat aux pratiques religieuses qu�un ch�timent pour les condamn�s, tandis que primitivement on s�en �tait tenu au genre de peine que voici. [3] Les lois enjoignaient que le voleur pay�t le quadruple[2] du dommage caus�, et que, s�il n�avait pas de quoi, il f�t vendu, mais non pas � des gens de race �trang�re, ni pour un esclavage perp�tuel ; car il fallait l�affranchir au bout de six ans r�volus. [4] Au contraire, le ch�timent dur et ill�gal fix� par la nouvelle ordonnance paraissait une marque d�arrogance et prince semblait l�avoir �tabli moins en roi qu�en tyran, sans aucun �gard pour l�int�r�t, commun de ses sujets. [5] Comme le reste de sa conduite, cette l�gislation provoquait contre lui des m�disances et de l�hostilit�. [6] 2. C�est � ce moment qu�il fit le voyage d�Italie, c�dant � la fois au d�sir de rencontrer l�empereur et de voir ses fils qui s�journaient � Rome. Entre autres marques de bienveillance que lui prodigua l�empereur, il lui donna la permission de ramener dans sa patrie ses fils, dont il regardait les �tudes comme d�sormais termin�es. [7] A leur retour d�Italie la foule s�enthousiasma pour ces jeunes gens : ils �taient l�objet de l�attention g�n�rale, par�s de la grandeur de leur fortune et, dignes, par leur apparence, du rang royal. [8] Cependant ils furent imm�diatement en butte �. la haine de Salom�, s�ur du roi, et de ceux qui avaient accabl� Mariamne par leurs calomnies[3] ; ces derniers craignaient que les jeunes princes, s�ils arrivaient, au tr�ne leur fissent expier les crimes dont ils s��taient rendus coupables envers leur m�re. [9] Au sujet m�me de leurs craintes ils surent tirer une calomnie contre eux en r�pandant la fable que c��tait contre leur gr� qu�ils vivaient avec leur p�re : la mort de leur m�re leur faisait juger m�me criminel de demeurer en compagnie du meurtrier de celle qui les avait mis au monde. [10] Fondant ainsi leur accusation sur des faits v�ritables pour lui donner de la vraisemblance, ils �taient en mesure de nuire et de saper la bienveillance que le roi �prouvait pour ses fils. Ils se gardaient bien, en effet, de rien dire ouvertement devant lui, mais ils faisaient pleuvoir des propos de ce genre parmi le reste du peuple et, par les rapports qui en revenaient � H�rode, ils excitaient sous main sa haine qui, avec le temps, devait l�emporter sur les liens naturels eux-m�mes. [11] Cependant, � ce moment l�, le roi, dont l�affection paternelle dominait encore tous les soup�ons et les calomnies, donna � ses fils la part d�honneurs qui leur reverrait, et, comme ils �taient en �ge, leur choisit des �pouses : � Aristobule la fille de Salom�, B�r�nice, � Alexandre la fille d�Arch�la�s, roi de Cappadoce, Glaphyra.
� II[4] �1-2. H�rode accompagne Agrippa dans sa campagne du Pont. � 3-4. Il fait obtenir gain de cause aux Juifs d�Asie contre les Grecs. � 5. H�rode, rentre � J�rusalem, rend compte de son voyage et exempte le peuple du quart des imp�ts de l�ann�e pr�c�dente.[12] 1. Apr�s avoir pris ces dispositions, lorsque H�rode apprit que Marcus Agrippa �tait � nouveau pass� d�Italie en Asie Mineure[5], il se h�ta d�aller � sa rencontre et l�invita � venir dans son royaume pour y recevoir l�accueil d� � un h�te et � un ami. [13] Agrippa, c�dant � ses instances pressantes, vint en Jud�e. H�rode ne n�gligea rien pour gagner ses bonnes gr�ces, le recevant dans les villes nouvellement fond�es ; tout en lui montrant ses b�timents, il lui offrit ainsi qu�� ses amis les jouissances de festins luxueux, aussi bien � S�baste, � C�sar�e, autour du port qu�il avait construit, que dans les forteresses qu�il avait �difi�es � grands frais, Alexandrion, H�rodion[6], Hyrcania. [14] Il l�emmena aussi dans la ville de J�rusalem o� tout le peuple vint � sa rencontre en v�tements de f�te et accueillit Agrippa par des acclamations. Celui-ci offrit � Dieu une h�catombe et, un festin au peuple, qui ne le c�dait pas en nombre aux cit�s les plus populeuses. [15] Personnellement il serait rest� pour son plaisir encore plus longtemps, mais le temps le pressait, car il ne croyait pas prudent d�entreprendre � l�approche de l�hiver le voyage qu�il �tait oblig� de faire pour retourner en Ionie. [16] 2. Agrippa s�embarqua donc apr�s qu�H�rode l�eut honor� de multiples pr�sents, ainsi que les plus distingu�s de ses amis. Quant au roi, ayant hivern� dans ses propres �tats, il se h�ta au printemps de rejoindre Agrippa parce qu�il savait qu�il avait d�cid� une exp�dition au Bosphore[7]. [17] Et ayant navigu� en passant, par Rhodes et Cros, il se dirigea vers Lesbos dans l�espoir d�y rattraper Agrippa. Mais l� il fut arr�t� par un vent du Nord qui emp�cha ses navires de mettre � la voile. [18] Alors il s�journa plusieurs jours � Chios, o� il re�ut avec bienveillance beaucoup de visiteurs et leur offrit des pr�sents royaux. Comme il constata que le portique de la ville �tait en ruines � il avait �t� d�truit, au cours de la guerre de Mithridate et en raison de sa grandeur et de sa beaut� �tait plus difficile � restaurer que tout autre � [19] il donna de l�argent non seulement en quantit� suffisante, mais m�me en exc�dant, pour achever la restauration de l��difice et il recommanda que, loin de diff�rer l�ouvrage, on le men�t vivement pour rendre � la ville son ornement particulier. [20] Le vent tomb�, il toucha � Mityl�ne, puis de l� � Byzance, et lorsqu�il apprit qu�Agrippa avait d�j� doubl� les �les Cyan�es[8], il se h�ta � sa poursuite � force de voiles. [21] C�est aux environs de Sinope du Pont qu�il rejoignit, Agrippa, qui, ne s�attendant pas � le voir rencontrer ses navires, l�accueillit avec joie ; ce fut un grand �change de caresses, parce qu�Agrippa voyait un supr�me t�moignage de bonne volont� et d�affection de la part du roi qui avait accompli une si longue travers�e et n�avait pas n�glig� de lui apporter son concours, le pr�f�rant � ses propres affaires dont il avait abandonn� l�administration en m�me temps que son royaume. [22] Et il est certain que pendant toute l�exp�dition H�rode fut tout pour lui : son auxiliaire dans les affaires publiques, son conseiller dans les affaires particuli�res, agr�able m�me dans les moments de repos, il �tait le seul � partager tout avec lui, les peines par affection, les plaisirs par d�f�rence. [23] Une fois r�gl�es les affaires du Pont[9] qui �taient l�objet de la mission d�Agrippa, ils d�cid�rent de ne pas rentrer par mer : ils travers�rent la Paphlagonie et la Cappadoce, gagn�rent ensuite la Grande Phrygie et arriv�rent � Eph�se, d�o� ils se rembarqu�rent pour Samos. [24] Nombreuses furent les lib�ralit�s faites par le roi � chacune des villes, selon les besoins de ceux � qui il donnait audience : en effet, personnellement, il ne refusa ni argent ni accueil[10], fournissant lui-m�me aux d�penses, et de plus il s�entremettait pour ceux qui esp�raient quelque chose d�Agrippa et obtenait pour tous les solliciteurs compl�te satisfaction. [25] Comme Agrippa aussi �tait vertueux et lib�ral, comme il s�appliquait � obliger les uns sans faire tort aux autres, le roi avait la plus grande influence pour d�cider � des bienfaits un ami qui lui-m�me y �tait prompt. [26] C�est ainsi qu�il r�concilia les habitants d�Ilion avec Agrippa irrit� contre eux, lib�ra les habitants de Chios de leurs dettes envers les procurateurs de l�empereur et de leurs imp�ts, et ainsi de suite pour les autres, qu�il aidait chacun dans sa demande. [27] 3. Comme ils �taient alors en Ionie, une grande foule des Juifs qui habitaient les villes du pays saisirent cette occasion de parler librement et vinrent � lui. Ils lui dirent les injustices qu�ils subissaient, n�ayant pas la permission de suivre leurs lois particuli�res, forc�s d�ester en justice les jours de f�te par la tyrannie des gouvernants ; [28] on confisquait les sommes d�argent qu�ils mettaient de c�t� pour J�rusalem, on les obligeait de participer au service militaire et aux charges publiques et de d�penser pour cela le tr�sor sacr�, alors que les Romains les en avaient toujours dispens�s[11] et leur avaient permis de vivre ainsi conform�ment � leurs lois particuli�res. [29] Comme ces gens clamaient ainsi, le roi pria Agrippa de les entendre plaider leur cause, et, il confia m�me � un de ses amis, Nicolas i, le soin de soutenir leurs justes revendications. [30] Lorsque Agrippa eut convoqu� � ses c�t�s comme assesseurs les dignitaires, romains, les rois et les princes pr�sents, Nicolas[12], investi de cette mission, parla en ces termes pour les Juifs : [31] � Tr�s grand Agrippa, pour tous ceux qui se trouvent press�s par le besoin, c�est une n�cessit� de recourir aux hommes capables de les d�livrer des injustices qui les accablent ; ceux qui te sollicitent � pr�sent ont obtenu de parler librement. [32] Comme ant�rieurement d�j� ils vous ont souvent trouv�s, Romains, tels qu�ils vous souhaitaient, ils demandent, � n��tre pas priv�s par vous-m�mes des gr�ces que vous leur avez donn�es : surtout qu�ils les ont re�ues de ceux l� qui seuls avaient pouvoir de le leur donner, tandis que ceux qui essaient de les leur enlever ne sont pas, ils le savent, leurs sup�rieurs, mais leurs �gaux et soumis comme eux � votre autorit�. [33] Et pourtant, si ce qu�ils ont obtenu est d�une grande importance, il est honorable pour les b�n�ficiaires de s��tre montr�s dignes d�un tel pr�sent ; si au contraire c�est peu de chose, il est honteux que leurs bienfaiteurs ne leur en confirment pas la possession. [34] Ceux qui s�y opposent et traitent injurieusement les Juifs offensent � la fois les b�n�ficiaires des gr�ces, puisqu�ils jugent indignes des gens � qui leurs ma�tres ont rendu t�moignage en les leur accordant, et les bienfaiteurs, puisqu�ils pr�tendent rendre leurs gr�ces inefficaces. [35] D�ailleurs, si l�on demandait � ces m�mes hommes ce qu�ils pr�f�reraient, se voir enlever la vie ou leurs coutumes nationales, c�est-�-dire les pompes, les sacrifices et les f�tes qu�ils c�l�brent en l�honneur des dieux auxquels ils croient, je sais bien qu�ils aimeraient mieux subir n�importe quelle privation que la destruction d�une de leurs coutumes ancestrales. [36] Et en effet la plupart des peuples ne se d�cident � faire la guerre que pour emp�cher ces coutumes d��tre transgress�es ; de plus, le bonheur que poss�de � pr�sent, gr�ce � vous, le genre humain tout entier, est justement mesur� par nous au fait qu�il est permis � chacun de vivre et de prosp�rer dans son pays en observant ses lois nationales. [37] Eh bien, ce que ces gens l� ne pourraient supporter eux-m�mes, ils essaient de l�imposer par la violence � d�autres, comme si ce n��tait pas commettre m�me impi�t� de n�gliger ses rites religieux envers ses propres dieux ou de d�truire les rites d�autrui d�une mani�re sacril�ge. [38] � Entrons maintenant dans d�autres consid�rations. Y a-t-il un pays, un �tat, une communaut� nationale d�hommes auxquels n�apparaisse pas comme le plus grand des biens la protection qu�ils re�oivent de votre empire et, de la puissance romaine ? Y a-t-il quelqu�un qui voudrait que les gr�ces qui en viennent soient sans valeur ? [39] Personne, pas m�me un insens�. Car il n�est personne qui n�y participe soit � titre public, soit � titre priv�. Et assur�ment, ceux qui privent quelqu�un de vos dons �branlent eux-m�mes la possession de ce qu�ils ont obtenu de vous. [40] Cependant vos gr�ces pour eux sont telles qu�on ne peut m�me les mesurer. En effet, si l�on compare les royaut�s de jadis et le gouvernement d�� pr�sent, si grands que soient tous les autres dons de ce dernier pour notre bonheur, un seul[13] suffit � les �galer tous : c�est qu�on ne voit plus en nous maintenant des esclaves, mais des hommes libres. [41] Quant � notre situation, bien que brillante, elle ne peut exciter la jalousie. Car c�est gr�ce � vous et avec tous que nous sommes heureux, et la seule chose � quoi nous ayons demand� � participer, c�est le droit de conserver sans entrave notre religion nationale, avantage qui en lui-m�me ne para�trait pas susceptible d�exciter l�envie m�me de ceux-l� qui l�ont accorda. [42] Car si la divinit� aime � �tre honor�e, elle aime �galement ceux qui permettent qu�on l�honore. D�ailleurs, dans nos coutumes, il n�y a rien d�inhumain ; tout au contraire y respecte a pi�t� et est consacr� par la justice protectrice[14]. [43] Nous ne cachons rien des pr�ceptes qui fournissent dans notre vie des guides pour la pi�t� et pour les occupations humaines ; nous r�servons le septi�me jour � l��tude de nos coutumes et de notre loi parce que nous croyons devoir nous instruire, comme de tout autre objet, des r�gles qui nous pr�servent du p�ch�. [44] Ces coutumes, si on les examine, sont belles en soi ; de plus, elles sont pour nous anciennes, quoi qu�en pensent certains ; aussi est-il difficile � ceux qui les ont pieusement re�ues et qui les observent de d�sapprendre ce qui a re�u la cons�cration du temps. [45] Voil� ce dont ces gens nous privent injurieusement en d�tournant, par un vol manifestement sacril�ge, les richesses que nous r�unissons pour les consacrer au nom de Dieu, en nous imposant des contributions, en nous tra�nant en justice ou en nous for�ant � d�autres actes les jours de nos f�tes, non par respect, des contrats, mais pour insulter notre culte dont ils connaissent l�existence, et cela par l�effet d�une haine injuste et qui leur est interdite. [46] En effet, votre empire universel et unique donne � la bienveillance son efficacit� et annihile la m�chancet� de ceux qui pr�f�rent ha�r plut�t qu�aimer. [47] � C�est pourquoi nous demandons, tr�s grand Agrippa, � ne pas subir de mauvais traitements, � ne pas �tre insult�s, ni emp�ch�s d�observer nos coutumes nationales, ni priv�s de nos biens, et � ne pas supporter des violences que nous �pargnons � autrui. Ce ne sont pas l� seulement des demandes justes, mais des droits que vous nous avez d�j� octroy�s. [48] Nous pourrions � ce sujet donner lecture de nombreux s�natus-consultes et des tablettes d�pos�es au Capitole, qui �videmment nous ont �t� accord�s apr�s l��preuve de notre fid�lit� envers vous et qui seraient valables m�me si nous n�avions rien fait pour les m�riter. [49] Car ce n�est pas nous seuls, mais presque tous les hommes dont vous avez gard� les biens, � qui vous avez accord� plus qu�ils n�esp�raient et dont vous avez �t� les bienfaiteurs par votre domination ; et si l�on voulait �num�rer en d�tail tous les services dont ils vous sont redevables, on ne finirait jamais de parler. [50] Mais, pour montrer que nous m�ritons tout ce que nous avons re�u, il suffit � notre franchise, en taisant tout le pass�, de nommer celui qui r�gne maintenant sur nous et qui si�ge � tes c�t�s. [51] Quelle marque de d�vouement a-t-il n�glig�s ; envers votre maison ? Quelle preuve de fid�lit� a-t-il omise ? Quel honneur n�a-t-il pas imagin� ? En quel besoin ne jette-t-on pas d�abord les yeux sur lui ? Qu�est-ce qui emp�che donc que nos propres privil�ges ne soient compt�s au nombre des bienfaits m�rit�s par tant de services[15] ? [52] Peut-�tre serait-il juste aussi de ne pas passer sous silence la vaillance de son p�re Antipater, qui, lorsque C�sar envahit l��gypte[16], le renfor�a de deux mille fantassins et ne se montra inf�rieur � personne tant pour les combats de terre que pour les besoins de la flotte. [53] A quoi bon dire de quel poids frirent alors ces hommes, de quels dons importants C�sar les combla chacun ? Il faudrait rappeler le rapport envoy� alors par C�sar au S�nat, et comment Antipater re�ut du peuple romain des honneurs et le droit de cit�. [54] Ces t�moignages suffiront � montrer que c�est � juste titre que nous avons obtenu ces faveurs et, que nous en demandons la confirmation � vous, qui, si nous n�en n�avions �t� d�j� gratifi�s, eussiez pu nous en faire esp�rer l�octroi en raison de l�attitude de notre roi � votre �gard et de la v�tre envers lui. [55] D�ailleurs, les Juifs, l�-bas[17] nous font savoir combien tu t�es montr� bienveillant en courant leur pays, comment tu as offert � Dieu les sacrifices rituels et l�as honor� de voeux rituels, comment tu as gratifi� le peuple d�un festin et accept� ses pr�sents d�hospitalit�. [56] Tout, ce qui, dans notre peuple et notre ville, a �t� fait pour un homme investi d�un si grand pouvoir, doit �tre regard� comme des preuves et des marques d�une amiti� que tu as donn�e � ton tour au peuple juif quand le foyer d�H�rode t�accueillait officiellement. [57] En te rappelant ces choses, ainsi que le souvenir du roi qui si�ge ici � tes c�t�s, nous ne te demandons rien d�excessif, mais seulement de pas nous laisser d�pouiller par d�autres de ce que vous nous avez donn� vous-m�mes. � [58] 5. Lorsque Nicolas eut termin� cet expos�, il n�y eut aucune r�plique de la part des Grecs, car il ne s�agissait pas d�un proc�s devant un tribunal, mais seulement d�une supplique contre leurs violences. [59] Et ils ne se d�fendaient nullement d�avoir agi ainsi, mais all�geraient, seulement que les Juifs, par le seul fait d�habiter leur pays, commettaient une injustice[18]. Mais ces derniers d�montraient qu�ils �taient indig�nes et habitaient le pays sans causer aucun pr�judice par l�observation de leurs coutumes nationales. [60] Donc Agrippa, ayant reconnu qu�on leur faisait violence, r�pondit qu�en raison du d�vouement et de l�amiti� que lui t�moignait H�rode, il �tait pr�t � accorder aux Juifs n�importe quelle faveur ; que, au surplus, leurs r�clamations lui paraissaient justes en elles-m�mes et que, si m�me ils demandaient davantage, il ne refuserait pas de leur conc�der tout ce qui ne g�nerait pas l�autorit� des Romains ; comme ils demandaient seulement la confirmation de ce qu�ils avaient re�u pr�c�demment, il leur assurait le droit de continuer � pratiquer leurs coutumes nationales sans �tre molest�s. [61] Apr�s avoir ainsi parl�, Agrippa cong�dia le conseil. H�rode se levant lui donna l�accolade et le remercia de ses bonnes dispositions envers lui. Agrippa, t�moignant encore au roi son amiti�, le paya de retour en l�embrassant �galement et en lui donnant � son tour l�accolade, puis il se retira[19]. [62] Le roi d�cida de faire voile de Samos pour son pays et, apr�s avoir pris cong� d�Agrippa, il appareilla. Il arriva quelques jours apr�s � C�sar�e gr�ce � des vents favorables. Venu de l� � J�rusalem, il r�unit le peuple en assembl�e g�n�rale ; il y eut une grande foule, qui vint m�me de la campagne. [63] Montant � la tribune, H�rode rendit compte de tout son voyage et releva ce qu�il avait fait en faveur des Juifs d�Asie, qui, gr�ce � lui, pourraient � l�avenir vivre sans �tre molest�s. [64] Enfin, joyeux de tous ses succ�s dans l�administration de son royaume et de n�avoir rien n�glig� de leurs int�r�ts, il leur fit remise du quart des imp�ts de l�ann�e pr�c�dente. [65] Le peuple, charm� par cette faveur autant que par ses paroles, se retira joyeux en souhaitant au roi toute sorte de prosp�rit�s.
� III[20] �1-2. Dissentiments entre H�rode et ses fils Alexandre et Aristobule. � 3. Faveur marqu�e par H�rode � Antipater, qui part pour Rome avec Agrippa.[66] 1. Cependant de jour en jour les dissentiments de la maison d�H�rode prenaient une tournure plus grave, car Salom� avait � son tour con�u contre les jeunes princes comme une haine h�r�ditaire tout ce qui avait r�ussi contre leur m�re la remplissait de d�mence et d�audace, si bien qu�elle ne voulait laisser survivre aucun descendant qui pu venger cette femme dont elle avait procur� la mort. [67] D�autre part, les adolescents avaient eux aussi quelque audace et, quelque malveillance � l��gard de leur p�re, parce qu�ils se souvenaient de ce que leur m�re avait injustement souffert, et qu�ils avaient le d�sir de r�gner. [68] Et les m�mes machinations se r�p�taient que pr�c�demment ; ils d�blat�raient contre Salom� et Ph�roras ; ceux-ci t�moignaient de mauvais sentiments envers leva adolescents et s�appliquaient � leur tendre des pi�ges. [69] La haine �tait �gale de part et d�autre, mais la mani�re de ha�r diff�rente : les jeunes gens �taient port�s � injurier et � insulter ouvertement, parce que, dans leur inexp�rience, ils croyaient agir noblement en manifestant leur col�re sans r�ticence ; les autres n�agissaient pas de la m�me fa�on, mais se servaient de la calomnie avec adresse et astuce provoquant sans cesse les jeunes gens dans l�espoir que leur t�m�rit� les am�nerait � un coup de force contre leur p�re. [70] Car, n�ayant aucune honte des fautes de leur m�re et croyant, inique son ch�timent, ils �taient pouss�s irr�sistiblement � la venger m�me de leurs propres mains sur celui qui leur paraissait le coupable. [71] Finalement toute la ville fut remplie de rumeur sur ce sujet, et, comme dans les luttes judiciaires, on avait piti� de l�inexp�rience des jeunes gens ; mais le succ�s �tait du c�t� de la diligente Salom�, qui trouvait dans la conduite de ses adversaires m�me un pr�texte de para�tre dire la v�rit�. [72] En effet, ils �taient si irrit�s de la mort de leur m�re, victime comme eux de calomnies[21], qu�ils rivalisaient de z�le pour montrer combien elle �tait � plaindre � et elle l��tait en effet � et combien ils �taient � plaindre eux-m�mes d��tre oblig�s de vivre avec ses meurtriers et de partager leurs int�r�ts. [73] 2. La situation avait empir� pendant l�absence du roi, qui fournissait, une occasion de trouble. D�s qu�H�rode revint et qu�il eut parl� au peuple comme nous l�avons racont� plus haut, il fut imm�diatement assailli par Ph�oras et Salom� qui lui d�peignaient quel danger il courait de la part de ces jeunes gens, mena�ant ouvertement, de ne pas supporter que le meurtre de leur m�re rest�t sans vengeance. [74] Ils ajoutaient encore que ceux-ci s�appuyaient sur les esp�rances que leur donnait Arch�la�s de Cappadoce de pouvoir, gr�ce � lui, arriver jusqu�� l�empereur pour accuser leur p�re. [75] D�s qu�il eut entendu ces discours, H�rode fut troubl� et d�autant plus effray� que quelques autres lui faisaient les m�mes rapports. Il revenait, sur ses malheurs pr�c�dents et se les rem�morait ; il se disait qu�� cause des dissensions de sa maison il n�avait jamais pu jouir des affections les plus ch�res, ni de l�amour d�une femme qu�il ch�rissait, et, pressentant que le malheur futur serait encore plus lourd et plus grand que les pr�c�dents, il tombait dans un profond d�sarroi moral. [76] En effet, si la divinit� lui accordait les plus nombreux avantages et les plus inesp�r�s quant � sa prosp�rit� ext�rieure, � l�int�rieur de sa famille les affaires les plus importantes �chouaient contre son attente ; de sorte que les deux faces de sa destin�e se d�veloppaient comme on ne l�aurait jamais cru et faisaient douter lequel valait mieux, [77] ou de jouir d�une telle fortune dans les affaires �trang�res au prix de maux domestiques, ou d��chapper � de si grands malheurs dans ses affections familiales en renon�ant m�me � tout ce qui faisait la parure de la royaut�. [78] 3[22]. Dans son trouble et ces dispositions il manda, afin de brider les jeunes princes, un autre fils qu�il avait eu avant d��tre roi et qui se nommait Antipater. Il d�cida de le combler d�honneurs, non qu�il se mit, comme plus tard, compl�tement sous sa domination et s�en rapport�t � lui de toutes choses, mais parce que, par cette politique, [79] il croyait diminuer l�arrogance des fils de Mariamne et leur donner � r�fl�chir : ils seraient moins orgueilleux s�ils se persuadaient que la succession au tr�ne n��tait pas due n�cessairement et uniquement � eux. [80] Dans cette pens�e il introduisait Antipater comme une mani�re de suppl�ant, croyant faire acte de prudence et de sagesse, et esp�rant qu�il pourrait, apr�s avoir calm� les jeunes princes, trouver chez eux en temps opportun de meilleurs sentiments. [81] Mais le r�sultat ne fut pas conforme � ses pr�visions. D�une part ses enfants se jug�rent gravement l�s�s par l�injustice commise � leur �gard ; d�autre part, Antipater, qui �tait d�un caract�re redoutable, lorsque ses nouvelles esp�rances lui eurent donn� quelque libert�, n�eut plus qu�un seul but : faire du tort � ses fr�res, ne pas leur c�der le premier rang et s�attacher � son p�re, d�j� ali�n� par les calomnies et facile � amener l� o� Antipater visait, c�est � dire � s�irriter de plus en plus contre ceux qu�on avait noircis � ses yeux. [82] Il se gardait bien de para�tre l�unique source de tels rumeurs et �vitait que ces m�disances semblassent inspir�es de lui ; il se servait plut�t de complices � l�abri du soup�on et qu�on pouvait croire m�s seulement par leur affection pour le roi. [83] D�j� beaucoup de gens lui faisaient leur cour, flattaient ses esp�rances et s�duisaient H�rode, parce qu�ils semblaient parler par d�vouement. Et tandis que les gens se distribuaient ainsi les r�les en se montrant fid�les les uns aux autres, les adolescents leur fournissaient de plus en plus d�occasions. [84] On les voyait pleurer des insultes dont on les humiliait ; ils invoquaient souvent leur m�re et s�effor�aient ouvertement de convaincre leur p�re d�injustice aupr�s de leurs familiers. Or, tout cela, malignement guett� par l�entourage d�Antipater et rapport� avec exag�ration � H�rode, finit par envenimer cette querelle domestique. [85] Le roi, exasp�r� par ces calomnies et voulant abaisser les fils de Mariamne, ne faisait qu�avancer Antipater dans les honneurs[23]. Finalement, domin� par lui, il fit revenir sa m�re[24] � la cour et, �crivit souvent � son sujet � l�empereur en le lui recommandant particuli�rement comme un excellent sujet. [86] Comme Agrippa partait pour Rome apr�s avoir pass� dix ans � administrer l�Asie Mineure, il s�embarqua en Jud�e et H�rode l�y rencontra, accompagn� du seul Antipater, qu�il lui confia pour le conduire � Rome avec beaucoup de pr�sents, afin qu�il devint l�ami de l�empereur. [87] Ainsi d�sormais tout semblait d�j� au pouvoir d�Antipater et, les adolescents paraissaient compl�tement exclus de l�empire.
� IV[25] �1. H�rode accuse ses fils devant l�empereur. � 2-3. Alexandre se d�fend. � 4. R�conciliation d�H�rode et de ses fils. � 5-6. De retour en Jud�e, H�rode r�gle l�ordre de sa succession.[87] 1. Le voyage d�Antipater lui servir pour acqu�rir des honneurs et sembler monter au premier rang. En effet, il fut tr�s consid�r� � Rome, o� H�rode l�avait recommand� � tous ses amis. [88] Mais il s�irritait de n��tre pas sur les lieux et de perdre ainsi l�occasion de continuer � charger ses fr�res ; il craignait surtout que son p�re ne change�t de sentiment et ne s�avis�t, laiss� � lui-m�me, de s�adoucir envers les fils de Mariamne. [89] Dans cet �tat d�esprit, il ne renon�a pas � son dessein et, de Rome m�me, ne cessait d��crire � son p�re tout ce qu�il esp�rait pouvoir le chagriner et l�exasp�rer contre ses fr�res, sous pr�texte qu�il s�inqui�tait du sort d�H�rode, en r�alit� parce que sa nature perverse s�abandonnait � de grandes esp�rances. [90] Finalement, il amena H�rode � un tel degr� de col�re et de d�sarroi[26] que celui-ci prit en haine les adolescents, tout en reculant encore devant la trag�die supr�me. Pour ne pas p�cher par n�gligence ou par pr�cipitation, il jugea pr�f�rable de faire voile lui-m�me pour Rome et d�y accuser ses fils aupr�s de l�empereur, sans se permettre un acte qui, par la gravit� du sacril�ge, p�t le rendre suspect. [91] Arriv� � Rome, il alla jusqu�� la ville d�Aquil�e dans sa h�te de rencontrer l�empereur ; puis, saisissant la premi�re occasion de lui parler des grands malheurs dont il se croyait afflig�, amena en pr�sence de C�sar ses fils[27] et d�non�a leur folie et leur conspiration. [92] Ils �taient, dit-il, ses ennemis, s�effor�ant par tous les moyens de t�moigner leur haine envers leur p�re au point de vouloir le tuer et s�emparer de la royaut� de la mani�re la plus atroce, alors que lui-m�me avait re�u de l�empereur le droit de la laisser � sa mort non � ses h�ritiers n�cessaires, mais plut�t, par son propre choix, au fils qui serait rest� le plus pieux envers lui. [93] D�ailleurs peu leur importait le pouvoir ni, s�ils en �taient priv�s, la vie, pourvu qu�ils pussent se d�faire de leur p�re, tant la haine n�e dans leurs �mes �tait sauvage et impie. Lui-m�me, qui supportait depuis longtemps cette infortune, maintenant se voyait contraint de la r�v�ler � l�empereur et de souiller ses oreilles de ces horreurs. [94] Et pourtant, quels mauvais traitements avaient-ils support�s de son fait ? En quoi pouvaient-ils lui reprocher d�avoir �t� dur ? Comment �tait-il possible et juste de ne pas lui permettre de disposer d�un pouvoir qu�il n�avait acquis lui-m�me qu�� force de travaux et de p�rils, et de ne pas le laisser ma�tre de le donner � qui il en jugeait digne ? [95] Ce pouvoir, il en faisait le prix de la pi�t� filiale pour celui qui saurait se conduire envers lui de mani�re � m�riter une telle r�compense. [96] Qu�il f�t impie de leur part de se m�ler de sa succession, c��tait l��vidence : quiconque songe continuellement � devenir roi escompte en m�me temps la mort de son p�re, puisqu�il ne lui est pas possible de r�gner autrement. [97] Pour lui, tous les avantages que l�on conf�re � des rois d�sign�s ou � des fils de roi, il les en avait combl�s : dignit�s, serviteurs, luxe ; il leur avait m�me procur� les unions les plus brillantes en mariant l�un � la fille de sa s�ur et l�autre, Alexandre, � la fille du roi Arch�la�s. [98] Par dessus tout, apr�s une telle conduite de leur part, il n�avait pas exerc� contre eux l�autorit� dont il �tait investi ; il les avait men�s devant l�empereur, leur commun bienfaiteur, se d�pouillant de tous les droits d�un p�re victime d�une impi�t�, d�un roi victime d�un complot, pour se pr�senter au jugement sur un pied d��galit� avec eux. [99] Il suppliait pourtant l�empereur de ne pas le laisser compl�tement sans vengeance et de ne pas le forcer � vivre dans les plus grandes craintes : � quoi leur servirait-il de voir la lumi�re du jour apr�s ce qu�ils avaient projet�, s�ils �chappaient au ch�timent, ayant tout os� et m�ritant de tout subir ? [100] 2. Voil� ce qu�H�rode imputa non sans �motion � ses fils devant l�empereur, et pendant qu�il parlait encore, les jeunes gens versaient des pleurs et se montraient boulevers�s ; mais ce fut encore pis quand H�rode cessa de parler, car si leur conscience leur assurait qu�ils �taient innocents d�une telle impi�t�, ils jugeaient avec raison difficile de r�futer les accusations port�es par leur p�re, [101] parce qu�il �tait ind�cent en l�occurrence de parler librement et de chercher � le convaincre d�avoir toujours �t� �gar� par la violence et la pr�cipitation. [102] De l� leur embarras de parler, leurs larmes et leurs g�missements qui firent piti� ; car ils craignaient, s�ils se taisaient, de sembler g�n�s par la conscience de leur culpabilit� et ils ne trouvaient pas facilement le moyen de se disculper, � cause de leur jeunesse et de leur d�sarroi. [103] Mais l�empereur, remarquant leur �tat, comprit que leur h�sitation venait non pas de la conscience qu�ils avaient de leur perversit�, mais bien de leur inexp�rience et de leur retenue. Les assistants �taient saisis de piti� pour eux et ils �murent aussi leur p�re d�une sinc�re affliction. [104] 3. Une fois qu�ils virent quelque bienveillance en lui et chez l�empereur, que des autres assistants les uns pleuraient avec eux et que tous compatissaient � leurs maux, l�un des fils, Alexandre, implora son p�re et tenta de se disculper : [105] � � mon p�re, dit-il, ton affection envers nous se manifeste m�me dans ce proc�s, car si tu avais m�dit� contre nous un acte de rigueur, tu ne nous aurais pas men�s vers le protecteur du monde entier. [106] Comme roi et comme p�re tu avais toute libert� de punir des coupables ; nous amener � Rome et prendre un pareil t�moin, c�est l�acte de quelqu�un qui voulait notre salut ; personne, s�il a d�cid� de tuer un autre, ne le m�ne dans un sanctuaire ou dans un temple. [107] Mais notre situation � nous est bien pire : nous ne pourrions supporter de survivre si nous croyions avoir �t� si criminels envers un tel p�re. Et peut-�tre serait-il moins dur encore de mourir innocents que de vivre soup�onn�s de crime. [108] Mais si la v�rit� parlant librement peut se taire �couter, nous serons heureux de te persuader et d��chapper au danger ; si la calomnie au contraire est si forte, � quoi nous sert la lumi�re du soleil, qu�il nous faudrait voir en suspects ? [109] Dire que nous aspirons � la royaut�, c�est porter une accusation facile contre des jeunes gens ; ajouter le souvenir de notre m�re infortun�e, c�est aggraver nos malheurs pr�sents par nos malheurs anciens. [110] Consid�re que ce sont l� des lieux communs et qu�on peut insinuer contre tous de la m�me mani�re. Rien n�emp�chera, en effet, un roi, s�il a de jeunes fils dont la m�re est morte, de les soup�onner tous de vouloir comploter contre leur p�re. Mais un soup�on ne suffit pas quand il s�agit d�un crime si impie. [111] Que quelqu�un dise si nous avons rien tent� de si �vident que m�me l�incroyable en prenne quelque cr�ance. Quelqu�un peut-il nous convaincre d�avoir pr�par� du poison, conspir� avec nos compagnons, corrompu des serviteurs, �crit une lettre contre toi ? [112] Cependant il est des cas o� chacun de ces crimes a d�j� �t� invent� par la calomnie sans qu�il se soit produit. En effet, c�est chose p�nible dans un royaume qu�une maison royale d�sunie, et le pouvoir que tu d�clares la r�compense de la pi�t� est souvent pour les plus pervers la cause d�espoirs qui ne les font, reculer devant aucun forfait. [113] Personne donc ne nous convaincra d�un crime, quant aux calomnies, comment en serions-nous absous par celui qui ne veut pas nous �couter ? Avons-nous parl� avec un peu trop de licence ? Oui, mais non point, contre toi � c�e�t �t� impie � mais contre ceux qui ne se taisaient point m�me si nous ne parlions pas[28]. [114] L�un de nous a-t-il pleur�s notre m�re ? Ce n��tait pas parce qu�on l�avait fait mourir, mais parce qu�une fois morte elle �tait insult�e par des gens indignes. Nous d�sirons le pouvoir que nous savons aux mains de notre p�re ? [115] Dans quelle intention ? Si nous avons les honneurs des rois � et nous les avons � quelle peine inutile ! Si nous ne les avons pas, ne pouvons-nous les esp�rer ? Pouvions-nous pr�sumer nous emparer de la royaut� apr�s t�avoir tu�, qui apr�s un tel acte, ne trouverions plus de terre o� marcher, ni de mer o� naviguer ? La pi�t� de tous tes sujets, la religion de tout le peuple supporteraient-elles que des parricides prissent l�empire et entrassent dans le temple tr�s saint que tu as construit ? [116] Et si m�me nous avions m�pris� les autres, quel meurtrier pourrait rester impuni vivant de l�empereur ? Non, tu n�as pas engendr� des fils aussi impies ni aussi fous, mais peut-�tre des fils trop infortun�s pour que tu sois heureux. [117] Si tu n�as pas de griefs pr�cis et ne d�couvres aucun complot, qu�est-ce qui suffirait � te faire croire � une telle impi�t� ? La mort de notre m�re ? mais son sort ne pouvait que nous donner � r�fl�chir, et, non nous surexciter. [118] Nous voudrions nous d�fendre plus longuement encore, mais le n�ant ne comporte aucune une r�futation. C�est pourquoi devant l�empereur, ma�tre supr�me et notre arbitre en la circonstance, voici l�arrangement que nous proposons : [119] si tu reprends � notre �gard, comme l�exige la v�rit�, des sentiments de confiance, mon p�re, nous vivrons, bien que sans joie, car c�est une dure chose qu��tre accus�s de grands crimes m�me faussement. [120] Mais s�il te reste quelques soup�ons, continue � prendre tes pr�cautions[29] ; quant � nous, nous nous ferons justice � nous-m�mes, car la vie ne nous est pas assez pr�cieuse pour la garder au d�triment de qui nous l�a donn�e �[30]. [121] 4. Pendant qu�Alexandre parlait ainsi, l�empereur qui, d�s l�origine, n�avait pas ajout� foi � cette terrible accusation, se sentait encore plus retourn�, et regardait avec insistance H�rode qu�il voyait �galement �branl�. Tous les assistants �taient anxieux et les rumeurs r�pandues dans la cour rendaient le roi odieux. [122] Car l�invraisemblance de l�accusation, la piti� qu�inspiraient des adolescents dans la fleur de l��ge et de la beaut� physique, leur attiraient la sympathie de tous, surtout quand Alexandre eut r�pondu avec adresse et, bon sens. Eux-m�mes n�avaient plus la m�me attitude ; ils pleuraient encore et restaient pench� vers la terre avec humilit�, [123] mais ils entrevoyaient un espoir meilleur, et le roi qui, � force de se persuader lui-m�me, croyait avoir prononc� un r�quisitoire plausible, faute d�avoir r�ussi � les confondre, avait lui-m�me besoin d�une excuse. [124] L�empereur, apr�s un court d�lai, pronon�a que les jeunes gens, m�me s�ils semblaient tout � fait �trangers au crime dont on les accusait avaient du moins fait une faute en ne se comportant pas envers leur p�re de mani�re � ne pouvoir �tre accus�s. [125] Il exhorta H�rode � bannir tout soup�on et � se r�concilier avec ses fils ; en effet, il n��tait, pas juste m�me de soup�onner ainsi ses enfants et, d�autre part, en changeant de dispositions, ils pourraient non seulement, effacer le pass�, mais encore exciter leur affection mutuelle, quand les uns et les autres, pour vaincre leur tendance au soup�on, feraient effort pour se t�moigner r�ciproquement un plus grand z�le. [126] Pendant cette admonestation, il fit signe aux deux jeunes gens. Comme ils voulaient tomber au pied de leur p�re pour le prier, celui-ci, les devan�ant, les embrassa au milieu de leurs pleurs en leur donnant tour � tour l�accolade, si bien qu�aucun des assistants, libre ou esclave, ne r�sister � l��motion. [127] 5[31]. Alors, apr�s avoir remerci� l�empereur, tous s�en all�rent ensemble, accompagn� d�Antipater qui feignait de se r�jouir de leur r�conciliation. [128] Les jours suivants H�rode fit don � l�empereur de trois cents talents, pour les spectacles et les distributions qu�il offrait au peuple romain. [129] L�empereur lui donna en retour la moiti� du revenu des mines de cuivre de Chypre et lui confia la gestion de l�autre moiti� ; il lui offrit en outre force pr�sents d�hospitalit� et de r�sidence et lui laissa la libert� de d�signer pour lui succ�der au tr�ne celui de ses enfants qu�il choisirait, ou de leur conf�rer � tous cet honneur en le divisant par parties �gales ; et comme H�rode voulait le faire � l�instant, l�empereur s�y opposa ne voulant pas que de son vivant il ne rest�t pas le ma�tre de son royaume et de ses fils. [130] 6. Ensuite H�rode reprit le chemin de la Jud�e. Pendant son absence, les gens de Trach�ne[32], qui formaient une partie importante de son empire, s��taient r�volt�s, mais les g�n�raux laiss�s sur place par le roi les vainquirent et les r�duisirent de nouveau � l�ob�issance. [131] Quant � H�rode, naviguant avec ses fils, il arriva en Cilicie � Aiousa, villa qui a re�u maintenant le nom de S�baste, et y trouva le roi de Cappadoce, Arch�la�s. Celui-ci l�accueillit avec affabilit�, joyeux de le voir r�concili� avec ses fils, et qu�Alexandre, qui avait �pous� sa fille, e�t dissip� les accusations. Ils se firent mutuellement des cadeaux dignes de rois[33]. [132] De l� H�rode regagna la Jud�e et, entrant dans le temple, y parla des �v�nements de son voyage : il exposa notamment les marques de bienveillance qu�il avait re�ues de l�empereur et fit conna�tre en d�tail tous ceux de ses actes dont il jugeait utile d�informer le public. [133] Enfin il termina en admonestant ses fils et en invitant les courtisans et le reste du peuple � la concorde. Il d�signa pour r�gner apr�s lui ses fils dans l�ordre suivant : en premier lieu Antipater, puis les fils de Mariamne, Alexandre et Aristobule[34] ; [134] pour le pr�sent, il invita tout le monde � ne regarder que lui comme leur roi et leur ma�tre � tous, car il n��tait ni incommod� par la vieillesse, p�riode de la vie qui donne le plus d�exp�rience pour gouverner, ni d�pourvu de tous les moyens n�cessaires pour r�gir son royaume et commander � ses fils. Quant aux officiers et aux soldats, pourvu qu�ils le regardassent comme leur seul *chef, il leur promit qu�ils auraient une vie sans souci et que lui et eux se procureraient mutuelle f�licit�. [135] Ayant ainsi parl�, il leva l�assembl�e ; son discours avait �t� agr�able � la plupart des auditeurs, mais non � tous, car d�j�, en raison des rivalit�s et des esp�rances qu�il avait provoqu�es chez ses fils, il se dessinait des vagues d�agitation[35] et force d�sirs de nouveaut�s.
� V[36] �1. D�dicace de C�sar�e S�baste. � 2. Fondations de villes. 3. Lib�ralit�s d�H�rode. 4 � Explication des contrastes dans le caract�re d�H�rode.[136] 1. Vers ce temps fut achev�e C�sar�e S�baste qu�H�rode construisait : tout l�ouvrage fut men� � bonne fin en dix ans ; la date d�ach�vement fut fix�e � la vingt-huiti�me ann�e du r�gne[37], dans la cent quatre-vingt douzi�me Olympiade. [137] Il y eut aussit�t pour la d�dicace une grande f�te et des pr�paratifs tr�s co�teux. Le roi avait annonc� un concours de musique et de jeux athl�tiques ; il avait pr�par� une grande quantit� de gladiateurs et de fauves, une course de chevaux et force ornements luxueux venus de Rome et d�autres pays. [138] Il d�dia ce spectacle � l�empereur, en d�cidant de le faire c�l�brer tous les quatre ans. L�empereur r�gla sur ses ressources personnelles tous les frais de cette pompe, afin de rehausser encore l��clat de sa magnificence ; [139] l�Imp�ratrice Julia[38] lui envoya en outre sur ses propres revenus beaucoup de choses les plus appr�ci�es dans son pays, de sorte que le total de la d�pense estim�e ne s��leva pas � moins de mille cents talents. [140] Comme une grande foule �tait r�unie dans la ville pour un spectacle, ainsi que des ambassades envoy�es par les peuples en reconnaissance des bienfaits qu�ils avaient re�us d�H�rode, il accueillit tous ces gens, les logea, les re�ut � sa table, leur offrit des f�tes continuelles. Le jour, l�assembl�e avait le plaisir des spectacles ; la nuit, des divertissements d�un luxe co�teux, si bien que sa g�n�rosit� devint fameuse. [141] En effet, il s�effor�ait, dans tout ce qu�il organisait, de d�passer en splendeur ce qu�on avait d�j� vu avant lui. On dit m�me que l�empereur et Agrippa r�p�taient souvent que le pouvoir d�H�rode ne correspondait pas � sa magnificence, car il aurait fallu, pour agir ainsi, �tre le roi de toute la Syrie et de l��gypte. [142] 2[39]. Apr�s cette assembl�e et ces f�tes, il fonda une autre ville, dans la plaine appel�e Capharsaba[40], apr�s avoir choisi un lieu bien irrigu� et une terre tr�s propre � la v�g�tation car un fleuve coulait autour de la ville m�me et celle-ci �tait entour�e d�une tr�s belle for�t de grands arbres. [143] Il nomma cette ville Antipatris, en l�honneur de son p�re Antipater. Il fonda aussi, au del� de J�richo, une localit� portant le nom de sa m�re, Cypros, � la fois remarquable par la force de sa position et l�agr�ment des habitations. [144] Il �difia il son fr�re Phasa�l un tr�s beau monument en souvenir de son affection, en �levant au-dessus de sa capitale une tour �gale � celle du Phare et qu�il nomma Phasa�l ; elle devait contribuer � la s�curit� de la ville et son nom rappeler le souvenir du d�funt. [145] Il fonda encore une ville qui portait le pr�nom de son fr�re dans la vall�e de J�richo quand on se dirige vers le nord, si bien que la contr�e environnante, nagu�re d�serte, fut rendue plus fertile par le travail des habitants : et il nomma cette ville Phasaelis. [146] 3[41]. Il serait impossible d��num�rer tous les autres bienfaits dont H�rode combla les villes, tant en Syrie qu�en pays grec et dans toutes les r�gions o� il lui advint de s�journer ; en effet, nombreuses sont les liturgies, les constructions d�int�r�t public, les donations pour l�ach�vement de travaux utiles, apr�s �puisement des premiers fonds, qu�H�rode semble avoir prodigu�es. [147] Voici les plus grandes et les plus remarquables de ses �uvres, il releva pour les Rhodiens le temple Pythien � ses propres frais et leur donna beaucoup de talents d�argent pour construire des vaisseaux ; aux habitants de Nicopolis, ville fond�e par l�empereur pr�s d�Actium, il accorda une contribution pour la plupart de leurs �difices publics ; [148] aux habitants d�Antioche, la principale ville de Syrie, qu�une large avenue traverse dans toute sa longueur, il offrit des portiques la bordant des deux c�t�s, et dans la partie d�couverte de la voie en pierres polies, contribuant ainsi singuli�rement � la beaut� de la ville et � la commodit� des habitants. [149] Quant aux jeux Olympiques, que l�absence de ressources avait rendus bien indignes de leur nom, il en accrut l��clat en leur assignant des revenus et il rehaussa la dignit� de cette r�union religieuse tant pour les sacrifices que pour les autres c�r�monies ; en reconnaissance de cette lib�ralit�, il fut inscrit par les �l�ens comme agonoth�te perp�tuel. [150] 4. Il est arriv� aux autres historiens de s��tonner de la diversit� des penchants naturels d�H�rode. Lorsque nous consid�rons ses dons et les bienfaits qu�il a prodigu�s � trous les hommes, il n�y a pas moyen que m�me ceux qui l�estiment le moins refusent de lui reconna�tre une nature tr�s g�n�reuse ; [151] mais si l�en consid�re ses rigueurs et ses iniquit�s � l��gard de ses sujets et de ses proches, si l�on observe combien son caract�re a �t� dur et inexorable, on le juge n�cessairement comme un �tre f�roce et �tranger � tout sentiment de mod�ration. [152] On en conclut qu�il y avait en lui comme deux volont�s diff�rentes et contradictoires. Quant � moi, je suppose que ces traits si divers proc�dent � une seule et m�me cause. [153] En effet, comme il �tait avide de gloire, et domin� par cette passion, il �tait incit� � la prodigalit� d�s qu�il concevait l�espoir de laisser un grand souvenir � la post�rit� ou d�obtenir imm�diatement une bonne renomm�e. [154] Mais parce qu�il d�pensait au del� de ses ressources, il �tait forc� de se montrer dur envers ses sujets. La multiplicit� m�me de ses prodigalit�s faisait de lui un percepteur cruel ; [155] ayant conscience que ses injustices envers ses sujets provoquaient leur haine, il jugeait difficile de r�parer ses fautes � ce qui e�t compromis ses revenus � et, bien au contraire, il rendait � ses sujets haine pour haine, tirant m�me de leur malveillance une nouvelle occasion de remplir ses coffres. [156] En ce qui concerne ses familiers, si l�un d�eux ne le flattait pas en paroles en se reconnaissant son esclave ou paraissait exciter quelque trouble contre son pouvoir, il �tait incapable de se ma�triser ; il ne cessait de ch�tier � la fois ses parents et ses � amis � autant que ses ennemis, ne reculant devant aucune rigueur parce qu�il voulait �tre seul honor�. [157] Ce qui prouve que c��tait l� sa passion la plus forte, ce sont les hommages qu�il multipliait envers l�empereur, Agrippa et ses autres amis ; car c��tait les honneurs accord�s par lui � de plus puissants qu�il voulait se voir rendre � lui-m�me, et en leur donnant, ce qu�il croyait de mieux, il montrait son d�sir d��tre trait� de m�me. [158] Mais le peuple juif, lui, est inclin� pair sa loi � ha�r ces choses et a l�habitude d�aimer la justice plut�t que la gloriole ; aussi n��tait-il gu�re en faveur aupr�s d�H�rode, dont il ne pouvait flatter l�ambition par des statues, des temples et des d�dicaces analogues. [159] Telle me parait la raison des violences d�H�rode � l��gard de ses familiers, et de ses conseillers, aussi bien que de ses bienfaits envers des �trangers et ceux qui ne le touchaient en rien.
� VI �1. Requ�te des Juifs d�Asie-Mineure et de Libye contre les Grecs. � 2-8. Copies des d�cisions de l�empereur et d�Agrippa en faveur des Juifs.[160] 1. Les Juifs d�Asie Mineure et ceux de la Libye voisine de Cyr�ne �taient maltrait�s par les villes. Les rois leur avaient autrefois accord� l��galit� de droits, mais maintenant, les Grecs les pers�cutaient avec injustice, au point de les spolier de leur num�raire sacr� et de les l�ser en b�tail. [161] Souffrant de la sorte et ne voyant pas de limite � l�inhumanit� des Grecs, ils d�put�rent � ce sujet vers l�empereur. Celui-ci leur accorda l��galit� de charges est adressa aux provinces des rescrits dont nous donnons ci-dessous les calmer, comme t�moignages des dispositions que les gouvernants ont eues d�s l�origine � notre �gard. [162] � C�sar Auguste, grand pontife, investi de la puissance tribunitienne, �dicte : Attendu que le peuple juif a �t� reconnu anim� de bons sentiments envers le peuple romain, non seulement au moment actuel, mais aussi dans le pass�, et surtout sous mon p�re l�empereur C�sar[42], et pareillement leur grand-pr�tre Hyrcan, � [163] j�ai d�cid�, avec mon conseil, apr�s serment et, de l�avis du peuple romain, que les Juifs pourraient observer leurs propres usages conform�ment � la loi de leurs anc�tres ainsi qu�ils le faisaient du temps d�Hyrcan, grand-pontife du Dieu Tr�s-Haut ; que leurs contributions sacr�es seraient inviolables et envoy�es � J�rusalem pour �tre remises aux receveurs de cette ville, qu�ils ne seraient pas astreints � donner caution le jour du sabbat ni le jour pr�c�dent � partir de la neuvi�me heure. [164] Si quelqu�un est pris en flagrant d�lit de vol de leurs livres saints ou de leur argent sacr�, soit dans une synagogue soit dans une salle de r�union, qu�il soit consid�rer comme un voleur sacril�ge et que ses biens soient confisqu�s au profit du tr�sor public des Romains. [165] Quant au d�cret que les Juifs ont rendu en mon honneur pour la pi�t� que je t�moigne � tous les hommes, et en l�honneur de C. Marcius Censorinus[43], j�ordonne qu�il soit affich� avec le pr�sent �dit, dans l�emplacement tr�s insigne qui m�a �t� consacr� par le Konion de l�Asie � Ancyre. Si quelqu�un transgresse une des prescriptions ci-dessus, il subira un ch�timent s�v�re �. Grav� sur une st�le dans le temple de l�empereur[44]. [166] 3. � C�sar � Norbanus Flaccus[45], salut. Les Juifs de quelque lieu que ce soit, qui ont depuis longtemps l�habitude de recueillir des contributions sacr�es pour les envoyer � J�rusalem, doivent pouvoir le faire sans emp�chement �. Voil� ce qui concerne C�sar (Auguste). [167] 4. Agrippa, lui aussi, �crivit en faveur des Juifs dans les termes suivants : � Agrippa aux magistrats, au Conseil et au peuple d��ph�se, salut. Je veux que la gestion et la garde des contributions sacr�es, rassembl�es pour le temple de J�rusalem soient assur�es par les Juifs d�Asie-Mineure conform�ment � leurs lois nationales. [168] Je veux que ceux qui auront vol� l�argent sacr�[46] des Juifs soient arrach�s m�me des lieux d�asile o� ils se seraient r�fugi�s et livr�s aux Juifs au m�me titre que les auteurs de vols sacril�ges. J�ai �galement �crit au pr�teur Silanus que nul ne doit forcer les Juifs � donner caution le jour du sabbat. � [169] 5. � Marcus Agrippa aux magistrats, au Conseil et au peuple de Cyr�ne, salut. Les Juifs de Cyr�ne[47], en faveur desquels Auguste a d�j� �crit au pr�teur Flavius qui gouvernait alors la Libye et aux autres magistrats de la province, afin qu�il puissent envoyer sans emp�chement leurs contributions sacr�es � J�rusalem selon leurs coutumes ancestrales, [170] se sont pr�sent�s � moi parce qu�ils sont molest�s par quelques d�lateurs et emp�ch�s d�envoyer cet argent, sous le pr�texte faux qu�ils devraient certains imp�ts. J�ordonne qu�on remette tout dans l��tat ant�rieur sans les inqui�ter en rien, et si de l�argent sacr� � �t� enlev� dans certaines villes, j�ordonne que les gens charg�s de ce pr�l�vement en fassent r�paration aux Juifs de ces endroits �. [171] 6[48]. � C. Norbanus Flaccus, proconsul aux magistrats et au conseil de Sardes, salut. L�empereur m�a �crit pour d�fendre qu�on emp�ch�t les Juifs d�envoyer � J�rusalem les sommes, quelles qu�elles soient, qu�ils ont, l�habitude de recueillir � cet effet selon leur coutume nationale. Je vous ai donc �crit, pour que vous sachiez que l�empereur et moi le voulons ainsi. [172] 7. Le proconsul Julius Antonius[49] �crivit �galement : � Aux magistrats, au Conseil et au peuple d��ph�se, salut. Les Juifs r�sidant en Asie, pendant que je rendais la justice � Eph�se aux ides de F�vrier, m�ont fait conna�tre que C�sar Auguste et Agrippa leur avaient accord� de suivre leurs propres us et coutumes, de percevoir sans emp�chement les offrandes que chacun d�eux donne en contribution volontaire par pi�t� pour la divinit�...[50] et de pouvoir les escorter. [173] Ils me demandaient de confirmer par ma propre d�cision les faveurs conf�r�es par Auguste et Agrippa. Je veux donc que vous sachiez que selon les volont�s d�Auguste et d�Agrippa je leur permets de vivre et d�agir sans entraves conform�ment � leurs coutumes ancestrales �. [174] 8. J�ai jug� n�cessaire de donner ces textes, puisque mes annales de notre histoire sont surtout destin�es aux Grecs, pour leur montrer que d�s le d�but nous avons �t� trait�s de la fa�on la plus honorable, que les magistrats ne nous pas emp�ch�s de pratiquer nos lois ancestrales et que nous fument au contraire aid�s � observer notre religion et � honorer Dieu. [175] Si je mentionne souvent ces faits, c�est pour nous r�concilier les autres peuples en d�racinant les haines implant�es parmi les sots chez eux comme chez nous. [176] Car il n�y a aucun peuple qui ait toujours les m�mes lois ; m�me de ville � ville, il y a beaucoup de diversit�. [177] Mais la justice est tr�s utile � cultiver pour tous les hommes pareillement, qu�ils soient Hell�nes ou barbares ; or, c�est d�elle que tiennent le plus grand compte nos lois qui, si nous les observons int�gralement, nous rendent bienveillants et affectueux envers tous les hommes. [178] C�est pourquoi noirs avons droit � m�me traitement de la part des autres et il ne faut pas croire que la diff�rence des nationalit�s se r�sume dans la diff�rence des coutumes, mais dans la rivalit� pour la vertu[51], car c�est l� un bien commun � tous et seul capable de sauver la civilisation humaine. Mais je reprends le fil de mon histoire.
� VII �1. H�rode ouvre le s�pulcre de David. � 2. Aggravation de ses malheurs domestiques. � 3-5. Calomnies de Ph�roras. � 6. Aventures de Salom� et de l�Arabe Syllaios. � R�conciliation du roi avec Ph�roras.[179] 1. H�rode, qui faisait de grandes d�penses � la fois pour l�ext�rieur et l�int�rieur de son royaume, avait appris assez vite[52] que le roi Hyrcan, un de ses pr�d�cesseurs, avait ouvert le tombeau de David[53] et y avait pris trois mille talents, mais qu�il en restait bien d�avantage, de quoi suffire largement � ses d�penses somptuaires. [180] Depuis longtemps il projetait cette entreprise. Ayant donc fait ouvrir de nuit le tombeau, il y entrer, en prenant soin que la ville le s�t le moins possible, mais en se faisant accompagner des plus s�rs de ses amis. [181] Il ne trouva pas, comme Hyrcan, des sommes d�argent, mises en r�serve, mais beaucoup d�ornements d�or et de joyaux, qu�il enleva tous. Il s�effor�a, pour faire une recherche plus approfondie, de s�avancer plus � l�int�rieur et, jusqu�aux sarcophages qui renfermaient les corps de David et de Salomon. [182] Mais deux de ses gardes p�rirent, par l�effet d�une flamme qui, � ce qu�on raconte, jaillit de l�int�rieur � leur entr�e ; lui-m�me se retira �pouvant�. Comme monument expiatoire de sa terreur, il �leva � la porte du s�pulcre un monument de marbre blanc d�un grand prix. [183] Nicolas l�historien, son contemporain, mentionne bien cette construction, mais non pas la descente du roi dans le tombeau, parce qu�il se rendait compte que cet acte lui faisait peu d�honneur. D�une mani�re g�n�rale, c�est ainsi qu�il en use constamment dans son ouvrage : [184] comme il vivait dans le royaume d�H�rode et �tait de ses familiers, il a �crit pour le servir et le flatter en ne racontant que ce qui importait � sa gloire et en travestissant beaucoup de ses actes manifestement injustes, ou en s�effor�ant avec le plus grand soin de les cacher. [185] C�est ainsi que, voulant donner au supplice de Mariamne et de ses fils, perp�tr� par le roi avec tant de cruaut�, une apparence sp�cieuse, il a faussement accus� la m�re d�impudicit�s et les jeunes gens de complot. Dans tout le cours de son ouvrage, il n�a cess� d�exalter outre mesure les actions honn�tes du roi et d�excuser de m�me ses forfaits. [186] D�ailleurs, comme je l�ai dit, on peut lui pardonner beaucoup, car ce n�est pas une histoire pour le public, mais un service pour le roi qu�il composait. [187] Mais nous, bien que par la naissance nous touchions aux rois Asmon�ens et qu�� ce titre nous ayons �t� honor� et pourvu de la pr�trise, nous avons consid�r� comme d�shonorant de mentir � leur sujet et nous exposons les faits avec sinc�rit� et justice ; car si nous respectons beaucoup de descendants de ce roi, qui r�gnent encore, nous honorons avant eux la v�rit� qui....[54] n�a pas laiss� de leur causer de la col�re. [188] 2[55]. E Par suite de cet attentat contre le tombeau, H�rode sembla de jour en jour plus malheureux dans ses affaires domestiques, soit que la col�re divine se f�t attach�e � aggraver les maux dont il soutirait pr�c�demment et � faire d�eux des calamit�s incurables, soit que la fortune lui livr�t assaut avec tant d��-propos qu�on se persuadait que ses malheurs r�sultaient de son impi�t�. [189] Il se produisit, en effet, � la cour des discordes dignes d�une guerre civile et des haines entre ennemis qui rivalisaient de calomnies. [190] La campagne �tait toujours dirig�e par Antipater contre ses fr�res, habile � les envelopper d�accusations venues d�ailleurs, tout en faisant souvent mine de les excuser, afin que sa r�putation de bienveillance lui val�t la confiance du roi pour les entreprises qu�il m�ditait. De cette fa�on il avait circonvenu artificieusement son p�re et passait pour le seul qui sacrifi�t tout pour son salut. [191] Le roi associa � Antipater Ptol�m�e, intendant de la couronne, et il d�lib�rait avec la m�re du premier sur les affaires les plus pressantes. En g�n�ral ces personnes menaient tout ; elles pouvaient faire ce qu�elles voulaient ou exciter la col�re du roi contre les autres au gr� de leur int�r�t. [192] Quant aux fils de Mariamne, ils s�irritaient davantage de jour en jour et, en raison de leur haute naissance, ils ne supportaient pas de se voir �cart�s et r�duits � un rang peu honorable. [193] Pour leurs femmes, l�une, celle d�Alexandre, Glaphyra, fille d�Arch�la�s, avait de la haine contre Salom� � la fois par affection pour son mari et par arrogance envers la fille de Salom�, mari�e � Aristobule et qu�elle s�indignait de voir jouir d�honneurs �gaux aux siens. [194] 3[56]. Quand s��leva ainsi cette deuxi�me cabale, Ph�roras, fr�re du roi, tomba �galement dans le trouble, car il offrait de son c�t� des motifs particuliers de suspicion et de haine : il �tait, en effet, devenu �pris d�une de ses esclaves et si follement domin� par sa passion pour cette cr�ature qu�il d�daignait la fille du roi[57] qui lui avait �t� promise en mariage, pour ne penser qu�� la servante. [195] H�rode s�irritait de cette insulte, car il avait combl� son fr�re de bienfaits, lui avait fait partager la puissance royale et, ne se voyant pas pay� de retour, se croyait ouvertement outrag�[58]. [196] En pr�sence de l�injustice de Ph�roras, il donna sa fille au fils de Phasa�l ; puis, apr�s un certain laps de temps, pensant que la passion de Ph�roras �tait d�j� � son d�clin, il lui fit des repr�sentations au sujet de ses amours et l�invita � �pouser sa deuxi�me fille nomm�e Cypros. [197] Ptol�m�e conseilla � Ph�roras de cesser d�outrager son fr�re et de renoncer � son amour : c��tait une honte que, domin� par une esclave, il se priv�t de l�affection du roi et devint pour lui une cause d�inqui�tude et un objet de haine. [198] Ph�roras, voyant que tel �tait son int�r�t, parce qu�auparavant d�j� il avait obtenu son pardon apr�s avoir �t� calomni�, renvoya la femme, bien qu�il e�t d�elle un enfant et promit, au roi d��pouser sa seconde fille ; il fixa le mariage � trente jours de l� et donna sa foi qu�il n�avait plus rien de commun avec celle qu�il avait r�pudi�e. [199] Les trente jours �coul�s, il fut tellement domin� par son amour qu�il ne tint aucun de ses engagements et se remis � vivre avec sa ma�tresse. [200] H�rode en con�ut un chagrin visible et de la col�re : il lui �chappait constamment des paroles � ce sujet et bien des gens prenaient pr�texte de l�humeur du roi pour accuser Ph�roras. Ainsi il n�y avait presque pas de jour ou d�heure qui s��coul�t pour le roi sans ennui ; il n�entendait parler que des luttes de ses parents et de ses plus chers amis les uns contre les autres. [201] Salom�, aigrie et m�contente contre les fils de Mariamne, ne permettait m�me pas � sa fille, mari�e � l�un des jeunes princes, Aristobule, de conserver � celui-ci l�affection conjugale, mais la pressait de lui rapporter et d�noncer tous leurs entretiens intimes, aigrissant leurs moindres dissentiments. [202] Ainsi elle apprenait tout ce qui concernait les fr�res, et, d�autre part, rendait sa fille hostile au jeune prince. [203] L�autre, pour faire plaisir � sa m�re, lui racontait souvent que les fils de Mariamne rappelaient le souvenir de celle-ci lorsqu�ils �taient entre eux, qu�ils d�testaient leur p�re et, ne cessaient de menacer, si jamais ils obtenaient le pouvoir, de faire des fils qu�H�rode avait eus de ses autres �pouses des greffiers de village � fonction parfaitement convenable � leurs occupations actuelles et � leur �ducation. [204] Quant aux femmes, si par hasard ils les voyaient mettre la main sur les parures de leur m�re, ils promettaient qu�au lieu de leur luxe pr�sent ils les v�tiraient de guenilles et les priveraient de la lumi�re du soleil. [205] Tous ces propos �taient imm�diatement rapport�s par Salom� au roi, qui les apprenait avec peine et s�effor�ait cependant de r�tablir la concorde, mais les soup�ons lui faisaient tant de mal qu�il s�aigrissait de jour en jour et croyait tous contre tous. Au d�but, il admonesta seulement ses fils et, apr�s avoir entendu leur d�fense, se montra plus doux envers eux pour le moment ; mais bient�t sa col�re devait s�exasp�rer. [206] 4. En effet Ph�roras vint trouver Alexandre qui, comme nous l�avons relat�, avait pour femme la fille d�Arch�la�s, Glaphyra. Il dit tenir de Salom� qu�H�rode �tait �perdument �pris d�elle et que son d�sir �tait difficile � calmer. [207] Alexandre, � ces mots, prit feu dans sa jalousie et sa jeunesse, interpr�ta en mal tous les honneurs qu�H�rode accordait � la jeune femme � et ces attentions �taient fr�quentes, � cause des soup�ons qu�avaient fait na�tre en lui les paroles de Ph�roras. [208] Il ne ma�trisa pas le chagrin que lui causait cette nouvelle et, se rendant aupr�s de son p�re, lui rapporta en pleurant ce qu�avait dit Ph�roras. Mais H�rode se montra encore plus �mu que lui et, ne supportant pas de se voir si honteusement calomni�, fut tout � fait boulevers�. [209] A maintes reprises, il se lamenta sur la perversit� des gens de sa maison, rappelait ce qu�il leur avait, donn� et ce qu�il recevait d�eux en r�compense ; puis il fit mander Ph�roras et, apr�s l�avoir accabl� de reproches : � � le plus m�chant des hommes, dit-il, en es-tu donc venu � un tel exc�s d�ingratitude que tu imagines et racontes � mon sujet de pareils mensonges ? Est-ce que je ne p�n�tre pas ton dessein ? [210] Ce n�est pas pour le plaisir de calomnier que tu rapportes de tels contes � mon fils, mais pour en faire le poison et le complot qui me perdront. Qui donc, � moins d��tre assist� de bons g�nies comme cet adolescent, aurait support� de ne pas se venger d�un p�re soup�onn� de pareille infamie ? [211] Sont-ce des mots que tu crois lui avoir gliss�s dans l�esprit, ou n�est-ce pas plut�t une �p�e que tu lui as mise en main pour frapper son p�re ? Quelle a �t� ton intention, puisque tu le hais ainsi que son fr�re, en simulant la bienveillance envers lui pour me diffamer et lui d�biter les calomnies que ton impi�t� seule pouvait imaginer ? [212] Va-t�en, criminel que tu es envers ton bienfaiteur et ton fr�re, puisse ton remords durer autant que ta vie ? Quant � moi, puiss�-je toujours vaincre les miens en ne les punissant pas comme ils le m�ritent et en les comblant de bienfaits plus qu�ils n�en sont dignes ! � [213] 5. Ainsi parla le roi. Ph�roras, pris en flagrant d�lit de perversit�, dit que c��tait Salom� qui avait combin� l�affaire et que c��tait d�elle que venaient ces propos. Mais elle, d�s qu�elle l�entendit � car elle �tait pr�sente � s��cria avec l�accent de la v�rit� qu�elle n��tait pour rien dans tout cela, [214] que tout le monde s�acharnait � la faire ha�r du roi et � la perdre par tous les moyens, � cause de son affection pour H�rode, qu�elle avertissait, toujours des dangers qui le mena�aient ; � pr�sent elle �tait encore plus entour�e de complots ; [215] en effet, elle seule avait conseill� � son fr�re de r�pudier la femme qu�il avait et d��pouser la fille du roi, ce qui sans doute lui avait attir� sa haine. [216] Tout en parlant ainsi, elle s�arrachait, les cheveux et se frappait la poitrine � mainte reprise. Son aspect portait � croire � ses d�n�gations, mais la perversit� de son caract�re trahissait une com�die jou�e en la circonstance. [217] Ph�roras restait sur la sellette sans trouver rien de sp�cieux pour sa d�fense, puisqu�il avouait avoir parl�, mais ne pouvait faire croire ce qu�il pr�tendait avoir entendu. La confusion et la lutte de paroles ne faisaient que grandir. [218] Enfin le roi, apr�s avoir d�clar� sa haine contre son fr�re et sa s�ur, les renvoya et, louant son fils de s��tre ma�tris� et de lui avoir rapport� ces propos, se d�cida tardivement � se reposer. [219] Apr�s cette semonce, Salom� fut mal vue, car c��tait elle qui paraissait avoir machin� la calomnie. Les femmes du roi �taient irrit�es contre elle parce qu�elles la savaient d�une nature tr�s acari�tre et tr�s inconstante, haineuse ou affectueuse selon le moment. Elles ne cessaient de dire du mal d�elle � H�rode ; de plus, un incident survint qui augmenta encore leur audace � la diffamer. [220] 6[59]. Le roi d�Arabie Obadas �tait d�un naturel indolent et lourd ; tous ses int�r�ts �taient administr�s par Syllaios, homme habile, encore jeune et de belle tournure. [221] Comme celui-ci �tait venu voir, H�rode pour quelque affaire, il aper�ut, en soupant avec lui Salom�, � qui il fit attention. [222] Quand il la sut veuve, il lui parla. Salom�, qui avait perdu de son cr�dit aupr�s de son fr�re et qui ne regardait pas ce jeune homme avec indiff�rence, avait h�te de l��pouser ; les femmes d�H�rode, pendant le festin, remarqu�rent les signes fr�quents et trop prononc�s de leur entente. [223] Elles rapport�rent le fait au roi, raillant ce manque de tenue. H�rode interrogea aussi Ph�roras � ce sujet, en l�invitant � observer pendant le banquet l�attitude des deux convives. Ph�roras lui rapporta qu�on pouvait clairement conna�tre leur passion mutuelle � leurs signes et � leurs oeillades. [224] L�Arabe, se sentant soup�onn�, s�en alla, mais apr�s une absence de deux ou trois mois, il revint pour ce motif, en parlait H�rode et lui demanda Salom� en mariage ; car cette alliance lui serait fort utile en resserrant ses relations avec le royaume des Arabes, qui d�s lors ajoutait de la puissance � Syllaios et devait lui appartenir un jour. [225] H�rode rapporta ces paroles � sa s�ur et lui demanda si elle �tait dispos�e � ce mariage ; elle y consentit aussit�t. Mais Syllaios, � qui l�on demandait d�embrasser les coutumes juives avant ce mariage lequel, sans cela, �tait impossible, refusa en disant qu�il serait: lapid� par les Arabes s�il le faisait ; cela dit, il s�en alla. [226] D�s lors Ph�roras attaqua Salom� en la taxant de d�vergondage, et les femmes d�H�rode rench�rissaient en affirmant qu�elle avait �t� la ma�tresse de l�Arabe. [227] Comme le roi avait promis � son fr�re la jeune fille que Ph�roras n�avait pas �pous�e parce qu�il �tait, comme je l�ai dit, domin� par sa concubine, Salom� la demanda pour le fils qu�elle avait eu de Costobar. [228] H�rode fut d�abord enclin � consentir � ce mariage, mais il changea de sentiment sous l�influence de Ph�roras, qui fit valoir que le jeune homme ne pourrait l�aimer en raison du supplice de son p�re et qu�il serait plus juste de la donner � son propre fils, h�ritier de sa t�trarchie. Ainsi il obtint son pardon et le fils de Costobar fut �vinc�[60]. A la suite de ce changement d��pousailles la fille d�H�rode �pousa donc le jeune fils de Ph�roras et le roi lui donna cent talents de dot.
� VIII �1-4. Machinations d�Antipater contre ses fr�res. � 5-6. Alexandre est r�concili� avec son p�re par Arch�la�s de Cappadoce.[229] 1[61]. Cependant H�rode n�avait pas de r�pit dans ses affaires domestiques de plus en plus troubl�es. D�ailleurs il survint un nouvel incident d�origine peu honorable et qui plus tard causa du mal. [230] Le roi poss�dait des eunuques, qu�il ch�rissait outre mesure � cause de leur beaut�. L�un s��tait vu confier par le roi les fonctions d��chanson, l�autre le soin de servir son repas, l�autre de le coucher et de s�occuper de ses affaires les plus importantes. [231] Quelqu�un les d�non�a au roi comme ayant �t� corrompus par Alexandre son fils pour une grosse somme. Quant le roi les fit interroger, ils reconnurent leurs relations et, leur commerce avec le prince, mais d�clar�rent n�avoir rien machin� contre son p�re. [232] Cependant, quant ils furent mis � la torture et tr�s maltrait�s par des esclaves qui rench�rissaient de cruaut� pour plaire � Antipater, ils dirent qu�Alexandre avait de mauvais sentiments et une haine cong�nitale contre son p�re, [233] qu�il les avait avis�s qu�H�rode �tait � bout de forces, qu�il avait excessivement vieilli et qu�il dissimulait sa d�cr�pitude en se teignant les cheveux et en cachant tout ce qui accusait son �ge ; mais que, s�ils s�attachaient, � lui, une fois qu�il aurait la couronne, qui m�me, malgr�, son p�re, ne pouvait �choir � aucun autre, ils obtiendraient vite le premier rang ; [234] en effet, non seulement sa naissance, mais encore ses intelligences le mettaient en mesure de s�en emparer, car beaucoup de capitaines et d�amis du roi le secondaient, hommes r�solus, pr�ts � subir ou � faire n�importe quoi. [235] 2(1). A ces r�v�lations H�rode bondit sous l�outrage, et la crainte, � la fois irrit� des paroles insultantes et alarm� de celles qui �veillaient ses soup�ons. Les unes et les autres l�excitaient, de plus en plus, si bien que, dans son exasp�ration, il craignait que r�ellement une tentative ne f�t dirig�e contre lui et, qu�il f�t alors trop faible pour y parer. [236] Aussi, au lieu d�instituer une enqu�te publique, il envoyait espionner ceux qu�il soup�onnait. Sa m�fiance et sa haine s�exer�aient � l��gard de tous. Croyant la suspicion universelle n�cessaire � sa s�ret�, il se m�fiait de ceux m�me qui ne la m�ritaient pas. [237] Et il n�y avait � cela aucun terme ; tous ceux qui le fr�quentaient beaucoup lui paraissaient d�autant plus redoutables qu�ils �taient plus puissants ; quant � ceux qu�il ne connaissait gu�re, il suffisait de les nommer et aussit�t sa s�curit� semblait exiger leur perte. [238] En fin de compte, les gens de son entourage, n�ayant plus aucun espoir solide de salut, se tourn�rent les uns contre les autres, chacun pensant que, s�il se h�tait d�accuser � son tour, il assurait sa propre s�curit� ; quand ils se faisaient ha�r on obtenant ; gain de cause, ils r�coltaient le fruit de leur malice[62]. [239] Certains assouvissaient de cette fa�on ries haines domestiques ; une fois pris, ils subissaient le m�me sort, ne voyant dans les occasions qui s�offraient que machines et pi�ces contre leurs ennemis, victimes de l�emb�che qu�ils avaient dress�e contre autrui. [240] Car bient�t le remords saisissait le roi pour avoir mis � mort des gens dont la culpabilit� n��tait, pas d�montr�e ; mais le chagrin, loin de l�emp�cher de recommencer, l�incitait seulement � punir de m�me les d�nonciateurs. [241] 3. Tel �tait donc le d�sordre de la cour. H�rode en arriva � inviter beaucoup de ses amis � ne plus para�tre d�sormais devant lui ni m�me entrer au palais ; il donna cet avis � ceux dont la franchise lui faisait plus ou moins honte. [242] Il �carta ainsi Andromachus et Gemellus, ses amis de longue date, qui lui avaient �t� tr�s utiles dans les affaires publiques du royaume comme ambassadeurs ou conseillers, qui avaient en outre contribu� � l��ducation de ses enfants, et cela bien qu�ils eussent aupr�s de lui la plus grande libert� de parler. [243] Mais D�m�trius, fils d�Andromachus, �tait li� avec Alexandre, et, quant � Gemellus, H�rode le savait bien dispos� pour le prince, car il avait assist� � son enfance et � son �ducation et l�avait fr�quent� pendant son s�jour � Rome. Il les �carta de sa personne et les aurait volontiers trait�s encore plus mal, mais il ne se sentait pas les mains libres � l��gard de ces hommes illustres et se contenta de leur enlever leur charge, avec le pouvoir de s�opposer � ses fautes[63]. [244] 4. Le responsable de tous ces malheurs �tait Antipater, qui avait remarqu� le caract�re morbide de la disposition[64] de son p�re et qui, associ� depuis longtemps � ses conseils, le pressait et croyait pouvoir mieux r�aliser ses projets si tous les gens capables de s�y opposer �taient supprim�s. [245] Alors, apr�s avoir emp�ch� Andromachus et ses amis de lui parler librement, le roi commen�a � mettre � la question tous ceux qu�il croyait fid�les � Alexandre pour leur arracher ce qu�ils savaient de ses trames contre lui ; mais ils mouraient tous sans avoir rien � r�v�ler. [246] Or, le roi sentait son prestige en jeu s�il ne parvenait � d�couvrir ce qu�il imaginait � tort ; mais Antipater d�ployait toute son adresse � calomnier les gens r�ellement innocents, en attribuant leur attitude � leur endurance et � leur fid�lit� envers le prince, et � exciter le roi pour qu�il cherch�t aupr�s d�autres t�moins le secret de la conspiration. [247] L�un des nombreux individus mis � la torture dit qu�il savait que le jeune homme r�p�tait souvent, lorsqu�on le louait de sa haute taille, de son adresse � tirer de l�arc et des autres qualit�s par lesquelles il d�passait tous les autres, que la nature lui avait fait l� des dons plus funestes qu�utiles, [248] car son p�re ne faisait que s�en irriter et le jalousait si bien que lui-m�me, lorsqu�ils se promenaient ensemble, se rapetissait et se tassait de mani�re � ne pas sembler plus grand que son p�re, et, lorsqu�il tirait de l�arc dans une chasse o� son p�re �tait pr�sent, faisait expr�s de manquer le gibier, tant il savait son p�re d�un orgueil jaloux contre quiconque se distinguait[65]. [249] Lorsque la torture fut termin�e[66] et qu�on eut accord� du r�pit � son corps, l�homme ajouta qu�Alexandre, avec la complicit� de son fr�re Aristobule, avait d�cid� de tuer tra�treusement leur p�re pendant une chasse et, une fois le crime commis, de s�enfuir � Rome pour r�clamer la royaut�. [250] On trouva m�me une lettre du jeune homme � son fr�re, o� il reprochait � leur p�re d�avoir donn� contre toute justice � Antipater un pays qui lui rapportait deux cents talents. [251] Imm�diatement H�rode crut avoir entra une preuve s�re, de nature � confirmer ses soup�ons contre ses fils ; il fit arr�ter Alexandre et le mettre aux fers. Mais il ne cessait pourtant d��tre tourment� : il ne croyait pas trop ce qu�il entendait et, en raisonnant, trouvait aucun motif d��tre l�objet d�un complot de leur part ; il voyait l� des r�criminations et des rivalit�s juv�niles ; quant � ce d�part pour Rome, apr�s l�avoir tu� au vu de tous, c��tait chose invraisemblable. [252] Il lui fallait un t�moignage plus grave de la faute de ses fils et il mettait son point d�honneur � ne pas para�tre avoir d�cid� cet emprisonnement � la l�g�re. Il soumit donc � la torture ceux des amis d�Alexandre qui avaient des charges publiques et en fit mourir bon nombre sans en obtenir rien de ce qu�il attendait. [253] Comme il mettait � cette recherche beaucoup d�ardeur et que le palais �tait plein de crainte et de trouble, un jeune homme, sous l�angoisse de la torture, d�clara qu�Alexandre avait �crit � ses amis de Rome en les priant de le faire mander au plus t�t par l�empereur, car il pouvait r�v�ler un projet form� contre celui-ci : son p�re avait sollicit� l�amiti� de Mithridate, roi des Parthes, contre les Romains ; il ajouta qu�Alexandre avait du poison pr�t � Ascalon. [254] 5[67]. H�rode crut � cette accusation et, dans ses malheurs, trouva quelque encouragement � sa pr�cipitation dans les flatteries des m�chants. Il s�empressa de faire rechercher le poison, mais on ne le trouva pas. [255] Alexandre, voulant par point, d�honneur augmenter encore l�exc�s de ses maux, ne prit pas le parti de nier et accrut encore l�emportement de son p�re par une plus grande faute, peut-�tre dans la pens�e de faire honte au roi de sa facilit� � accueillir les calomnies et surtout pour que, si on le croyait, il en r�sult�t du mal pour H�rode, [256] ainsi que pour tout le royaume. Il �crivit sur quatre rouleaux des lettres qu�il envoya et o� il disait qu�il �tait inutile de torturer les gens et d�aller plus loin : il y avait bien un complot, auquel participaient Ph�roras et les plus fid�les de ses amis, Salom� �tait venue de nuit cohabiter avec: lui contre son gr� ; [257] tous n�avaient qu�un but : se d�barrasser au plus vite du roi pour se d�livrer d�une crainte perp�tuelle. Dans ces lettres �taient: �galement mis en cause Ptol�m�e et Sapinnius, les plus fid�les amis du roi. [258] Aussit�t, comme si une esp�ce de rage les e�t saisis, les gens jadis les plus li�s d�amiti� se d�chiraient r�ciproquement, puisqu�ils n�avaient pas en v�rit� le moyen de se d�fendre ou de r�futer les accusations, mais que la mort sans jugement les mena�ait tous : les uns pleurant leurs fers, les autres leur tr�pas, d�autres enfin l�attente de ces maux, la solitude et la tristesse d�pouillaient le palais de la f�licit� qui l�ornait autrefois. [259] Toute la vie d�H�rode �tait empoisonn�e, tant il �tait dans l�angoisse et dans l�impossibilit� de se fier � personne, grand ch�timent de sa propension aux soup�ons. Souvent m�me il s�imaginait voir son ails se dresser contre lui et l�attaquer l��p�e � la main. [260] Son �me, absorb�e nuit et jour par cette pens�e, tombait dans la folie et l��garement. [261] 6[68]. Telle �tait la situation lorsque Arch�la�s, roi dei Cappadoce, ayant appris l��tat d�H�rode, inquiet pour sa fille et son jeune gendre, et sympathisant avec son ami qu�il voyait dans un tel d�sarroi, vint lui-m�me en Jud�e, tant la situation lui paraissait grave. [262] Trouvant H�rode en tel �tat, il jugea peu opportun de lui faire des reproches ou de le taxer de pr�cipitation, car, si on le rabrouait, son honneur serait bless�, et plus on ferait d�efforts, plus s�allumerait sa col�re. [263] Arch�la�s recourut donc � une autre m�thode pour rem�dier � ces malheurs : ce fut de s�en prendre au jeune homme, de d�clarer que ; le roi s��tait montes: mod�r� et n�avait pas agi avec irr�flexion. Il dit qu�il romprait le mariage d�Alexandre et n��pargnerait m�me pas sa fille si, instruite de quelque trame, elle ne l�avait pas d�nonc�e. [264] Arch�la�s se montrant ainsi tout diff�rent de ce qu�H�rode s�attendait � le voir et exag�rant sa col�re dans l�int�r�t de ce dernier, le roi se rel�cha un peu de sa duret�, et, passant pour avoir agi avec justice, revint peu � peu sans s�en douter � des sentiments paternels. [265] Ainsi il �tait doublement � plaindre : lorsque des gens cherchaient � d�truire les calomnies lanc�es contre le jeune prince, il entrait en fureur ; lorsque Arch�la�s soutenait ses griefs, il penchait vers les larmes et un chagrin touchant ; m�me il priait Arch�la�s de ne pas rompre le mariage et de ne pas trop en vouloir ail jeune coupable. [266] Arch�la�s, le trouvant un peu apais�, tourna ses accusations contre les amis de son gendre, pr�tendant que sa jeunesse �trang�re � la malice avait �t� corrompue par eux, et il rendit encore plus suspect le fr�re d�H�rode. [267] Car comme le roi �tait �galement irrit� contre Ph�roras, celui-ci, n�ayant personne pour le r�concilier avec lui et voyant Arch�la�s en grand cr�dit, alla le trouver en habits de deuil et, avec tous les signes d�une ruine prochaine. [268] Arch�la�s ne d�daigna pas sa supplique, mais se d�clara incapable de changer si vite les dispositions du roi : il valait mieux que Ph�roras se pr�sent�t � lui et implor�t sa piti� en se reconnaissant coupable de tout ; ainsi l�exc�s de sa col�re pourrait se calmer ; d�ailleurs Arch�la�s serait pr�sent et pr�terait son appui. [269] En le persuadant d�agir ainsi, un double r�sultat fut obtenu : les calomnies contre le jeune prince furent dissip�es contre toute attente et, d�autre part, Arch�la�s r�concilia Ph�roras avec son fr�re ; cela fait, il repartit pour la Cappadoce, devenu plus cher � H�rode en cette crise que quiconque, si bien que celui-ci l�honora de pr�sents tr�s somptueux et lui donna en toute mani�re les marques les plus g�n�reuses d�une grande amiti�. [270] H�rode s�engagea m�me � aller � Rome[69] puisqu�on avait �crit � l�empereur au sujet de ces affaires, et ils prirent route ensemble jusqu�� Antioche ; l� H�rode r�concilia avec Arch�la�s le gouverneur de Syrie Titius qui �tait irrit� contre lui, puis retourna en Jud�e[70].
� IX �1. Exc�s des habitants de la Trachonitide. � 2. H�rode, ne pouvant obtenir satisfaction des Arabes, envahit l�Arabie. � 3-4. L�Arabe Syllaios accuse H�rode aupr�s de l�empereur qui s�irrite contre ce dernier[71].[271] 1. Apr�s qu�H�rode eut fait le voyage � borne et en fut revenu, une guerre �clata contre les Arabes pour la cause `suivante. Les habitants de la Trachonitide[72], une fois que l�empereur eut enleva ce pays � Z�nodore pour l�attribuer � H�rode, n�avaient plus la libert� de se livrer au brigandage et �taient forc�s de vivre paisiblement et de pratiquer l�agriculture. [272] Ce genre de vie ne leur plaisait gu�re et la terre rapportait peu de profit � ceux qui la travaillaient. Pourtant, au d�but, devant la d�fense du roi, ils s�abstinrent de violences contre leurs voisins, ce qui valut � H�rode une grande renomm�e de vigilance. [273] Mais � l��poque o� il s�embarqua pour Rome afin d�accuser son fils Alexandre, voir l�empereur et lui recommander son fils Antipater[73], les gens de Trachonitide r�pandirent le bruit de sa mort, se r�volt�rent contre son gouvernement et se remirent � maltraiter leurs voisins selon leur habitude. [274] Les g�n�raux du roi, en son absence, r�ussirent cependant a les ma�triser : environ quarante chefs de brigands, terrifi�s par l�exemple du sort des captifs, s�enfuirent du pays ; [275] ils se r�fugi�rent en Arabie o� ils furent accueillis par Syllaios, apr�s l��chec de son mariage avec Salom�. Cr:!lui-ri leur donna tin emplacement fortifi� qu�ils colonis�rent et d�o� ils faisaient des incursions de pillage, non seulement en Jud�e, mais dans toute la Coel�-Syrie, car Syllaios leur assurait un repaire et .l�impunit� de leurs m�faits. [276] A son retour de Rome, H�rode apprit que ses possessions avaient subi beaucoup de dommages. Comme il ne pouvait se rendre ma�tre des brigands � cause de la s�curit� que leur avait donn�e la protection des Arabes, et comme, d�autre part, il s�irritait de leurs crimes, il cerna la Trachonitide et massacra leurs familles. [277] Ce traitement ne fit que les exasp�rer davantage, d�autant qu�ils avaient pour foi de se venger � tout prix des meurtriers de leurs parents ; aussi ne cessaient-ils de d�vaster et de piller impun�ment tout le territoire d�H�rode. Ce dernier s�entretint � ce sujet avec les officiers de l�empereur, Saturninus[74] et Volumnius[75], r�clamant l�extradition des brigands en vue de les ch�tier. [278] Les forces et le nombre ce ceux-ci ne cessant de cro�tre, ils boulevers�rent tant pour d�truire le royaume d�H�rode, pillant villes et villages et massacrant les gens qu�ils capturaient, si bien que leur brigandage prenait les allures d�une guerre ; [279] en effet ils �taient d�j� environ un millier. H�rode, pouss� � bout, demanda l�extradition des brigands et le remboursement d�un prix de soixante talents fait � Oboulas par l�interm�diaire de Syllaios et dont l��ch�ance �tait arriv�e. [280] Syllaios, qui avait mis Obodas � l�ombre et dirigeait tout par lui-m�me niait que les brigands fussent en Arabie et tra�nait en longueur pour la dette, le d�bat fut port� devant Saturninus et Volumnius qui commandaient en Syrie. [281] Finalement il fut d�cid� par eux qu�H�rode recevrait la somme dans les trente jours et que chacun des deux rois livrerait les nationaux de l�autre qu�il avait dans son royaume. Du c�t� d�H�rode on ne trouva absolument aucun Arabe qui f�t retenu soit pour crime soit pour une autre raison, tandis que les Arabes furent convaincus d�abriter chez eux les brigands. [282] 2. Comme l��ch�ance �tait pass�e, Syllaios, sans se conformer � aucune de ses obligations, partit pour Rome. Mais H�rode prit des s�ret�s pour l�argent et les brigands qui �taient chez lui. [283] Saturninus et Volumnius l�autorisant � poursuivre ses offenseurs, il s�avan�a avec son arm�e en Arabie, parcourant sept �tapes en trois jours. Une fois parvenu au fortin qu�occupaient les brigands, il les prit tous d�s le premier assaut et rasa la localit�, nomm�e Rha�pta ; il ne fit ailleurs aucun dommage. [284] Comme des Arabes conduits par Nakeb �taient venus � la rescousse, il y eut un combat o� tomb�rent, du c�t� d�H�rode, quelques hommes et de l�autre le chef des Arabes Nakeb avec vingt-cinq environ de ses gens, le reste fut mis en fuite. [285] Apr�s avoir ch�ti� les d�linquants et �tabli en Trachonitide trois mille Idum�ens, il dompta les brigands de cette r�gion et �crivit � ce sujet aux chefs romains qui se trouvaient en Ph�nicie, d�clarant qu�il n�avait rien fait de plus que le n�cessaire pour mettre � la raison les malfaiteurs arabes. Apr�s une enqu�te approfondie, ceux-ci reconnurent qu�il avait dit la v�rit�. [286] 3. Cependant des messagers se rendirent en toute h�te � Rome annoncer � Syllaios ces �v�nements, en exag�rant naturellement chaque d�tail. [287] Celui-ci, qui s��tait d�j� fait conna�tre de l�empereur, se trouvait alors � la cour ; d�s qu�il eut re�u ces nouvelles, changeant ses v�tements pour des habits de deuil, il se pr�senta � l�empereur et lui dit que la guerre avait d�vast� l�Arabie, que tout le royaume �tait boulevers�, H�rode l�ayant ravag� avec son arm�e. [288] En pleurant il ajoutait que deux mille cinq cents des premiers d�entre les Arabes avaient p�ri, qu�ils avaient �galement perdu leur g�n�ral Nakeb, son familier et son parent, que l�on avait pill� les tr�sors qui �tait � Rha�pta, au m�pris d�Obodas que sa faiblesse rendait incapable rie taire la guerre, puisque ni Syllaios ni l�arm�e arabe n��taient sur place. [289] Syllaios parlait ainsi, ajoutant insidieusement qu�il ne serait pas parti de son pays s�il n�avait eu confiance en l�empereur pour veiller � ce que la paie r�gn�t entre voisins dans tout l�univers, et, que, s�il avait �t� sur les lieux, H�rode n�aurait pas tir� profit de la guerre. L�empereur, irrit� par ces paroles, ne posa aux amis d�H�rode pr�sents et aux particuliers venus de Syrie que cette seule question : H�rode avait-il men� son arm�e en exp�dition ? [290] Comme ils �taient forc�s de le reconna�tre, et que l�empereur ne voulait entendre ni le motif ni les circonstances du fait, sa col�re devint plus vive et, il �crivit � H�rode, entre autres duret�s, ceci, qui faisait l�objet principal de sa lettre : qu�il l�avait, trait� jadis en ami, mais que d�sormais il le traiterait en sujet. [291] Syllaios �crivit aussi � ce propos aux Arabes ; ceux-ci, encourag�s, ne livr�rent pas les brigands qui avaient �chapp� et ne vers�rent[76] pas l�argent ; ils us�rent en outre, sans en payer le fermage, des p�turages d�H�rode qu�ils occupaient comme fermiers, tant le roi des Juifs �tait abaiss� par la col�re de l�empereur. [292] Les habitants de la Trachonitide saisirent �galement cette occasion pour se r�volter contre la garnison idum�enne et pour exercer le brigandage d�accord avec les Arabes qui pillaient les terres des Idum�ens et les maltraitaient durement, non seulement par int�r�t, mais encore par rancune. [293] 4. H�rode endurait tout cela parce qu�il avait perdu le cr�dit dont il jouissait aupr�s de l�empereur et avait d�pouill� presque tout son orgueil. L�empereur n�avait pas m�me admis qu�il lui envoy�t une ambassade pour s�excuser et avait renvoy� ceux qui �taient venus sans leur laisser remplir leur mission. [294] Ces proc�d�s remplissaient H�rode de d�couragement et de crainte, et il �tait tr�s chagrin� de voir Syllaios inspirer confiance et �tre pr�sent � Rome avec de plus grandes perspectives devant lui. En effet, Obodas �tait mort et �n�e, qui prit ensuite le nom d�Ar�tas, avait h�rit� du pouvoir en Arabie. [295] Syllaios tentait de l��carter par des calomnies pour s�emparer lui-m�me du tr�ne, distribuait beaucoup d�argent aux courtisans et en promettait beaucoup � l�empereur. Celui-ci �tait irrit� contre Ar�tas qui r�gnait sans lui en avoir demand� la permission au pr�alable. [296] Mais Ar�tas aussi envoya une lettre � l�empereur et des pr�sents, avec une couronne d�or valant beaucoup de talents. La lettre accusait Syllaios d��tre un esclave malfaisant qui avait fait empoisonner Obodas et qui, du vivant m�me de ce prince, gouvernait d�j� lui-m�me en corrompant les femmes des Arabes et empruntait pour usurper le pouvoir. [297] Mais l�empereur ne pr�ta aucune attention � ces accusations et renvoya le tout sans accepter aucun des pr�sents. Les royaumes de Jud�e et d�Arabie se trouvaient donc progresser de jour en jour, le premier vers le d�sordre, le second vers une d�cadence que rien ne pouvait conjurer : [298] en effet, des deux rois, l�un, n�ayant pas encore un pouvoir certain, �tait incapable de ch�tier les s�ditieux ; l�autre, H�rode, �tait forc� de supporter toutes les injustices, puisque sa vengeance trop prompte avait irrit� l�empereur contre lui. [299] Enfin, ne voyant aucun terme � ses maux, il d�cida d�envoyer une nouvelle ambassade � Rome pour voir s�il pourrait obtenir un accueil plus cl�ment gr�ce � ses amis et en faisant parvenir ses plaintes � l�empereur lui-m�me.
� X �1. Machinations d�Eurycl�s contre les fils d�H�rode. � 2-7. Enqu�tes d�H�rode contre ses fils. � 8. Nicolas de Damas r�concilie H�rode avec l�empereur et perd Syllaios.[300] 1[77]. En cons�quence, Nicolas de Damas partit pour Rome. Cependant les affaires domestiques d�H�rode et ses rapports avec ses fils ne faisaient qu�empirer. Il �tait parfaitement clair, et depuis longtemps d�j�, que les plus grands et les plus terribles maux mena�aient la royaut� par le seul effet de la fortune, niais ils s�aggrav�rent encore alors pour la raison que voici. [301] Eurycl�s de Lac�d�mone[78], homme notable dans son pays, mais d�une �me perverse, tr�s enclin � la d�bauche et � la flatterie, tout en affectant de ne pratiquer ni l�une ni l�autre, vint � s�journer chez H�rode, lui fit des radeaux et en re�ut de plus grands en �change ; gr�ce aux facilit�s que lui donnaient ses entretiens, il fit en sorte de devenir un des amis les plus intimes du roi. [302] Or, il recevait l�hospitalit� d�Antipater, mais il rencontrait et fr�quentait Alexandre, car il affichait un grand z�le pour Arch�la�s de Cappadoce. [303] Aussi feignait-il d�honorer grandement Glaphyra et il s��vertuait � t�moigner � tous son z�le, tant en �piant les bavardages et les actes afin de r�pondre � l�amiti� par la calomnie. [304] Finalement, il eut la chance, d��tre avec eux en des termes tels qu�il paraissait � chacun un ami qui ne fr�quentait les autres que par int�r�t, pour lui. Cet homme s�duisit Alexandre qui �tait, jeune et se persuadait qu�il ne pouvait confier sans crainte qu�� lui ce qu�il avait souffert. [305] Alexandre lui r�v�la donc avec affliction comment son p�re s��tait d�tach� de lui ; il raconta ce qui concernait sa m�re et Antipater, qui les �cartait des honneurs et exer�ait, d�j� tout le pouvoir ; il d�clarait cette vie insupportable parce que son p�re �tait d�j� tout pr�s � les ha�r et ne pouvait se r�soudre � manger ou � converser avec eux. Tels �taient les propos qu�il tenait, comme de juste, au sujet de ses souffrances. [306] Or, Eurycl�s les rapportait � Antipater en lui disant : � Ce n�est pas dans mon int�r�t que j�agis, mais, charg� d�honneurs par toi, je c�de � la grandeur du p�ril et t�invite � te m�fier d�Alexandre ; car ce n�est pas avec calme qu�il dit tout cela et ses paroles m�mes respirent le meurtre �. [307] Antipater, persuade d�apr�s cela de son amiti�, lui donnait chaque fois des pr�sents consid�rables et finit par le d�cider � rapporter ces propos � H�rode. [308] Eurycl�s avait les moyens de faire croire � l�hostilit� d�Alexandre d�apr�s les paroles qu�il disait avoir entendues et, � force de circonvenir le roi et de l�irriter par ses discours, il provoqua en lui une haine irr�conciliable. L�occasion le fit, bien voir. [309] H�rode, en effet, donna aussit�t � Eurycl�s une r�compense de cinquante talents ; lui, ainsi gratifi�, repartit chez Arch�la�s, roi de Cappadoce, o� il loua Alexandre et pr�tendit l�avoir beaucoup servi en le r�conciliant avec son p�re. [310] Il s�en alla, �galement enrichi par Arch�la�s, avant que sa perversit� ne f�t d�voil�e. Mais cet Eurycl�s, n�ayant cess� m�me � Lac�d�mone de faire le mal, fut exil� de sa patrie pour de multiples forfaits. [311] 2. Quant au roi des Juifs, il ne se contentait plus comme avant de pr�ter l�oreille aux calomnies contre Alexandre et. Aristobule, mais �tait d�j� pris d�une haine si violente que, m�me si personne ne les attaquait, [312] il y for�ait les gens, s�informant de tout, posant des questions et donnant � qui voulait la libert� de m�dire d�eux. Il apprit...[79] qu�Euaratos de Cos avait conspir� avec Alexandre, et en ressentit le plus vif plaisir. [313] 3. Mais il arriva aux jeunes princes un malheur encore pire, parce que la calomnie ne cessait de forger des armes contre eux et qu�il y avait, pour ainsi dire une �mulation g�n�rale pour rapporter � leur sujet quelque m�chant propos qui semblait importer au salut du roi. [314] H�rode avait deux gardes du corps[80], Jucundus et Tyrarrnus, tr�s estim�s du roi pour leur force et leur taille. Le roi, m�content d�eux, les disgracia, depuis ils montaient � cheval avec Alexandre et sa suite, et leur r�putation dans les exercices gymniques leur valut de l�or et d�autres pr�sents. [315] Le roi s�empressa de les soup�onner et les fit mettre � la torture. Apr�s avoir longtemps r�sist�, ils finirent par dire qu�Alexandre leur avait conseill� de tuer H�rode lorsqu�ils le rencontreraient dans une chasse aux fauves ; il serait facile de dire qu�il �tait tomb� de cheval et s��tait enferr� sur sa propre lance, accident qui lui �tait d�j� arriv� auparavant. [316] Ils r�v�l�rent aussi que de l�or avait �t� enfoui dans l��curie et ils convainquirent, le grand veneur de leur avoir donn� des lances du roi et d�avoir fourni des armes aux serviteurs d�Alexandre sur l�ordre de celui-ci[81]. [317] 4. Apr�s eux fut arr�t� le gouverneur d�Alexandreion, que l�on mit � la torture. Il �tait accus� d�avoir promis de recevoir dans sa place les jeunes princes et de leur livrer les tr�sors royaux, gard�s dans cette forteresse. [318] Personnellement il n�avoua rien mais son fils survenant, d�clara la chose v�ritable et remit une lettre �crite apparemment de la main d�Alexandre : � Apr�s avoir accompli, �crivait-il, avec l�aide de Dieu, tout ce que nous avons projet�, nous viendrons vers vous ; faites alors en sotte, comme vous nous l�avez promis, de nous recevoir dans la forteresse. � [319] A la lecture de cet �crit, H�rode ne douta plus du complot de ses fils contre lui. Mais Alexandre assura que le scribe Diophante avait contrefait son �criture et que le billet �tait une forgerie d�Antipater. De fait, Diophante semblait tr�s habile en ce genre de faux et, plus tard, convaincu d�autres crimes, il fut mis � mort. [320] 5. Le roi amena les d�nonciateurs qu�il avait fait torturer en pr�sence du peuple � J�richo pour qu�ils accusassent ses fils, mais la foule les tua � coups de pierres. [321] Comme elle se disposait � tuer de m�me Alexandre et ceux qui l�entouraient, le roi l�emp�cha en faisant calmer le peuple par Ptol�m�e et Ph�roras. Les jeunes gens furent plac�s sous bonne garde, personne ne Ies approchait plus ; on �piait toits leurs actes et toutes leurs paroles ; ils �taient, dans la situation humiliante et dans l�angoisse dag v�ritables condamn�s. [322] L�un d�eux, Aristobule, chercha, dans son d�sespoir, � persuader sa tante et belle-m�re de compatir � ses malheurs et de ha�r celui qui s��tait laiss� aller � pareille cruaut�. � N�es-tu pas, dit-il, toi-m�me en danger de mort, foi qui as �t� accus�e d�avoir d�nonc� � Syllaios tout ce qui se passait, dans l�espoir de l��pouser ? � [323] Salom� s�empressa de rapporter imm�diatement ces propos a son fr�re. Ce dernier, ne pouvant se ma�triser davantage, ordonna de les encha�ner, de les s�parer l�un de l�autre et de leur faire confesser par �crit tous les crimes qu�ils avaient machin�s contre leur p�re pour en faire rapport, � l�empereur. [324] Les princes, quand on leur donna cet ordre, �crivirent qu�ils n�avaient ni imagin� ni tram� aucun complot contre leur p�re et que, s�ils avaient song�, � la fuite, c��tait par n�cessit� et parce qu�ils vivaient dans la suspicion et les pers�cutions. [325] 6. Vers ce temps l� arriva de Cappadoce un envoy� d�Arch�la�s, un certain M�las, qui �tait un prince de sa famille. H�rode, dans l�intention de lui d�montrer l�hostilit� d�Arch�la�s � son �gard, fit venir Alexandre, qui �tait dans les fers et l�interrogea � nouveau sur sa fuite, lui demandant o� et comment ils comptaient trouver un refuge. [326] Alexandre r�pondit que c��tait chez Arch�la�s, qui avait promis de les envoyer de l� � Rome, mais il d�clara n�avoir rien projet� de coupable ou de f�cheux contre son p�re et que de tout ce que la m�chancet� de ses ennemis avait forg�, il n�y avait rien de vrai ; [327] qu�il voudrait que Tyrannus et ses amis fussent encore vivants pour que l�enqu�te f�t plus d�cisive, et que, s�ils �taient morts si vite, c��tait parce qu�Antipater avait m�l� � la fouie ses propres amis. [328] 7. Quand Alexandre eut ainsi parl�, H�rode ordonna de le mener avec M�las aupr�s de Glaphyra, fille d�Arch�la�s, et de s�enqu�rir d�elle si elle savait quelque chose du complot tram� contre lui. [329] D�s leur arriv�e, Glaphyra, voyant Alexandre charg� de cha�nes, se frappa la t�te et, l��me boulevers�e poussa de grands et lamentables g�missements. Le jeune homme pleurait �galement ; pour les assistants le spectacle �tait si p�nible que pendant longtemps ils ne purent ni dire ni faire ce pour quoi ils �taient venus. [330] Enfin Ptol�m�e, � qui avait �t� confi�e la mission d�amener Alexandre, lui ordonna de dire si sa femme avait �t� complice de quelqu�un de ses actes. � Comment pourrait-elle, dit-il, n�avoir pas �t� ma confidente, elle qui m��tait plus ch�re que la vie et qui avait des enfants en commun avec moi ? � [331] Elle s��cria � ces mots qu�elle n��tait complice de rien de mal, mais que, s�il importait au salut de son mari qu�elle f�t un mensonge m�me contre elle-m�me, elle convenait de tout. Et Alexandre : � Je n�ai moi-m�me imagin� et tu ne connais rien de criminel, comme m�en soup�onnent les gens qui devraient le moins le faire, mais seulement notre projet de nous retirer chez Arch�la�s et d�aller de l� � Rome �. [332] Comme elle en tombait, d�accord, H�rode, estimant qu�Arch�la�s �tait, ainsi convaincu d�hostilit� envers lui, confia � Olympos et � Volumnius[82] des lettres et leur ordonna de rel�cher dans leur voyage � El�oussa de Cilicie pour exposer ces faits � Arch�la�s ; [333] puis, apr�s lui avoir reproch� n�avoir aid� ses fils dans leur conspiration, de s�embarquer de l� pour Rome ; au cas o� ils trouveraient que Nicolas avait apais� l�empereur � soit �gard, ils devaient lui remettre les lettres et les pi�ces � conviction r�unies contre les jeunes gens[83] qu�il lui exp�diait. [334] Arch�la�s chercha � se justifier : il reconnut avoir promis un asile aux jeunes gens, mais c��tait qu�il valait mieux pour leur p�re comme pour eux que rien de trop grave ne f�t d�cid� dans la col�re que lui causait la r�bellion dont il les soup�onnait ; il ajoutait qu�il ne les aurait pas envoy�s � l�empereur et n�avait fait aux jeunes princes aucune promesse t�moignant de l�hostilit� contre H�rode. [335] 5. Lorsque les deux envoy�s furent arriv�s � Rome, ils eurent l�occasion de remettre les lettres � l�empereur, qu�ils trouv�rent r�concili� avec H�rode. Voici en effet comment s��tait accomplie la mission de Nicolas. [336] Lorsqu�il arriva � Rome et se rendit � la cour, il d�cida non seulement de s�occuper de l�objet de son ambassade, mais encore, d�accuser Syllaios. Et avant m�me de se rencontrer, ils se firent d�j� ouvertement la guerre. [337] Les Arabes, se d�tachant[84] de l�autre, s�adress�rent � Nicolas et lui d�nonc�rent toutes ses injustices en lui donnant, des preuves �videntes du meurtre de bien des gens d�Obodas ; car ils avaient, m�me des lettres de Syllaios dont ils s��taient empar�s en le quittant et qui l�accablaient. [338] Nicolas, saisissant la chance qui s�offrait ainsi � lui, l�exploita pour parvenir � ses fins de r�concilier l�empereur avec H�rode. En effet, il savait bien que, s�il voulait d�fendre le roi pour ses actes, il n�obtiendrait pas la libert� de s�exprimer, mais que, s�il voulait accuser Syllaios, il trouverait l�occasion de parler en faveur d�H�rode. [339] Comme la lutte �tait ainsi engag�e et le jour de l�audience fix�, Nicolas, appuy� par les envoy�s d�Ar�tas, accusa Syllaios de bien des crimes et notamment d�avoir caus� la mort du roi et de beaucoup d�Arabes, [340] d�avoir emprunt� de l�argent dans de mauvaises intentions ; il le convainquait m�me d�avoir d�bauch� des femmes, non seulement en Arabie, mais encore � Rome et, ajoutait-il, chose plus grave encore, d�avoir trompa l�empereur en lui mentant au sujet des actes d�H�rode. [341] Lorsqu�il en arriva � ce point, l�empereur l�arr�ta en lui demandant de se borner � r�pondre, au sujet d�H�rode, si celui-ci avait ou non conduit une arm�e contre l�Arabie, tu� deux mille cinq cents indig�nes et ravag� le pays en emmenant des prisonniers ; [342] � quoi Nicolas r�pondit qu�il �tait en mesure de prouver que rien ou presque rien de tout cela ne s��tait pass� comme l�empereur l�avait entendu dire, ni de telle sorte qu�il p�t en �tre justement irrit�. [343] L��tonnement produit par cette d�claration fit que l�empereur lui pr�ta l�oreille. Nicolas parla alors de l�emprunt de cinq cents talents, du contrat stipulant qu�il �tait permis au roi, une fois l��ch�ance pass�e, de prendre des gages dans tout le royaume ; il dit que l�exp�dition n��tait pas une offensive, mais la juste revendication d�une cr�ance. [344] Bien plus, H�rode ne l�avait pas entreprise pr�cipitamment ni de la fa�on que le contrat autorisait, mais il �tait all� souvent consulter Saturninus et Volumnius, les l�gats de Syrie, et qu�enfin � B�ryte, en leur pr�sence, Syllaios lui avait jur� par la fortune de l�empereur que, dans un d�lai de trente jours, il verserait la somme et livrerait les fugitifs du territoire d�H�rode ; [345] comme Syllaios n�en avait rien fait, H�rode �tait retourn� aupr�s de ces magistrats, et c��tait seulement apr�s avoir re�u d�eux la permission de se nantir de gages qu�il s��tait d�cid� � grand peine � se mettre en campagne avec les siens. Voil� comment s��tait pass�e � la guerre �, comme ils l�appelaient tragiquement, ou l�exp�dition. [346] � Et d�ailleurs, comment y aurait-il pu y avoir une guerre, puisque les magistrats avaient donn� la permission d�agir, que le contrat l�autorisait, que ton nom, comme celui des autres dieux, � C�sar, �tait outrag� ? [347] Arrivons maintenant � la question des prisonniers : des brigands habitaient la Trachonitide, d�abord quarante, ensuite davantage ; fuyant le ch�timent que leur r�servait H�rode, ils avaient fait de l�Arabie leur repaire. Syllaios les accueillit et les nourrit pour faire du mal � tous les hommes, leur donna une contr�e � habiter, participa lui-m�me aux profits de leurs brigandages. [348] Or, il avait promis par serment de les rendre le jour m�me de l��ch�ance du pr�t, et � cette heure personne ne pourrait �tablir qu�aucun de ces brigands e�t �t� emmen� du pays des Arabes ; encore ne le furent-ils pas tous, mais ceux-l� seuls qui ne surent pas se cacher. [349] Donc l�affaire des prisonniers de guerre apparaissant comme une inf�me calomnie. Apprends maintenant, C�sar, la plus odieuse invention et le plus grand mensonge digne d�exciter ta col�re. [350] J�affirme que c�est apr�s que l�arm�e arabe nous eut attaqu�s, apr�s qu�un ou deux des gens d�H�rode furent tomb�s, qu�alors seulement H�rode se d�cida � se d�fendre et le g�n�ral des Arabes Nakeb vint � �tre tu� avec vingt-cinq hommes en tout ; ce sont ces morts que Syllaios a multipli�s par cent pour en faire deux mille cinq cents. � [351] 9. Ce plaidoyer frappa vivement l�empereur et, se tournant plein de col�re vers Syllaios, il lui demanda combien d�Arabes �taient tomb�s. L�autre h�site, d�clare qu�il a pu se tromper ; alors on fit les conventions de l�emprunt, et les lettres des l�gats, ainsi que les plaintes des villes concernant les brigandages. [352] Finalement l�empereur fut si bien retourn� qu�il condamna � mort Syllaios, se r�concilia avec H�rode, � qui il regrettait d�avoir �crit trop durement sous l�influence de la calomnie, et d�clara � Syllaios qu�il l�avait amen� par ses mensonges � m�conna�tre un ami fid�le. [353] En d�finitive Syllaios fut, renvoy� des fins du proc�s et condamn� � rembourser en attendant de subir le supplice[85]. D�autre part l�empereur �tait mal dispos� pour Ar�tas, parce qu�au lieu de recevoir le pouvoir de C�sar il s�en �tait empar� lui-m�me. Il avait donc d�cid� de donner aussi � H�rode l�Arabie, mais il en fut emp�ch� par les lettres que lui envoya celui-ci. [354] En effet, Olympos et Volumnius, apprenant les bonnes dispositions de l�empereur, avaient, d�cid� aussit�t, conform�ment aux ordres d�H�rode, de lui remettre la lettre et les pi�ces � conviction concernant les princes. [355] L�empereur, les ayant lues, ne jugea pas raisonnable de donner encore un autre pays � gouverner � ce vieillard qui avait de telles querelles avec ses fils ; il re�ut donc les envoy�s d�Ar�tas et, apr�s s��tre born� � reprocher � ce prince sa pr�cipitation � s�emparer de la royaut� sans attendre de la tenir de lui, il accepta ses pr�sents et le confirma dans son pouvoir.
� XI �1-3. Sur le conseil de l�empereur, H�rode r�unit � B�ryte un conseil pour juger ses fils. � 4-6. Tentative infructueuse de Tiron et des chefs de l�arm�e. � 7. Supplice des jeunes gens. � 8. R�flexions sur leurs fautes et sur celles d�H�rode[86].[356] 1. R�concili� avec H�rode, l�empereur lui �crivit qu�il s�affligeait au sujet de ses fils : s�ils avaient os� commettre une impi�t�, il convenait de les ch�tier comme parricides, et il lui en laissait la libert� ; mais s�ils n�avaient pens� qu�� s�enfuir, il l�allait simplement les admonester sans rien faire d�irr�m�diable. [357] Il lui recommandait de d�signer lui-m�me et de r�unir � cet effet un conseil � B�ryte, colonie romaine, en s�adjoignant les l�gats imp�riaux, le roi de Cappadoce Arch�la�s et tous autres qu�il jugeait �minents par leur amiti� et leur rang et de d�cider suivant leur avis ce qu�il conviendrait de faire. [358] Telles furent les instructions de l�empereur. H�rode, quand la lettre lui fut remise, se r�jouit fort de sa rentr�e en gr�ce et aussi de la libert� compl�te qu�on lui donnait de d�cider au sujet de ses fils. [359] Tandis que dans l�infortune il avait �t� dur, mais n�avait montr� ni t�m�rit� ni pr�cipitation pour perdre ses fils, alors, devant cette am�lioration de ses affaires et cette libert� conquise, il se f�licita d�avoir toute licence dans sa haine. [360] Il manda donc tous ceux qu�il lui parut bon de convoquer en conseil, � l�exception d�Arch�la�s, dont il ne voulut pas l�assistance, soit par inimiti�, soit parce qu�il craignait de trouver en lui un obstacle � ses volont�s. [361] 2. Une fois que les l�gats furent arriv�s � B�ryte avec tous les autres qu�il avait fait venir des villes, il fit conduire ses fils � qu�il ne jugeait pas bon d�amener devant le conseil � dans un bourg du territoire de Sidon nomm� Platan�[87], � proximit� de la ville, de mani�re � pouvoir les faire compara�tre si on les convoquait. [362] S�avan�ant alors tout seul au milieu des cent cinquante personnages qui si�geaient, il porta contre eux une accusation non pas douloureuse comme le comportait la n�cessit� o� il se trouvait, mais bien diff�rente de celle d�un p�re contre ses enfants. Car il prenait, un ton violent, [363] se troublait dans la d�monstration de la culpabilit� et donnait les plus grands signes de col�re et de f�rocit� ; il ne laissait pas aux juges le soin d�examiner les preuves, mais leur pr�sentait un r�quisitoire ind�cent, pour un p�re plaidant contre ses enfants ; il lisait leurs lettres o� n��tait contenu aucun projet de complot, aucune pens�e criminelle, mais o� s�exprimaient seulement, leur d�sir de fuite et quelques reproches injurieux pour le roi � cause de la malveillance qu�il leur t�moignait. Lorsqu�il en arriva l�, [364] il cria encore plus fort et grossit la chose � l�exc�s jusqu�� y voir un aveu de leur complot, jurant qu�il e�t pr�f�r� �tre priv� de la vie � entendre de pareilles choses. [365] Finalement, il dit que la nature et la g�n�rosit� de l�empereur lui avaient donn� la libert� de d�cider ; il ajouta que la loi de ses anc�tres ordonnait que si des parents, apr�s avoir accus� leurs enfants, leur imposaient les mains sur la t�te, les assistants �taient oblig�s de lapider les condamn�s jusqu�� ce que mort s�ensuivit(2). [366] Bien qu�il eut �t� dispos� � proc�der ainsi dans sa patrie et son royaume, il attendait pourtant leur verdict ; ils �taient cependant l�, non pas tant pour juger des actes �vidents de ses enfants que pour avoir l�occasion de partager soir indignation, car personne, si �tranger f�t-il, ne pouvait regarder avec indiff�rence un tel complot. [367] 3. Lorsque le roi eut ainsi parl�, sans m�me permettre, aux jeunes gens de pr�senter leur d�fense, les membres du conseil, s��tant mis d�accord que l�affaire ne comportait ni transaction ni r�conciliation, lui confirm�rent sa libert� de d�cision. [368] Saturninus, personnage consulaire et d�un rang �lev�, donna le premier un avis tr�s mod�r�[88] vu les circonstances : il d�clara qu�il condamnait les fils d�H�rode, mais ne croyait pas juste de les mettre � mort, car il avait lui-m�me des enfants et cette peine �tait trop grave, m�me si H�rode avait tout souffert de leur part. [369] Apr�s lui, les fils de Saturninus, qui le suivaient tous trois comme l�gats[89], opin�rent de m�me. Volumnius au contraire dit qu�il fallait punir de mort des hommes qui avaient outrag� leur p�re de fa�on si impie. Ensuite la majorit� des autres juges opina dans le m�me sens, de telle sorte qu�il parut manifeste que les jeunes gens �taient condamn�s � la peine capitale. [370] H�rode, s�en alla aussit�t en les emmenant � Tyr et comme Nicolas �tait revenu de Rome aupr�s de lui, il lui exposa ce qui s��tait pass� � B�ryte et l�interrogea sur ce que pensaient au sujet de ses fils ses amis de Rome. [371] Nicolas r�pondit : � Leurs desseins contre toi paraissent impies ; il faut cependant te contenter de les emprisonner et les garder dans les fers. [372] Si tu juges plus tard n�cessaire de les ch�tier plus s�v�rement, tu ne para�tras pas suivre ta col�re plut�t que la raison ; si au contraire tu veux les d�livrer, tu n�auras pas rendu ton malheur irr�m�diable. Voil� l�avis de la plupart de tes amis de Rome. � H�rode se tut, se plongea dans une profonde r�verie, puis l�invita � s�embarquer avec lui[90]. [373] 4. Lorsqu�il fut arriv� � C�sar�e, on ne parla aussit�t que des fils du roi et tout le royaume �tait en suspens, se demandant comment tournerait l�affaire. [374] En effet, tout le monde �tait saisi d�une grande crainte, que cette d�cision prolong�e ne les men�t � leur fin. On plaignait leurs malheurs, mais on n�osait pas sans danger prononcer ou m�me �courter une parole t�m�raire : la piti� se contenait et supportait cette infortune excessive avec affliction, mais pourtant en silence. [375] Un vieux soldat, nomm� Tiron, qui avait un fils li� avec Alexandre et du m�me �ge, exprima librement tout ce que les autres renfermaient au fond du coeur ; [376] il ne pouvait s�emp�cher de crier souvent dans les foules, proclamant ouvertement que la v�rit� �tait inconnue, la justice bannie de l�humanit�, que les mensonges et la perversit� triomphaient et qu�an nuage si obscur enveloppait la situation que m�me les plus grands des malheurs humains ne frappaient plus les yeux des �gar�s. [377] Cette attitude et ce langage semblaient le mettre en p�ril, mais la justesse de ses paroles �mouvait tout le monde et l�on trouvait qu�il se conduisait en homme dans la circonstance. [378] C�est pourquoi tous �coutaient volontiers Tiron dire ce qu�ils eussent voulu dire eux-m�mes et, tout en pourvoyant � leur propre s�curit� par le silence, ils n�en approuvaient pas moins sa libert� de langage, le malheur que l�on pr�voyait for�ant tout le monde � parler en sa faveur. [379] Tiron for�ant son chemin jusqu�aupr�s du roi, lui demanda tr�s hardiment un entretien seul � seul. Quand on le lui eut accord� : � Roi, dit-il, je ne puis supporter plus longtemps pareille peine ; je pr�f�re � ma propre s�curit� cette audacieuse libert� de langage, n�cessaire et avantageuse pour toi, pourvu que, tu saches en profiter. [380] Ta raison est-elle �gar�e et exil�e de ton �me ? O� est la fameuse sagesse gr�ce � laquelle tu as r�ussi tant d�entreprises importantes ? [381] N�as-tu plus ni amis ni proches ? Car je ne consid�re, m�me pr�sents, ni comme des parents ni comme des amis ceux qui laissent s�accomplir une telle abomination dans un royaume jadis heureux. [382] Mais toi-m�me ne vois-tu pas ce qui se passe ? Une �pouse de sang royal t�a donn� deux jeunes gens �minents par toutes les vertus, et tu vas les tuer et confier ta vieillesse � un seul fils qui a si mal justifi� l�espoir qu�on mettrait en lui et � des proches que tu as toi-m�me tant de fois condamn�s � mort. [383] Ne comprends-tu pas que tes peuples en silence voient pourtant ton erreur et d�testent cette horreur, que toute l�arm�e et ses chefs sont pleins de piti� pour les infortun�s et de haine contre les auteurs de ces maux ? � [384] Le roi �coutait avec quelque attention au d�but, mais il fut boulevers�, est-il besoin de le dire ? lorsque Tiron aborda franchement la trag�die et le mit en d�fiances � l��gard de ses familiers. [385] L�autre s�emportait peu � peu avec sa libert� excessive de soldat, car son inexp�rience le faisait tr�bucher ; aussi H�rode perdit-il tout sang-froid, [386] et se croyant insult� plut�t qu�averti dans son int�r�t, lorsqu�il eut appris les dispositions des soldats et l�irritation de leurs chefs, il ordonna que tous ceux dont les noms avaient �t� prononc�s et Tiron lui-m�me fussent encha�n�s et gard�s en prison. [387] 6. Peu apr�s, un certain Tryphon, barbier du roi, saisit l�occasion de se pr�senter et dit que souvent Tiron lui avait conseill� de trancher la gorge au roi avec son rasoir quand il lui donnerait ses soins, car il obtiendrait ainsi un des premiers rangs aupr�s d�Alexandre et recevrait une r�compense importante. [388] Sur ce propos, le roi ordonna de l�arr�ter et fit mettre � la torture Tiron, son fils et le barbier. [389] Comme Tiron tenait bon, le jeune homme, voyant son p�re d�j� fort maltrait� et sans aucun espoir de salut, devinant d�ailleurs d�apr�s les souffrances du patient ce qui l�attendait lui-m�me, dit qu�il r�v�lerait au roi la v�rit� si � ce prix on faisait gr�ce de la torture et des tourments � son pure et � lui. [390] Le roi lui en ayant donn� sa foi, il d�clara qu�on avait convenu que Tiron tuerait le roi de sa propre main, car il �tait facile pour lui de l�assaillir dans un t�te � t�te, et si, apr�s, il subissait un sort semblable, il s�en ferait gloire puisqu�il aurait ainsi servi Alexandre. [391] Par ce discours il d�livra son p�re de la torture, soit que la contrainte lui e�t arrach� la v�rit�, soit qu�il e�t imagin� cette �chappatoire � ses maux et � ceux de son p�re. [392] 7. Si H�rode avait eu auparavant quelque h�sitation � tuer ses enfants, il ne restait plus maintenant aucune place au doute dans son �me ; rejetant tout ce qui pouvait ramener ses sentiments � plus de raison, il ne pensa plus qu�� ex�cuter au plus vite sa d�cision. [393] Apr�s avoir amen� devant l�assembl�e du peuple trois cents officiers inculp�s, Tiron, ses fils et le barbier qui les avait convaincus, il les accusa tous. [394] Le peuple les massacra en leur jetant tout ce qui se pr�sentait sous sa main. Alexandre et Aristobule, conduits � S�baste, furent �trangl�s sur l�ordre de leur p�re[91]. Leurs corps furent port�s de nuit � l�Alexandreion o� �taient ensevelis leur grand-p�re maternel et la plupart de leurs a�eux[92]. [395] 8. Peut-�tre semblera-t-il naturel � quelques lecteurs qu�une haine inv�t�r�e se soit exasp�r�e � ce point et ait, fini par vaincre la nature. Mais on se demandera sans doute si l�on doit en rejeter la faute sur les jeunes gens qui auraient fourni � leur p�re un motif de col�re et dont l�hostilit� l�aurait avec le temps rendu implacable, ou bien sur le p�re lui-m�me, insensible et excessif dans son app�tit de pouvoir et de gloire, [396] au point de ne rien �pargner pour que ses volont�s fussent souveraines, ou enfin sur la fortune dont la puissance l�emporte sur tout raisonnement sage, [397] ce qui nous persuade que les actions humaines sont soumises d�avance par elle � la n�cessit� de se produire en tout cas et nous la fait appeler fatalit�, parce qu�il n�existe rien qui n�arrive par elle. [398] Cette derni�re hypoth�se doit, je pense, �tre �cart�e dans le cas d�H�rode[93], si nous nous accordons � nous-m�mes quelque spontan�it� et ne soustrayons pas � toute responsabilit� la corruption de notre humeur, question qui d�j� avant nous a �t� discut�e par notre loi. [399] Passons aux deux autres explications. Du c�t� des enfants on pourrait incriminer leur pr�somption juv�nile et leur arrogance princi�re, leur complaisance � �couter les insinuations contre leur p�re, leurs enqu�tes malveillantes sur les actes de sa vie, leur m�fiance acerbe et leur intemp�rance de langage, qui, toutes deux, en faisaient une proie facile pour ceux qui les �piaient, et les d�non�aient, afin de se mettre en faveur. [400] Quant au p�re, assur�ment, il ne semble m�riter aucune indulgence, en raison du crime impie qu�il a commis contre eux, lui qui, sans preuve d�cisive du complot, sans pouvoir les convaincre d�avoir pr�par� une entreprise contre lui, a os� tuer ceux qu�il avait engendr�s, deux princes bien faits, admir�s de tous les �trangers, combl�s de talents, �galement habiles � la chasse, aux exercices militaires, � parler � propos. Ils poss�daient toutes les qualit�s, surtout l�a�n�, Alexandre. [401] Il aurait suffi au roi, m�me s�il les avait condamn�, de les garder dans les fers ou de les exiler loin de son royaume ; en effet, entour� de la puissance des Romains, il jouissait de la plus grande s�curit�, n�avait � craindre ni violence, ni surprise. [402] Ce meurtre pr�cipit� et commis uniquement pour assouvir la passion qui le dominait, est le t�moignage d�une inqualifiable impi�t�, et c�est au moment o� il �tait arriv� � la vieillesse qu�il put faillir ainsi ! [403] M�me ses d�lais et ses atermoiements ne peuvent lui valoir quelque excuse ; qu�un homme qui a �t� �pouvant� et boulevers� se porte instantan�ment, � quelque exc�s, c�est chose grave, mais humaine : qu�au contraire, apr�s r�flexion et apr�s avoir pass� souvent de la fureur � l�h�sitation, il finisse par c�der et agir, c�est le fait d�une �me meurtri�re et impossible � d�tourner du mal. [404] C�est ce que confirma aussi la suite des �v�nements, car H�rode n��pargna pas m�me ceux des survivants qu�il se croyait les plus attach�s ; si la justice de leur sort les faisait moins plaindre, la cruaut� �tait toujours celle qui n�avait pas m�me �pargn� ses fils. Mais ceci para�tra plus clairement dans la suite du r�cit. [1] Ce chapitre n�est pas parall�le dans Guerre, qui ignore le premier voyage d�H�rode � Rome. Pour les � 8-11, cf. Guerre, I, 445-7, plus d�favorables aux fils d�H�rode (T. R.). [2] La l�gislation mosa�que fixait la peine au quintuple pour le vol de gros b�tail, et au quadruple pour le petit b�tail (Exode, 21, 37). Les peines avaient-elles �t� unifi�es avant H�rode, ou Jos�phe simplifie-t-il � l�exc�s son expos� ? [3] Voir Antiq., XV, 62-87 et 213-236 ; Guerre, I, 438 sqq. [4] Aucune trace des faits racont�s dans ce chapitre ne se trouve dans la Guerre. La source est s�rement l�Histoire de Nicolas de Damas. [5] En l�an 14 av. J.-C. [6] � 60 stades � l�est de J�rusalem. [7] Le royaume du Bosphore cimm�rien (sud-est de la Crim�e). [8] Au d�bouch� nord du Bosphore de Thrace. Elles marquaient pour les anciens les limites des eaux europ�ennes dans cette direction. [9] Par � Pont � il faut ici entendre le Bosphore cimm�rien o� Agrippa installa comme roi Pol�mon Ier, roi de la Cappadoce pontique. De Panticap�e il regagna Sinope pour prendre la route de la terre. [10] ἢ δεξιώσεως W δεξιώσεως M ἠπίξεως P ἐπείξεως Niese. Texte douteux. [11] Voir les textes cit�s Antiq., XV, 200-264. [12] Nicolas de Damas, le c�l�bre historien auquel Jos�phe a tant emprunt� (T. R.). [13] Nous lisons avec Herwerden ἕν τι (ἔτι. mss.). [14] σωζούσῃ (codd.) salutari (vers. lat.) συνήθη P συνηθεῖ Niese. [15] Texte alt�r� τί δὴ κωλύει καὶ τὰς ἡμετέρας (ὑμετέρας Hudson) χάριτας τῶν εἰς τοσοῦτον (τοῦτον Niese) εὐεργεσίων ἀριθμὸν εἶναι ; [16] Voir Antiq., XIV, 127-139, c�est la � guerre d�Alexandrie �. [17] De Palestine. [18] Lire τοῦτο γοῦν (Naber) ἀδικοῖεν au lieu de πάντα νῶν ἀδκ. [19] Les mots ἀπὸ Λέσβου, qui manquent dans P, paraissent interpol�s. [20] III, sections 1 et 2 � Guerre, I, 447. [21] ἐπειδὴ κἀκείνην καὶ σφᾶς αὐτοὺς κακῶς ἔλεγον, texte douteux [22] Section 3 � Guerre, I, 448-451. [23] Le r�cit de Guerre, � 451, va jusqu�� pr�ciser qu�il fut officiellement d�clar� h�ritier du tr�ne (T. R.). [24] La juive Doris (Guerre, I, 241). Il est singulier que le texte des Antiquit�s ne la nomme pas (T. R.). [25] Sections 1-4 = Guerre, I, 452-454. [26] δυσθμίας Cocceius, δυσφημίας codd. [27] D�apr�s Guerre, � 452, H�rode n�am�ne en Italie que l�un des deux princes, Alexandre (T. R.). [28] οὐδ' εἴ τι μὴ λελάτητο Niese (οὐδ' ὅτι λελάλητο Codd). [29] εὐκαβείᾳ Dindorf : εὐσεβείᾳ Codd. [30] On remarquera dans ce discours l�absence de toute attaque contre Antipater, alors que le r�sum� de Guerre (� 453) y fait allusion. [31] Section 5 = Guerre, I, 455-466, o� le discours d�H�rode est plus d�velopp�. [32] Chef-lieu de Trachonitide, au nord-ouest du Haouran. [33] Dans Guerre, � 456, Arch�la�s, par ses lettres � Rome, avait contribu� � l�accommodement. Il accompagna H�rode jusqu�� Z�phyron et lui fit des pr�sents s��levant � 30 talents. [34] Il semble �tre question ici d�un ordre de succession, tandis que Guerre � 458 indique un partage entre les trois princes. [35] Nous lisons avec Niese μεμετεώριστο (νενωτέριστο Codd). [36] = Guerre, I, 415 [37] 10 av. J.-C. [38] Livie. [39] Guerre, I, 417-418. [40] Entre C�sar�e et J�rusalem, pr�s d�Apollonia. [41] Guerre, I, 422-428, o� l��num�ration des villes gratifi�es est plus compl�te. [42] Antiq., XVIII, 32. [43] Consul en 8 av. J.-C., proconsul d�Asie en 2 ap. J.-C. Horace lui avait d�di� la 8e Ode du livre III. [44] Il s�agit du temple consacr� � Ancyre par les d�l�gu�s des Civitates Asiae, Romae et Augusto. [45] Consul en 38 av. J.-C., triompha de l�Espagne en 34, plus tard proconsul d�Asie. C�est en cette qualit� qu�il a re�u ce rescrit. [46] χρήματα de la plupart des mss. et non γράμματα (P) [47] La Cyr�na�que unie � la Cr�te d�pendait d�Agrippa, charg� sp�cialement des affaires d�Orient. Le pr�teur Flavius d�sign� comme � gouverneur de Libye � est �videmment le propr�teur Cretae et Cyrenaicae. [48] Cette lettre, qui se rattache �troitement au document du � 166 et n'est pr�c�d�e d'aucune introduction, doit avoir �t� chang�e de place (T. R.). [49] Fils de Marc-Antoine, consul en 10 av. J.-C., mort en 2 av. J.-C. Horace lui d�dia le deuxi�me Ode du livre IV. [50] Lacune de quelques mots. [51] Texte alt�r�, nous traduisons au jug� (T. R.). [52] ἔτι τάχιον, mots alt�r�s ou d�plac�s. [53] Voir Antiq., VII, 393 ; XIII, 249 ; Guerre, I, 61. [54] Trois mots incompr�hensibles, lacune probable. [55] Section 2-3 � Guerre, I, 467-484, tableau plus d�taill�. [56] VII, 3 � 5 = Guerre, I, 483-484. [57] Salampsio, fille de la premi�re Mariamne. [58] κἀν τῷ προσώπῳ δυστθχεῖν ᾤετο, texte douteux. [59] VII, 6 = Guerre, I, 487 (tr�s succinct). [60] μετέπεσεν AM μὴ πείσας I.W. Niese μετέπεισεν ed. princ. [61] VIII, 1 = Guerre, I, 488-491. [62] Le texte est corrompu. [63] κωλύειν, ἁμαρτάνουντας, dans la plupart des mss., ἁμαρτάνοντα P. [64] παρρησίας corrompu. [65] κατὰ τῶν εὐδοκιμούντων Cocceius : τούτων εὐδοκιμούντων Codd. [66] βασανιζομένῳ τῷ λόγῳ Codd. βασανιζομένου τοῦ λόγου Coccieus, texte corrompu. [67] VIII, 5 = Guerre, I, 498. [68] VIII, 6 = Guerre, I, 499-512, r�cit plus d�taill� et plus vivant. [69] D�apr�s Guerre, � 510, c�est Alexandre qu�on d�cida d�envoler � Rome pour parler au C�sar. Le voyage d�H�rode a �t� mis en doute par Kovach. [70] M. Titeius, ancien questeur d�Antoine, consul suffectus en 31, pass� au parti d�Auguste avant Actium, gouverneur de Syrie. [71] Antiq., XVI, 103 (20 av. J.-C.). L�histoire de la guerre d�H�rode contre les Arabes et du proc�s qui s�ensuivit devant Auguste �tait racont� en d�tail dans l�ouvrage de Nicolas de Damas (F. H. G., III, 351). [72] Jos�phe, comme Strabon, �crit Τράχων ; mais il n�y avait pas de ville de ce nom. C�est le canton situ� � mi-distance de Damas et de Bostra. [73] Ceci semble faire allusion au deuxi�me voyage � Rome, 12 av. J.-C. (� 87 et suiv.) ; mais alors pourquoi le r�cit de la guerre arabe ne vient-il qu�ici ? [74] L. Volusius Saturninus, consul suffectus en 12 av. J.-C., gouverneur d'Afrique, puis de Syrie, mort en 20 ap. J.-C. [75] Si c'est un procurateur, il est inconnu par ailleurs et diff�rent du Volumnius du � 332, en qui Rohden-Dessau (Prosop. Imp. Rom.) voient un chef des troupes d'H�rode. Mais l'identit� de ces deux personnages est plus probable ; il s'agit sans doute d'un tribun militaire (στρατοπεδάρχης, Guerre, I, 535), particuli�rement li� avec H�rode. On comprend fort bien qu'ayant port� � Rome les plaintes d'H�rode contre ses fils, il prenne l'initiative, au conseil de B�ryte, de proposer leur mort (cf. � 369). [76] διευλύτοθν, mot inconnu. διέλυον ? διελύτρουν ? (forme inconnue). [77] Sections 1-2 = Guerre, I, 513-526, 530-1. Sections 3-4 = Guerre, 527-9. [78] C. Julius Eurycl�s, cr�e citoyen romain par Auguste et tr�s influent � Sparte. [79] Lacune probable de quelques mots. [80] Hipparques, d�apr�s Guerre, 527. [81] Rien dans Guerre sur ces aveux. [82] Tribun (στρατοπεδάρχης) d'apr�s Guerre, 535 ; cf. plus haut � 277. [83] κατεσκευασμένους WE ; κατεσκευασμένως Niese. [84] ὑπονοήσαντε (ὑπονοστήσαντες, ὑποτοπήσαντες) ἐξ αὐτοῦ texte corrompu. Peut-�tre ἀποστάντες (T. R.). [85] En fait Syllaios ne fut pas ex�cut� alors : nous le retrouverons � Rome en conflit avec Antipater, XVII, 54 suiv. Il finit par �tre condamn� et d�capit� pour une trahison commise lors de l�exp�dition de Gallus en Arabie (Strabon, XIV, 4, 24, p. 782 ; Nicolas de Damas fr. 5 = F. H. G., III, 351). [86] Guerre, I, 538-551. [87] Παλαεστῷ codd. = Πλατάνῃ W, AM (in marg.) Guerre, I, 589. [88] αἰδημονεστάτην codd., ἀηδεστάτῃ P. [89] Sur les l�gats l�gionnaires, cf. la note sur Guerre, I, 541. [90] R�cit conforme dans l'autobiographie de Nicolas fr. 5, � 7 (F. H. G., III, 352). [91] Hiver 7-6 av. J.-C. [92] De nuit, d�apr�s Nicolas de Damas, fr. 5, 8, M�ller. [93] τοῦτον μὲν οὖν τὸν λόγον ὡς νομίζω (Terry : μείζω codd.) πρὸς ἐκεῖνον ἀρκέσει κινεῖν (κρίνειν Τerry), texte tr�s douteux.
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